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Affaire Ibou Karadjé :  Le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou ne doit-il pas se mettre à la disposition de la justice ?

 

C’est le terminal de tous les débats publics. Dans les fadas, les taxis, les lieux de travail, les salles de rédaction des médias, etc., partout, les Nigériens semblent convenir d’une chose : le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, dit-in ici et là, doit impérativement se mettre à la disposition de la justice. Selon une source politique digne de foi, l’intéressé aurait été d’ailleurs auditionné à son bureau pour ne pas attirer l’attention. Une audition qui, si elle a eu lieu, confirme les pressions politiques dont Ibou Karadjé fait l’objet en vue de taire certaines complicités avérées.

Quoi qu’il en soit, Ouhoumoudou Mahamadou ne peut être tenu hors du jeu alors que de hauts fonctionnaires croupissent en prison pour la même affaire. Son maintien à la tête du gouvernement est un hara-kiri pour Bazoum Mohamed. Selon un président de parti qui a requis l’anonymat, l’affaire Ibou Karadjé est une corde au cou du Président qui a fait le pari de gagner la confiance de ses compatriotes grâce, justement, à la lutte contre la corruption. Un voeu pieux ? Peut-être pas puisque, récemment encore, à l’occasion d’un entretien en langue haoussa qu’il a accordé à la radio BBC, il a réitéré son engagement à faire en sorte que tous ceux qui sont impliqués dans le scandale du ministère de la Défense soient jugés. Et si l’on en croit certaines confidences de politiques généra- lement de bonne foi, cette question est la principale pomme de discorde entre le Président Bazoum et son prédécesseur. Le premier aurait mis le second en garde contre toute immixtion dans sa façon de diriger. Une mise en garde que le second est loin de prendre en compte, la tentation d’être une sorte de parrain éternel pour Bazoum étant très forte chez Issoufou.

Si l’affaire est étouffée alors qu’elle est déjà sur la place publique, Bazoum Mohamed doit arrêter tout discours sur la lutte sans merci qu’il prétend mener contre ce fléau au Niger.

Formellement cité dans le dossier Ibou Karadjé, l’ancien directeur de Cabinet du président de la République n’a visiblement tiré aucune leçon de l’expérience douloureuse qu’il a vécue aux premières heures de la 7e République. Ministre des Finances à l’époque, il a trempé dans une sale affaire de marchés publics attribués à un député, ce qui, en fin de compte, après des pressions interminables de l’opinion publique, a fini par aboutir à son éjection du gouvernement. L’affaire Ibou Karadjé ne l’épargne guère. Il est cité dans le dossier, tout comme l’ex-première dame Malika Issoufou et l’actuel ministre des mines, dame OG Hadiza . Un Premier ministre cité dans une affaire de corruption ! L’affaire est trop grosse pour le Président Bazoum Mohamed qui a déclaré faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Si l’affaire est étouffée alors qu’elle est déjà sur la place publique, sans qu’il y ait eu un procès équitable contre les auteurs, co-auteurs et complices de cette affaire qui aura coûté au Trésor public la bagatelle somme de huit milliards de francs CFA, Bazoum Mohamed doit arrêter tout discours sur la lutte sans merci qu’il prétend mener contre ce fléau au Niger.

Bazoum Mohamed doit être le premier à contraindre son Premier ministre à rendre le tablier et de se mettre à la disposition de la justice.

C’est une question de crédibilité, note une source politique proche des partis alliés. La même source fait constater par ailleurs que partout où il y a eu ces scandales financiers, se trouvent toujours des militants du Pnds Tarayya. L’affaire Ibou Karadjé est une affaire sérieuse. De nombreux hauts fonctions du ministère des Finances et du Trésor public ont été interpellés et écroués après leurs auditions et l’établissement d’indices probants de leur culpabilité. Il leur reste à prouver leur innocence devant la justice. D’ici à cet évènement que les Nigériens attendent avec fébrilité pour se faire une religion définitive sur cette affaire, les observateurs notent que malgré son implication plausible dans le dossier, le Premier ministre Ouhoumoudou reste toujours en poste, avec la mission de coordonner et de conduire la politique du gouvernement. En principe, note un militant pro- Bazoum du Pnds, si ce n’est sous les Républiques bananières et les démocraties de façade, le président de la République doit être le premier à contraindre son Premier ministre à rendre le tablier et de se mettre à la disposition de la justice.

Laboukoye