Assemblée nationale : La ministre de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification répond à l’interpellation des députés sur la recrudescence des feux de brousse
Les travaux en séance plénière de la 2ème session ordinaire au titre de l’année 2021 de l’Assemblée nationale se poursuivent à l’hémicycle. Au cours de la plénière du samedi 26 novembre dernier, les parlementaires ont interpellé la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification, Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa sur la recrudescence des feux de brousse dans les régions du Niger. Elle est allée répondre aux questions posées par les députés, Maman Rabiou Maïna et Ibrahim Halifa Abdourahmane. La séance plénière a été présidée par le président de l’Assemblée nationale, SE Seini Oumarou en présence du commissaire du gouvernement, M. Mahamadou Zada, ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institution.
Les préoccupations des députés ayant l’interpellé la ministre se résument entre autres à la situation générale des feux de brousses, les causes, les stratégies pour lutter contre, leurs impacts sur l’environnement, le lien avec le changement climatique. Les députés ont voulu également savoir si les allocations budgétaires et les appuis des partenaires financiers sont suffisants pour sécuriser les espaces pastoraux et si les dispositions prises par le gouvernement pour faire face aux déficits fourragers cette année.
En réponse aux questions des parlementaires, la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification, Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa a rappelé chaque année, à l’approche de l’harmattan qui marque le début de froid et des vents forts, on assiste à une recrudescence des feux de brousse qui détruisent malheureusement, sur leur passage, plusieurs dizaines de milliers d’hectares d’aires, de pâturages, sans compter les dégâts sur les établissements humains et parfois hélas des pertes en vies humaines. Selon la ministre, ces feux constituent un véritable fléau notamment en zone pastorale et dans les aires protégées. Leurs causes sont rarement naturelles. Pour la plupart des cas, les origines sont d'ordre anthropique (brulis, chasse, cigarette, cuisson,) c'est-à-dire provoqués par l'homme de façon volontaire ou non.
La ministre Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa a brossé la situation générale des feux de brousse au Niger dont les statistiques font état de 178 cas qui ont consumé une superficie globale provisoire de 491 360,79 ha. «La situation par région s'établit ainsi qu'il suit : Agadez 19 cas avec 7 310,03 ha brûlés, Diffa 16 cas avec 5 164,84 ha brûlés, Dosso 8 avec 734 Ha, Tillabéry 12 cas avec 3 154 ha, Maradi 20 Cas avec 27 167,27 ha, Zinder 9 cas avec 112 901,85 ha et Tahoua 79 Cas avec 452 919 ha consumés», a-t-elle précisé.
En ce qui concerne les causes des feux, elle a indiqué qu’elles sont généralement d'origine humaine. Ainsi, sur l'ensemble des cas enregistrés en 2021, les investigations ont permis de relever que 48,31% sont dus aux feux de cuisine non ou mal éteints, 15,3% aux mégots de cigarettes, 5,1% au feu de récolte du miel et les activités liées à la chasse, à peu près 1% par les voleurs de petit bétail pour faire perdre leurs traces, 1% suite à l'usage des feux pour la protection contre les animaux sauvages et plus de 28% de causes non déterminées.
Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa devait ensuite souligner que les conséquences de ces feux de brousses sont d’ordre aussi bien d’écologique que socio-économique, à savoir une perte énorme de la biomasse, et du coup, une insécurité alimentaire pour le cheptel ; la perte de la diversité biologique ; des pertes en vies humaines et la destruction des habitations et autres infrastructures socio-économiques et un déplacement involontaire des éleveurs. La ministre a cité l’exemple du feu de brousse d’Abalak, qui est intervenu du 27 septembre 2021 au 7 octobre 2021 et aurait occasionné la perte de plus 64 000 tonnes de fourrage, soit de quoi nourrir 18 980 bovins adultes pendant six mois.
Sur instruction du Président de la République, Chef de l’Etat, SE. Mohamed Bazoum, L’Etat a mis en œuvre une stratégie nationale à travers le Ministère en charge de l’Environnement pour lutter contre les feux de brousse. La stratégie est composée de trois paquets d'activités à savoir la lutte préventive (information sensibilisation, réalisation de bandes pare feux), la lutte actives (formation de brigades communautaires de lutte contre les feux de brousse, extinction de feux déclarés) et une communication soutenue autour de la question à travers les médias et radios communautaires.
Depuis le lancement de la campagne d’ouverture des bandes pare-feu 169.000.000 FCFA ont été déjà transférés sur le terrain à travers des Autorisations de Dépenses au profit des différentes régions pour la réalisation des bandes pare feux. A ce montant, «il faut ajouter un budget disponible au niveau de la Cellule Crise Alimentaire de plus de six cent millions, destiné à la lutte contre les feux de brousse», a rassuré la ministre de l’Environnement avant de préciser que plusieurs autres partenaires (PAM, le projet PRAPS, la GIZ, le projet pôles Ruraux de l’AFD) soutiennent les investissements en matière d’ouverture des bandes pare-feu. Mais selon elle, au regard de l’immensité des besoins, force est de reconnaitre que les efforts restent insuffisants.
Pour réduire les risques potentiels de feux de brousse, le Ministère en charge de l’Environnement compte renouer avec l'expérience des bandes précoces à réaliser au moment où l'herbe est encore verte. Cette expérience qui a été testée en 2014 à Abalack, a le double avantage de protéger le pâturage contre les premiers feux d'ailleurs les plus redoutés mais aussi de s'inscrire dans la durabilité avec des bandes pouvant aller jusqu'à trois ans de durée de vie contre seulement une année pour les bandes ordinaires ouvertes à l'état sec de pâturage herbacée.
La ministre de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification a annoncé devant le parlement l'organisation très prochainement d'un forum national sur la problématique des feux de brousses. De ce forum, «il sera attendu des orientations générales en vue de la formulation d'un vaste programme national de protection des pâturages et autres écosystèmes contre les feux de brousse. Nous osons obtenir le soutien des honorables députés nationaux pour la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre de ce futur programme», a-t-elle conclu.
Enfin les députés auteurs de l’interpellation ont félicité la ministre de l’Environnement et lui ont conseillé de travail en alliance avec les Ministres en charge de l’Elevage et de l’Agriculture, car le feu de brousse est un fléau qui concerne les deux secteurs.
Seini Seydou Zakaria(onep)
29 novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/