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Niger - Corruption et main basse sur les ressources publiques : Toute la vérité sur l’achat de l’avion présidentiel

Avion Mont Greboun NigerC’est le 31 août 2014 que les autorités de la 7e République ont réceptionné le nouvel avion présidentiel nigérien. À l’occasion, le nom, par pure fantaisie de faire table rase d’un passé glorieux, va être changé. Le Mont Baguazam deviendra ainsi le Mont Greboun. Au centre de l’affaire, Hassoumi Massoudou attendra la fin de la deuxième décade d’octobre pour pointer le bout de son nez afin d’apporter, ditil, ce qu’il a appelé la vérité sur l’achat de l’avion présidentiel.L’homme-orchestre de cette supercherie indiquera ainsi qu’il y a eu trois lettres, deux lettres d’intention et le contrat formalisant le marché, mais que seule la première lettre d’intention, datée du 16 juillet 2013 a été publiée. La vérité est tout autre.

Acheté à partir d’un arrangement douteux dans un paradis fiscal, l’avion présidentiel nigérien a coûté au trésor nigérien plus que le prix de l’appareil neuf. C’est la société Afribdridge Capital FZ LLE de Dubaï qui a arrangé l’acquisition de l’avion d’occasion pour le compte de l’Etat du Niger. Non seulement l’acquisition de l’appareil, mais également la coordination de son inspection, de sa maintenance, l’achat des pièces détachées, la formation du personnel et les autres services devant rendre l’avion prêt pour utilisation. Au prix d’achat d’environ 19 500 000 000 FCFA, il faut agréger les services d’Afribdridge estimés à 1 250 000 000 FCFA, les frais juridiques qui s’élèvent à 75 000 000 FCFA, les frais de séquestre, 25 000 000 FCFA ainsi que la commission de financement fixée à 37 500 000 FCFA. Au total, la transaction a coûté 41 775 000 dollars US, soit 20 887 500 000 FCFA. Un montant faramineux pour un avion d’occasion qui a plus de 15 ans de vols commerciaux.

L’avion présidentiel, acheté à crédit alors que plus de 45 milliards étaient disponibles pour son acquisition Alors que 21 milliards de francs CFA ont été prévus dans le budget national pour l’achat de l’avion présidentiel et que le gouvernement a reçu un «cadeau» de la firme Areva (actuelle Orano) d’un montant de 35 millions d’euros, soit un peu plus de 23 milliards de francs CFA, l’appareil va tout de même être acheté à crédit. Le deal convenu est que l’acheteur, c’est-à-dire l’État du Niger, va contribuer à hauteur de 22 millions de dollars sur fonds propres et le reste, couvert par le financement arrangé par Afribdridge. Et ce financement consiste en un prêt de deux (2) ans au taux d’intérêt de 6% par an, avec des garanties comprenant une garantie souveraine et une prise de sûreté sur l’avion.

Hassoumi Massoudou a débité un tissu de mensonges

Le gros mensonge débité par le directeur de Cabinet d’Issoufou Mahamadou à l’époque des faits, c’est qu’il n’y a jamais eu qu’une seule et unique lettre d’intention. Une lettre d’intention qui lie les parties. Afribdridge n’a laissé aucune chance à Niamey de se dédire. En fin manipulateur, Hassoumi Massoudou a évité d’indiquer que la lettre d’intention a été signée le 16 juillet et fixait comme condition à Niamey de formaliser son intention d’achat au plus tard le 29 juillet suivant.En parlant d’une seconde lettre qui serait datée du 24 octobre 2013 et signée par feu Saidou Sidibé et le contrat qui serait signé le 16 décembre 2013, Hassoumi Massoudou a délibérément menti en vue de tromper l’opinion nationale. En outre, le vendeur n’a agréé la vente qu’à la condition que Niamey place dans un compte séquestre ouvert par l’acheteur et accepté par les autorités de l’époque Deux millions de dollars. C’est à cette condition, acceptée par Niamey, qu’il va être mis fin à la commercialisation de l’avion le 15 août 2013.

Malgré la corruption d’Areva et la provision budgétaire, l’avion présidentiel a été acheté à crédit, avec un taux d’intérêt annuel de 6%.

transféré à l’acheteur, il est mentionné que la lettre d’intention expirera le 19 juillet 2013 si elle n’est pas acceptée par écrit et cette acceptation notifiée avant cette date. Selon les conditions de la lettre d’intention qui est un contrat en bonne et due forme liant les parties signataires, les 37 millions de dollars représentant le reliquat du prix de l’avion devra être payé à la date de transfert de propriété de l’avion du vendeur à l’acheteur. Il est d’ailleurs clairement spécifié que l’acheteur confirme que le plan de financement envisagé pour l’achat de l’avion et des divers services. Voici ce qu’indique ledit plan de financement :

Prix d’achat : US$39 000 000

Services d’Afribdridge : US$ 2 500 000

Frais juridiques : US$ 150 000

Frais de séquestre : US $ 50 000

Commission de financement : US $ 75 000

Coût total de la transaction :  US $ 41 775 000

Signée par le ministre directeur de Cabinet d’Issoufou Mahamadou, la lettre d’intention suggère clairement une implication directe du premier président de la 7e République. Un scandale qui révèle que malgré la corruption par Areva (actuelle Orano) à hauteur de 35 millions d’euros et la provision budgétaire de 20 milliards, l’avion présidentiel a été acheté à crédit. « L’acheteur contribuera un montant de 22 millions de dollars de ses fonds propres au coût total de la transaction et le reste sera couvert par le financement qui sera arrangé par Afribdridge. Il est prévu que ce financement consistera en un prêt de deux ans au taux d’intérêt de 6% par an, avec des garanties comprenant une garantie de souveraine et une prise de sûreté sur l’avion », relève-t-on dans le document.

Hassoumi Massoudou a donc servi un tissu de mensonges et une enquête sérieuse pourtant facilement l’établir formellement. Pourtant, ni lui ni son commanditaire ne sont pas encore poursuivis pour cette affaire.

Laboukoye (Le Courrier)