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Entretien avec Maître Amadou Abdou Oumarou dit Cobra : «Les athlètes doivent prendre conscience de cet enjeu et s’engager à faire parler de notre pays lors des compétitions internationales»

Lentement et sûrement, le Taekwondo s’affirme de plus en plus au Niger. En effet, bien avant la grande et belle saga d’Abdoul-Razak Issoufou Alfaga, l’Association Nigérienne de taekwondo a toujours fait parler d’elle à travers d’excellents combattants nigériens qui ont su représenter dignement les couleurs du pays. Ces ex-combattants de cet art  ne sont plus sur le tatami mais grâce à leur bon potentiel d’expérience, ils ont créé leurs propres clubs pour transmettre aux jeunes amoureux du taekwondo tout leur savoir-faire. Ainsi, pour mieux connaître la place de cet art martial et de sa contribution dans le développement du sport en général, au Niger, nous avons rencontré Maître Amadou Abdou Oumarou alias Cobra, Directeur Technique National/Adjoint de la Fédération Nigérienne de Taekwondo.

Maitre, la plus part des Nigériens qui vous ont connu sur le tatami, c’est  sous le sobriquet de Cobra. Alors, qui est maître Cobra et pourquoi Cobra ?

Je me nomme Amadou Abdou Oumarou alias Cobra ou ‘’Beray-koy’’. Je suis né le 4 novembre 1964. Aujourd’hui, je suis âgé de 59 ans. Je suis marié à deux femmes et je suis père de 10 enfants ; tous mes enfants sont des pratiquants dont la majorité a le grade de ceinture noire. Je suis ceinture noire 5ème Dan Kukkiwon et 6ème Dan national. J’occupe plusieurs postes de responsabilité dans le domaine du taekwondo. D’abord je suis Directeur Technique National/Adjoint de la Fédération Nigérienne de Taekwondo ; président de la Commission kyorugi (C.K), puis secrétaire à l’organisation de la fédération nigérienne de taekwondo, et responsable de neuf (9) clubs affiliés à la fédération nigérienne de taekwondo. Je suis depuis 2015 un professeur d’éducation physique et sportive au CSP Nodou de Niamey. J’ai commencé à pratiquer le taekwondo le samedi 15 Novembre 1986 au club de la Maison des jeunes Djado Sékou de Niamey. Cobra c’est mon nom de combattant.

Qu’est- ce qui vous a motivé à choisir le taekwondo parmi tous les  arts martiaux ?

Lorsque j’ai eu la chance d’assister pour la première fois au passage des ceintures noires au Niger organisé par le grand maître coréen Cho au Palais des congrès de Niamey. Après, cette cérémonie qui m’a émerveillé, je suis allé faire mon inscription. J’ai eu la chance d’être dans les mains des meilleurs maîtres de l’époque. C’est eux qui ont gouverné mes premiers pas en taekwondo. Il s’agit de Maitre Abdoul-Wahid Hassane dit wahido, Maitre Hassane Thogyéni, Maitre Alphonse Djibo Thogyéni dit ching-chang, et feu maître Hamidou Thonkoino dit Lee Kwan Young. Tous formés par le grand maître feu Issaka Thogyéni connu sous le nom de maître Urbain, paix à son âme.

Par la suite, j’ai eu l’ambition d’ouvrir mon premier club à Dosso en 1993 appelé «le bouclier de Dosso». Je suis un des pionniers du taekwondo à Dosso. A travers cette expérience j’ai aidé beaucoup de clubs de taekwondo, notamment dans le développement des jeunes. C’est l’exemple du «Tagour» de Gaya, le club de Djoundjou, le club du lycée Dan Baskoré de Maradi. A Niamey, je suis à l’origine de la création de plusieurs clubs également dont, le club Dragon d’or de SYNAPOSTEL, le club Wangari en 2001, le club Sirba, le club Baba’atou, le club Sabon Gari, celui de l’AS renaissance, le club du CSP Nodou, le Club Bayray, le club Mayaki et le club Martaba. Aujourd’hui, J’ai une grande ambition de créer un centre de taekwondo pour les enfants, et ainsi donner plus de chance à ceux qui désirent développer leur talent.

Le taekwondo occupe une place importante dans le développement du sport au Niger. Quelles comparaisons faites-vous de la pratique de cet art martial de votre temps à aujourd’hui ?

A notre temps, le Taekwondo était vraiment martial, la présence de la discipline, la concurrence positive dans l’entraînement et dans les compétitions. Les pratiquants sont reconnus précisément par leurs clubs ou par leurs maîtres. Aujourd’hui, c’est les athlètes qu’on connait et leurs palmarès qui comptent. A notre temps, nous étions dans les clubs toujours en Dobook (kimono) et ceinture bien nouée autour de la taille, par respect de l’art martial. Aujourd’hui, les jeunes Taekwondoïns sont habillés en short et t-shirt ou collant aux entraînements.

Pouvez-vous nous décrire votre palmarès en taekwondo ?

A notre temps nous n’avons que le championnat national une fois par an. Ainsi j’avais remporté une médaille d’or dans la catégorie senior moins de 54 kg ;  deux fois médaillé d’or dans la catégorie senior moins de 58 kg et médaillé d’argent dans la catégorie senior moins de 62 kg. Dans les compétitions internationales : au Championnat Ouest Africain de Taekwondo (C.O.A.T) dans la catégorie senior moins de 58 kg, j’ai eu la médaille de bronze à Cotonou au Bénin en 1998. En 2000, à Niamey j’ai été médaillé (bronze) et à Bamako au Mali en 2002. J’ai été également champion Ouest Africaine de Taekwondo médaillé, où j’ai remporté l’or en poomsea (kata). C’est mon parcours qui m’a permis d’occuper plusieurs postes de responsabilité comme entraineur, sélectionneur et coach de l’équipe nationale du Niger. Je suis également directeur technique de la région de Niamey (DTR), Conseiller Technique de la commune 4 de Niamey, entraineur national de poom-sae, entraineur, sélectionneur et Coach de l’équipe nationale para-olympique du Niger.

Notre pays est dans une dynamique du développement du sport grâce à l’engagement et la volonté des plus hautes autorités. Avez-vous un appel dans ce sens ?

Pour développer le sport, il faut des moyens, notamment financiers pour permettre aux acteurs de se former. Malgré les difficultés auxquelles le pays fait face, nous croyons à cette volonté politique. Il faut créer les conditions pour offrir à cette jeunesse les opportunités pour qu’elle se forme et qu’elle soit capable d’apporter sa contribution au développement du pays. Les athlètes quant à eux doivent prendre conscience de cet enjeu et s’engager à faire parler de notre pays lors des compétitions internationales.

Qu’avez-vous gagné grâce au Taekwondo ?

J’ai tout gagné grâce au taekwondo ; le respect, la considération, la grandeur et je continue de gagner. Mes athlètes font ma fierté. A chaque compétition organisée par la fédération nigérienne de taekwondo et même à certaines compétitions à l’étranger ils remportent des médailles pour se faire plaisir et me rendre fier aussi. Certains de mes disciples sont devenus des fonctionnaires, des arbitres, des responsables de club et d’autres continuent toujours la compétition en battant des records et je suis fier d’eux. Mais parmi tant de bonnes choses que j’ai gagné, ce qui m’a le plus marqué, c’est la maison bien construite à Niamey à la «Cité du progrès» qui m’a été offerte par le Vice-champion olympique Abdoul-Razak Issoufou Alfaga qui m’en a fait cadeau par la grâce d’Allah. Dieu le lui rendra au centuple In sha Allah !

Réalisé par Assad Hamadou (Stagiaire)

Source : http://lesahel.org/