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A L’ASSEMBLEE NATIONALE : Ouhoumoudou se joue des Nigériens en refusant de dire la vérité

 Cela fait longtemps que certains observateurs avisés plaignaient pour Bazoum de ne pas avoir la liberté du choix des hommes qui doivent l’accompagner dans la mise en oeuvre de son programme. En effet, combien de fois, certains analystes ont relevé que Bazoum n’a pas eu les bons hommes qu’il lui faut ? Surtout, peuvent-ils déplorer qu’en acceptant de travailler avec certains hommes connus pour leur passé récent lourd de passifs, il a, d’une part, choisi de ne pas pouvoir avancer et surtout, d’autre part, de ne pas pouvoir combattre l’impunité pour laquelle il prenait des engagements avec le peuple nigérien. La preuve est donnée malheureusement avec le mauvais choix des hommes qui, inexorablement, est en train de le pousser à l’échec, peut-être même à la faillite de son système qui aura ainsi fait le choix dramatique d’échouer et de décevoir. Sensément, des gens qui ont été du cercle d’Issoufou et qui trainent des casseroles bruyantes, peuvent-ils l’aider à remonter la pente, à réussir mieux que leur champion, et surtout à lutter efficacement contre la corruption et les infractions assimilées surtout quand une telle action doit les viser. Le samedi, 15 avril 2023, à l’assemblée nationale, le député Oumarou Hamidou dit Ladan Tchana, a jeté un pavé dans la mare à la suite d’une interpellation du Premier ministre par rapport à des irrégularités dans l’attribution des marchés publics. C’est à jute titre que, symboliquement, faisait son interpellation, il fit référence à l’avènement du Conseil Militaire Suprême (CMS) avec le discours de Seyni Kountché qui fait date dans l’histoire du pays. Aussi, parodiant les propos de l’illustre homme du 15 avril 1974, alors que nous sommes à la date anniversaire ce 15 avril 2023, il dira, rappelant à notre mémoire l’Histoire : « Ce jour 15 avril 2023, l’Opposition a décidé de prendre ses responsabilités en interpellant le régime que vous connaissez. Après deux ans de règne jalonné d’injustices, de corruption et d’indifférence à l’endroit des Nigériens auxquels il prétendait assurer le bonheur, le peuple ne doit plus permettre la permanence de cette oligarchie ». L’heure est donc grave et il faut que cela s’arrête, c’est du moins ce que le député de l’Opposition laisse entendre. Son clin d’oeil à notre histoire et à cet homme, connu pour sa rigueur dont la main n’a jamais faibli pour imposer la discipline et la rigueur dans la gestion des affaires publiques, est fait pour montrer à quel point il avait défendu une certaine image du Nigérien, non celui d’insouciant et de voleur que les socialistes construisent depuis des années. Il rappelait alors le beau souvenir d’un homme dont se souviendront longtemps les Nigériens aujourd’hui assoiffés de justice et de vérité, de gestion « où les crimes étaient châtiés et où les Nigériens vivaient en harmonie. [Mais] Depuis deux ans que vous avez usurpé le pouvoir [poursuit- il], la démocratie est dévoyée et l’insécurité s’est généralisée, la justice est aux ordres, l’école est en panne, l’hôpital est à genoux, [luimême malade], les jeunes subissent un chômage endémique, ils sont obligés de montrer pattes roses pour accéder au moindre stage, [ce depuis qu’ils ne peuvent plus accéder à un emploi décent désormais réservé aux enfants du clan, c’est-àdire sans qu’ils ne soient fils ou filles d’un tel] ». Cette section de son intervention brosse un tableau triste de la situation du pays et il faut reconnaitre ainsi que ledit le député, que cela ne peut plus continuer ainsi. Et on ne peut que s’en indigner quand, poursuivant son intervention, il s’insurge : « […] octroyant des marchés illégaux à vos amis, vous agissez en parfaits catalyseurs de la mauvaise gouvernance. Ainsi, en effet, depuis six conseils des ministres avec votre bénédiction et celle de Mohamed Bazoum, les ministres cachent les montants et les attributaires des marchés en violation de l’article 16 de l’arrêté 018/PM/ ARCOP du 23 janvier 2023 ». Fautil donc croire que ce gouvernement est un ramassis d’affairistes où chacun joue à profiter de sa position pour faire des affaires, pour profiter de l’Etat, sans rien donner en retour de leur intelligence, de leurs compétences, de leurs probité ? Comment des gens qui ont prêté serment, peuvent- ils se comporter de cette manière alors même qu’ils ont juré de gouverner bien et mieux ? Ladan Tchana s’en offusque et s’interroge, gravement : « Quand allez-vous vous conformer à votre serment [coranique] ? », tonne-t-il en face du P.M. visiblement au désarroi.

Le problème que soulève Oumarou Hamidou dit Ladan Tchana, n’a pourtant rien d’imaginaire. Il ne dit que la cruelle réalité, celle-là à laquelle, le régime depuis douze ans, s’est refusé à avoir une oreille attentive, faisant la sourde oreille, et résistant à changer de cap dans la gouvernance désastreuse qu’il a imposée aux Nigériens. La presse, les acteurs de la société civile, les citoyens lambda ne se sont jamais lassés d’exposer les tares de ce système fantôme qui a pris en otage le pays et les deniers publics, le Niger et sa démocratie. Mais, au lieu d’écouter avec sérieux les récriminations qui sont faites à l’encontre de leur gouvernance, le Premier Ministre vient jouer à la diversion. Pourtant, une lettre ouverte adressée au Premier Ministre (que nous publions in extenso) confirme cet état de fait, appelant à faire attention, à ces pratiques que l’on observe depuis quelques temps lors des conseils des ministres avec des communications qui peuvent à dessein, et depuis des temps que cela est de règle, occulter des informations obligatoires et utiles relativement aux communications sur des marchés publics octroyés.

De la réponse moqueuse et méprisante du Premier ministre

Où sont la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la France, l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, quand le Premier Ministre nigérien, sans avoir à baisser la tête, péremptoirement, prétend que le Niger serait à 11.5% de croissance et ce pendant que la misère tenaille le peuple, et quand tout devient cher et de manière incontrôlée dans le pays et pendant que les revenus s’amenuisent, réduisant drastiquement le pouvoir d’achat des ménages nigériens aujourd’hui condamnés à la misère, juste pour la survie ?

Au lieu de tout le sérieux que requiert une telle situation, le Premier ministre fait de la diversion, jouant à la vedette, se gargarisant de tristes tonnerres d’applaudissements hypocrites commandés, venant de députés godillots qui jouent aux griots, se jouant des Nigériens et oublieux de ce que l’on ne plaisante pas avec de telles questions sérieuses et notamment lorsqu’il s’agit, en démocratie, de dire la vérité au peuple. Lorsqu’il réduit cette interpellation à « Une comparaison entre un régime démocratiquement élu – et ce n’est pas à Ladan Tchana qu’il le dit, lui qui, jusqu’à preuve du contraire, continue de dénoncer l’illégitimité de ce pouvoir et le mot « usurpé » qu’il continue d’utiliser parlant de ce mandat en est la preuve – où vous avez l’avantage de poser des questions au gouvernement, contrairement à un régime d’exception dont beaucoup de Nigériens ont souffert les affres ». Ouhoumoudou ici encore ne dit pas la vérité ? Ceux qui ont souffert n’est-ce pas ce qui ont volé, et ceux qui ont essayé par un moyen ou par un autre de diviser le Niger et les Nigériens ? Peut-il croire que les Nigériens sont aussi ignares à ne rien comprendre de la marche de ce pays quand, à la conférence nationale, mentant, un certain clan dont il est peut-être issu, venait pour faire croire que le malheur de ce pays, viendrait d’une exception dont Kountché serait le symbole le plus incarné ? Peut-il croire qu’on n’a pas fini par voir tout le monde et de comprendre ce que chacun vaut politiquement ? Peut-il penser que les Nigériens croient à l’image trop réductrice qu’il veut donner à Seini Kountché ? Pourtant, que n’entendon pas, nostalgiquement évoqué de la part de beaucoup Nigériens de ce que fut son règne, de ce qu’une justice existait pour tous, et notamment de ce que le Nigérien était à l’époque partout respecté ? Les Nigériens ne sont pas dupes et ils savent bien qu’on leur mentait. Cela fait longtemps, quand d’autres venaient enfin par découvrir les réalités de certaines régions qu’un certain discours rancunier et faussement jaloux faire croire qu’elles seraient les mieux loties du pays. Une des preuves c’est de constater qu’il n’y a pas eu de route goudronnée pour aller chez Ali Saibou, Chez Diori, chez Seini Kountché et que chez ces premiers dirigeants, l’on n’avait rien de particulier comme infrastructures. Comment comprendre qu’il ait fallu attendre 2023 pour que l’Etat du Niger consente enfin, à doter la région de Tillabéri d’une zone de défense (n°9) alors que cette région partage des frontières du pays avec au moins trois pays ? Ce vieux discours indigeste que le Premier ministre, insidieusement, tente de réchauffer à la consommation de certains milieux qui ne se remettent toujours pas de l’intox, ne passe pas dans ce Niger où la majorité a fini par comprendre avec le temps les visées manipulatoires d’un tel discours. Et l’homme est d’autant fier de son bilan qui n’existe pourtant pas qu’il décrit un Niger imaginaire qui n’existe que dans les contes. D’ailleurs même s’il a été fait pour tromper sur son action, l’on sait bien que ses services se sont servis de rafistolages, avec souvent de vieilles images comme celles qu’on a pu voir à Tillabéri et à Dosso, pour faire croire qu’il y a eu des investissements ? Qui peut croire ces images de l’extension de l’électrification à Dalwey qui a pourtant l’électricité depuis plus d’une décennie ? Qui ne sait pas qu’après plusieurs années de blocage du chantier, il a fallu que le MCC consente à récupérer et à reprendre la route Dosso-Bela, pour le poursuivre jusqu’à sa fin ? Est-ce Ouhoumoudou ça ? Des partenaires se sont rendus compte qu’il est injustifié d’abandonner pendant si longtemps une telle voie capitale pour l’économie nationale, et ils venaient à la sauver et mettre fin au calvaire qu’elle fait subir aux usagers. Se perdant dans la répétition fastidieuse, il prétend, sans pudeur :

« Nous venons de présenter le bilan de l’année 2022. Cette année s’est soldée par un taux de croissance de 11.5% ; il n’y a aucun pays de l’UEMOA qui a atteint un tel taux de croissance. Il n’y a pratiquement aucun pays africain qui a atteint un tel taux de croissance. Nous sommes donc le champion de la croissance économique ». Il faut être humble pour ne pas oser de telles paroles indéfendables, de telles broutilles. 11.5% de croissance dans le pays et ça sent la misère et l’on est presque toujours à la même place de l’IDH ? A qui, Ouhoumoudou peut-il vendre une telle parole ?

Contrevérités…

Le Premier ministre a tragiquement échoué sa communication comme il a échoué lamentablement son action à la tête de l’équipe gouvernementale. En face de la représentation nationale dont il se joue de l’importance dans le protocole de la République, il prétend qu’il n’est pas tenu obligé de communiquer, notamment par rapport aux marchés publics. Ce n’est pas vrai. En effet, quand le PM dit que déclarer les marchés en conseil des Ministre est un choix personnel, il ne dit pas la vérité car même si la loi a été revue, notamment dans le Journal Officiel à travers son numéro spécial n°25 du 26 octobre 2022, il reste que la mention qui fait obligation de déclarer les marchés est antérieure et a existé depuis des années, notamment depuis l’arrêté n°107/PM/ ARMP du 01 août 2019, donc bien avant que lui ne soit Premier ministre (voir article 13). Aussi, s’inscrivant dans la même veine, l’article 13 de l’arrêté n°18 de janvier 2023 somme les ministres de dire expressément le montant du marché et à qui ce dernier a été octroyé. Peut-il ne pas savoir l’existence de cet autre texte de loi, l’arrêté n°0018/ PM/ARCOP du 18 janvier 2023 fixant les seuils dans le cadre de la passation des marchés publics et qu’évoquait à juste titre le Député Ladan Tchana, en l’occurrence son article 13 qui dit : « Tout achat public dont le montant est égal ou supérieur à trois cent millions (300.000.000) de francs CFA hors taxe sur la valeur ajoutée doit faire l’objet d’une communication préalable en Conseil des Ministres de la part du Ministre en charge du secteur concerné. La communication est faite à titre d’information et porte sur l’objet du marché ; le mode de passation utilisé ; le montant ; le délai d’exécution et le nom de l’attributaire provisoire. Cette communication doit intervenir avant l’approbation du marché ».

Mais alors, pourquoi donc le conseil des ministres, soigneusement, choisit de violer cet arrêté, refusant de se plier à cette injonction de l’article 13 du même texte ? Que cherche- t-on à cacher aux Nigériens en taisant et les noms des entreprises et les montants des marchés dont elles sont bénéficiaires ? Et quand la pratique devient systématique depuis six conseils de ministres, il y a de quoi s’en préoccuper. Mais c’est d’autant intrigant que cette autre question s’impose : comment Bazoum, qui préside les conseils des ministres, peut-il ne pas se rendre compte de ces pratiques anormales sur six conseils ? Peut-il ignorer la loi ? Les Nigériens doivent s’en inquiéter.

Bazoum peut-il être complice de ces violations quand on sait quand même que c’est lui dirige les conseils de ministres ou faut-il croire qu’un autre abuserait de son ignorance des textes, pour faire passer, en violant les textes, certains marchés attribués à la clientèle politique qui, plus, fait souvent partie de la pègre qui a contribué à mettre à terre le pays pendant dix ans sous Issoufou ? Dès lors, Ouhoumoudou, est-il venu pour servir Bazoum et son programme ou pour servir le même clan qui avait pignon sur rue sous Issoufou pour perpétuer la même prédation décriée ? D’ailleurs, Ouhoumoudou n’est-il pas cet homme qui, dès les premières heures du premier quinquennat d’Issoufou, commettait des gaffes au ministère des finances d’où « son » frère avait été contraint, face à l’indignation que son acte provoquait, de le congédier pour l’amener, comme une insulte au peuple, d’abord à la BIA, puis à la présidence, comme Directeur de cabinet en chef.

Ouhoumoudou, avec un tel discours et un tel mépris, n’est pas en train de saboter le système Bazoum et l’empêcher de mieux gouverner et surtout d’être en phase avec les Nigériens ? D’ailleurs, en tant que chef de gouvernement, peut-il avoir tenu au respect de textes issus de son entité, notamment ce J.O. que nous évoquons plus haut pour par exemple se conformer à l’article 16 (pages 7 & 8) qui stipule : « les autorités contractantes doivent inviter les candidats ou soumissionnaires à justifier de leur capacité techniques telles que définies par les dossiers d’appel d’offres et de leur éventuelle inscription à un registre professionnel dans les conditions prévues par la législation du pays où ils sont établis » et ce pendant que l’article 18 définit par plusieurs références les capacités financières de l’entreprise désignée.

En vérité, la gouvernance telle qu’elle est menée par le Premier ministre, comme pour donner raison à ceux qui ont douté de sa personnalité, est marquée par un manque de transparence, par la corruption, par une opacité totale sur l’attribution des marchés publics, reproduisant le mal, que leur clan, sous Issoufou, avait perpétué. Quand il dit que la communication est faite en conseil de ministres, accuserait-il le secrétariat général du gouvernement de ne pas intégrer dans le compte-rendu, toutes les informations à propos des marchés déclarés en conseil ? Cela n’est pas vrai, car tous les ministres savent très bien que ce n’est pas la vérité et que si les informations supplémentaires ne sont pas consignées dans le compte-rendu, c’est qu’elles ne sont jamais fournies. Qui donc cherche à tricher avec les textes et avec le président de la République ? Faut-il croire que parce qu’il est censé connaitre certains milieux, pour comprendre qu’on lui cache certaines informations, certains noms pourraient tout de suite le tiquer pour demander alors plus de clarifications ? Mais alors, pourquoi refuse-t-on de donner l’information, la vraie aux Nigériens ? Quelqu’un voudrait-il continuer à perpétuer la même gabegie décriée ? Ça sent le complot autour de Bazoum.

Il y a de bonnes raisons de le croire quand on considère certains noms tus et auxquels certains marchés avaient été attribués. Comment à celui-là qui a été indexé dans l’affaire du MDN-Gate, avec un marché de six milliards pour la réalisation de la piste d’atterrissage de Dirkou qu’il n’a pas pu exécuter et pour lequel il a pourtant pris les deux milliards, peut-il aujourd’hui bénéficier de nouveaux marchés alors que l’audit du ministère de la Défense l’a justement incriminé ? Comment et pourquoi, peut-il gagner ce marché de quelques 14 milliards (14.077.438.557f pour être plus précis) ? On est où là ? Sontils les seuls Nigériens ? Pourquoi, des opérateurs délinquants, peuvent continuer à bénéficier des marchés publics quand d’autres entreprises plus compétentes existent ? Ce samedi, Ouhoumoudou n’a pas répondu à la question qui lui a été posée. Il devrait avoir le courage, si tant est qu’il est sûr de la régularité des marchés visés, de donner des noms et des montants devant les députés nationaux. Mais l’affaire n’est pas terminée. On n’est qu’à la saison un.

Bazoum a donc intérêt à ouvrir les yeux et à voir ce qui se trame autour de lui : il y en a qui jouent faux jeu autour de lui. Il faut que les gens paient pour leur gestion, en les renvoyant aussitôt de leurs postes afin que cela serve de leçon. Il n’y a pas d’autres moyens de promouvoir la bonne gouvernance.

Mairiga