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Inédit de Boubou Hama (1) / « Les enseignements de mon action politique » : Par Farmo Moumouni

  • à des cours après les heures de classe que je donnais à un jeune européen Roger et à un vétérinaire russe qui ne comprenait pas un mot de français ;
  • à un travail supplémentaire que je fournissais chaque jeudi sous les ordres du Commandant Rottier qui m’avait confié la conservation des dossiers des Goumiers , surtout, chargés de la surveillance de Sahara Nigérien.


Avec tout cela, prenant sur mon temps de sommeil, je suivais régulièrement, par correspondance, des cours à l’Ecole Universelle en vue de ma préparation éventuelle au Brevet Supérieur.

Comme si tout cela ne suffisait pas, on m’avait confié le billetage de tout le service de l’enseignement de Niamey avec toute la responsabilité sérieuse que comportait l’opération avec les pertes d’argent possibles par erreur ou par vol. Quelques mois après, en Janvier 1930, je me mariai et je dus quitter ma maison de chaume pour une case en banco que je louai pour 20 francs par mois, une grosse somme pour l’époque. Je gagnais 550 francs par mois et je dépensais, en tout et pour tout, 105 francs pour l’entretien de ma famille. Mon Directeur, Monsieur Montauriol, un européen, un instituteur principal des classes exceptionnelles qui gagnait beaucoup, le chiffre m’est resté dans la tête, avait, par mois, exactement, 1333,33 francs, arrondi, 1333,35 francs. Ce passé comparé à notre présent actuel est plein d’enseignements utiles. C’est la raison pour laquelle, j’en donne une séquence.



Enfin, la vie continua son cours. Les maîtres européens se succédèrent à la direction de l’école régionale. Cependant, un jour vint à la direction un jeune maître, forcément, un européen, Verdier. Il était plein de l’ardeur de son âge. Suffisant à ses heures, peut-être, il ne supportait pas la contradiction de la part d’un nègre. Cela ressemblait un peu à cela. Peut-être ce n’était pas sûr. Je me trompais peut-être. Cela se passait en 1935. Un jour de cette année-là, mon jeune Directeur me dit un peu gêné : « Ne croyez-vous pas, qu’avec votre désir d’indépendance vous devez être votre seul maître ? Que direz-vous d’un poste de Directeur d’école à Tillabery. Je ne répondis pas, car je sentis par avance, à cause de mon caractère, que je ne ferai pas facilement bon ménage avec les interprètes, les cuisiniers du Commandant et toute la mafia, qu’ils entretenaient. Mais, deux jours après une décision du Lieutenant-Gouverneur du Niger sortit qui m’affectait à Tillabery. Tout le monde sait comment je m’y suis rendu et comment de cette localité, finalement, on me réaffecta à Niamey pour une raison politique. Le problème est connu. Mais, ce qui l’est moins, c’est après Fonéko, mes séjours à Dori, à Ouagadougou, à Bamako, à Dakar, à Gorée, l’occasion qui m’a été offerte de saisir sur le vif l’arbitraire colonial au ras du sol sur les masses paysannes, de voir de plus près comment ces dernières étaient pillées par les interprètes, les cuisiniers, les moussos des Commandants et les chefs des cantons, par les « annasaara bande borey », les gens des blancs, leur serviteurs noirs, leur auxiliaires avides, souvent, très cruels.


Farmo M.
24 juillet 2018
Source : https://www.facebook.com/moumouni.farmo