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La crise nigérienne et la responsabilité des intellectuels : Par Prof. Dr. Sidi Bilan


Nous pensons que rien ne doit être négligé pour l’intelligence de la réalité socio-politique de notre pays. Il y a lieu de considérer et le général tout comme les détails. N’y a-t-il pas là urgence d’examiner la réalité avec tout le sérieux requis ? Ou bien faut-il attendre que la catastrophe arrive pour agir ? Ou bien faut-il se cloitrer dans ses quatre murs et refuser de regarder la réalité en face ? Ou bien faut-il juste opter pour le mutisme en pensant que le pire n’arrive qu’aux autres ? Ce qui précède n’est-il pas assez sérieux pour nous interpeller les intellectuels et des acteurs politiques à plus de lucidité, d’analyse et de patriotisme ?
La crise est l’expression d’une dysharmonie au sein de la société ou dans l’interaction de l’individu avec son environnement. Il y a crise lorsque l’individu ne se sent plus comme une partie intégrante du tout ou de la communauté. Il y a crise lorsque le sentiment de désespoir et la méfiance envers les instituions s’installent.
Nous sommes désormais devant un choix entre la raison et la déraison, le rationnel et l’irrationnel, l’objectivité et le subjectivisme, le particularisme et l’universel.
Pourquoi les intellectuels ?

La vie politique au Niger est menée de manière effective par ceux qui sont instruits et occupent des postes administratifs, académiques et autres. Ceux-là ne constituent pas plus de 10% de la population. Ceci est pour dire que plus de 90% de la population est exclue de cette vie politique à cause des barrières linguistiques et la « compréhension » de la chose politique. Ainsi 90% de la population subit la politique et ses conséquences négatives.
Les intellectuels constituent indubitablement l’élite et le dépositaire du savoir moderne. En tant que tels, les intellectuels disposent de pouvoir pour influencer positivement l’activité politique. Ne dit-on pas que « Savoir est Pouvoir » ? Comme la si bien dit le philosophe allemand Hösle, "Celui qui accède à une position sociale privilégiée, qui a plus d'occasion de se cultiver, a aussi plus de devoirs". Le devoir de l’intellectuel est de prévenir, d’anticiper, de révoquer certaines pratiques en doutes, de les dénoncer, de proposer des alternatives, d’apaiser, d’interpeller, faire entendre Raison, dire la vérité même si elle blesse etc. Cependant ce rôle de l’intellectuel exige de lui de se remettre d’abord en cause et de se demander s’il œuvre vraiment pour le bien de tous. C’est une activité qui exige de nous de se continuellement remettre en cause et d’aller au-delà de ses intérêts égoïstes et éphémères. En d’autres termes, l’intellectuel est un fonctionnaire de la Raison et de l’Universel. Seul l’Universel compte, l’individu doit être prêt à se sacrifier pour une cause noble, universelle. Mandela et tous les grands penseurs, n’ont-ils pas sacrifié leurs vies pour le Bien de leurs communautés et pour des valeurs universelles telles que la justice, l’égalité, la liberté etc. ?
Intellectuels nigériens (africains), dépassons la passion aveugle, l’intérêt immédiat, l’avidité du pouvoir, l’amour excessif des biens matériels pour éclairer et éloigner de notre (nos) pays des lendemains incertains. Ceci n'est possible que par l'autonomie intellectuelle et la préservation de l'UNIVERSEL dans nos analyses et tout problème affectant notre (nos) pays. Nous sommes tous passagers en tant qu’individus ; seul l’Universel demeure.

Prof.Dr. Sidi Bilan
University of Sunderland in London