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Remaniement ministériel en perspective : s’achemine-t-on vers la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale ?

nominations au niger le chef de letat designe de nouveaux ambassadeurs et directeurs generauxLa refondation au Niger est en marche depuis plus de deux ans maintenant. Après ce qui peut être mis sur le compte d’erreurs de jeunesse et donc d’une immaturité politique, l’on a cru qu’après deux ans, cette refondation pourrait être capable, par l’expérience vécue du pouvoir, de prendre son envol et de tracer des horizons à cette nouvelle marche du pays. Le CNSP, lui-même, en s’installant, au lendemain des événements du 26 juillet 2023, en avait conscience, et avait promis qu’il ne mettait en place qu’un gouvernement de courte durée, pour quelques trois mois, le temps de voir plus clair pour juger de la performance des hommes et des défis à affronter pour apporter les ajustements nécessaires qui pourront permettre d’avoir une équipe gouvernementale faite de combattants, que dire, de soldats dont la qualité essentielle sera l’engagement pour le pays, et la capacité intellectuelle à concevoir des programmes et des politiques pour ensuite les mettre en oeuvre pour provoquer, dans tous les secteurs, les transformations nécessaires pouvant permettre de changer le pays et ses hommes.

Plusieurs fois annoncé, ce changement gouvernemental radical, pourtant très attendu ne vint jamais, et on avait du se contenter de quelques petits réglages que certains pourraient appeler des légers remaniements qui ne mettaient d’ailleurs pas profondément en cause les contre-performances de l’équipe gouvernementale, faite, dans bien de cas de bric et de broc, quand, dans bien de secteurs, les choses ne bougent que peu si elles ne sont pas carrément dans l’inertie, ce, pendant que certains ministres, et souvent malgré le grand bruit qu’ils font autour d’eux, se complaisent dans un surplace qui cache mal leur incompétence notoire. Pourtant, les Nigériens et bien d’observateurs n’ont pas manqué d’alerter sur cette situation, appelant en vain à congédier les médiocres – car il y en a – et les moins bons à se chercher un autre métier. Faut-il croire que, parce que la presse annonçait avant l’heure tant de projets de remaniement, cela dissuadait à aller à l’acte comme si l’on voudrait faire mentir la rumeur ? Pourtant, ce changement d’hommes est un besoin urgent de l’époque qui ne saurait donner de la place à la médiocrité, au copinage, au clanisme ainsi que certaines situations forcent à la croire comme si la transition, pour autant, ne met pas les nigériens à l’abri de pratiques anciennes décriées, hésitant à aller au changement promis.
Mais, voilà que le même bruit revient, annonçant l’imminence, comme en d’autres temps, d’un changement de gouvernement dans les prochains jours. Il est vrai que le Niger marche dans le cadre de l’AES mais, en même temps, ce choix place le pays dans un challenge pour lequel le capitaine Ibrahim Traoré semble avoir plus de conviction quand, chaque jour, il pose des actes qui traduisent toute la foi qu’il a à conduire cette révolution au Burkina Faso, non sans que l’héritage laissé par Thomas Sankara ne puisse servir de ferment à son action et à ses audaces.

Il ne faut pas oublier que les pratiques décriées sont le fait d’hommes bien connus dont la plupart continuent à servir aux côtés des militaires, perpétuant – puisqu’ils en sont habitués et parce qu’une certaine impunité prolongée leur en donne davantage l’envie de se plaire et se complaire dans l’inconduite – les mêmes pratiques. On ne peut donc pas comprendre qu’après deux années de gestion des militaires au haut sommet de l’Etat que des les pratiques dénoncées reviennent au galop, révélant à la refondation la face hideuse d’un système qu’on a cru avoir défait pour voir se cultiver les valeurs qui ont jusqu’ici défini les nigériens avant que ne vienne la démocratie. Pour cela, et avant d’arriver à la refonte de l’équipe gouvernementale, deux actions majeures sont importantes.

Ne pas écouter les laudateurs
Au Niger, l’histoire récente a montré que les dirigeants ont toujours été déroutés par leurs proches, ceux-là mêmes qui, tournant autour d’eux, et jouant à faire plaisir pour avoir une main dans la gamelle, se plaisent à se réduire en laudateurs officiels, disant, par une parole mielleuse, tout le bien maquillé d’un homme, jusqu’à lui inventer un destin de surhomme, et même de demi-dieu, le décorant de mots dont l’artificialité ne trompe pas sur leurs intentions : le pays ne les intéresse pas, ils veulent manger ; c’est tout. Salou Djibo venait avec de très belles intentions pour le pays, aspirant à mettre de l’ordre, mais il a fini par tomber dans les pièges de ses proches que tout le monde connait d’ailleurs, eux qui peuvent l’effrayer d’un tel ou d’un tel, finissant dans la gueule du loup – pardon, du Lion – où ses laudateurs le poussaient pour finalement lui créer des problèmes, à lui-même certes, mais surtout au pays qui reste, aujourd’hui encore, dans les mêmes conséquences des mêmes calculs qui oubliaient de tenir compte du pays et de ses intérêts.

Tandja Mamadou avait aussi connu le même drame quand, abusant de sa confiance, certains zélés de la 24ème heure partirent le mettre en conflit avec ceux qui, pendant un compagnonnage de plusieurs décennies, l’avait âprement soutenu dans tous ses combats pour finalement réussir par le pousser dans la faute qui lui fut fatale alors qu’il avait cette chance unique de finir avec la belle image qu’aucun autre président ne pouvait avoir eu surtout quand, lui, agissant, venait dans un contexte de démocratie qu’il a su gérer par un effort et une volonté de rassembler, d’unir dans l’action qui sert la nation, faisant peu de l’ostracisme quand on sait que même l’establishment du parti de ses opposants est employé au service de l’Etat pour mettre leur expertise au service du pays. N’est-ce pas pourquoi, Dame Bazèye, alors présidente de la Cour Constitutionnelle, lors de la prestation de serment du nouveau président élu en 2011, face au sieur Issoufou Mahamadou en l’occurrence, dans la connaissance des secrets des déboires de la démocratie nigérienne condamnée à l’éternel recommencement, prévenait qu’il faut faire attention aux courtisans. La courageuse Juge refusait alors, avant celui-là, un blanc-seing à Tandja qui cherchait le moyen constitutionnel de légaliser son passage en force pour un mandat-bonus fortement contesté. Elle vint avec les mêmes audaces à prévenir le nouvel entrant, le camarade socialiste Issoufou qui, surpris par le destin, en ses grands jours, ne comprit rien à ce que Dieu Tout-puissant peut donner aux hommes, se rappela son parcours, ses origines modestes pour rendre hommage à l’école qui, seule, aura été capable de rendre possibles les moments angéliques inespérés qu’il vivait et qui le plaçaient au sommet d’une nation, à la tête de tout un peuple. Mais le pouvoir grise, et il a tout oublié, tout très vite. Alors que Madame Bazèye lui demandait de faire attention aux laudateurs qui ne jouent que leurs intérêts, car ce sont les mêmes qui ont égaré les premiers, il n’entendit pas, et tomba dans le charme de leur rhétorique. Jamais, si ce n’est sous Issoufou un président n’a été autant divinisé, poussant la culture de la personnalité à l’excès au point où certains se demandaient si ces gens pouvaient avoir un autre dieu à vénérer, à croire que leurs prières devenaient caduques à n’être que l’expression d’une hypocrisie pour un Dieu suprême qui semble pourtant ne pas leur inspirer de foi.

Dégager les mauvais conseillers
On ne peut pas réussir sans avoir une bonne équipe faite d’hommes d’honneur, de qualité, intègres et dévoués. Il est donc important pour le CNSP de s’entourer des bonnes personnes qui ne peuvent pas qu’être ceux du sérail, ceux avec lesquels l’on a quelques relations, des liens qui ne peuvent qu’empêcher de sévir lorsque le devoir d’Etat l’impose pour que les uns et les autres payent pour leurs fautes. Ce pays a de grands hommes, mais ceux-là ne courent jamais après les grands postes, espérant que, pour leur intégrité et leur compétence avérées, la République pourrait, de manière inconsidérée, faire appel à eux, à leur expertise, pour venir servir l’Etat. Le Niger compte de fils et de filles dignes qui ne demandent qu’à servir. Il faut leur donner la chance et sans doute qu’ils pourront faire la différence pour sortir le pays de ces atermoiements.
Un remaniement ministériel pourrait donc être la solution. Au-delà de la rumeur, cela doit être une réalité pour opérer des choix d’hommes plus pertinents afin de mener et réussir la refondation et pouvoir rebâtir un Niger nouveau, rayonnant de bonheur et de justice.
Mairiga (Le Courrier)