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Le Nigérien de la semaine : M. Abdoul Salam Bello

Abdoul Salam Bello 01M. Abdoul Salam Bello

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours académique et professionnel, en nous parlant également de vous-même ?

Je vous remercie de cette opportunité qui m’est donnée de me présenter à vos lecteurs.

J’ai un profil pluridisciplinaire acquis tout au long de mon parcours académique, notamment en Gestion, en Relations internationales, ainsi qu’en Télécommunications.

En ce qui concerne mon parcours professionnel, je suis actuellement Administrateur pour le Groupe Afrique II au sein du Conseil d’Administration du Groupe de la Banque mondiale depuis le 1er novembre 2022 au siège de l’organisation à Washington. J’ai précédemment occupé le poste d’Administrateur suppléant de ce même Groupe de novembre 2020 à octobre 2022. Ce Groupe rassemble 23 pays d’Afrique subsaharienne.

Avant cela, j’ai été Chargé de projet principal à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) à Bonn en Allemagne, où j’ai dirigé un programme de restauration des terres au Sahel. De plus, j’ai exercé la fonction de Conseiller de l’Administrateur du Groupe Afrique II au sein du Groupe de la Banque mondiale de 2014 à 2019, contribuant notamment au processus de négociation de la réforme des politiques de sauvegarde du Groupe de la Banque mondiale, du financement du développement et de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Entre 2007 et 2014, j’ai occupé divers postes de responsabilité au sein d'institutions multilatérales : Directeur de Cabinet à l'Agence du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (AUDA-NEPAD) en Afrique du Sud, et Économiste à la Banque islamique de développement (BID) en Arabie saoudite. Avant cela, j’ai également travaillé dans le secteur privé en France.

Quelles sont certaines des réalisations dont vous êtes le plus fier dans votre parcours professionnel jusqu'à présent, que ce soit au pays, à l'international, ou dans d'autres    contextes ?

Il n’est jamais aisé de parler de soi-même, car comme le dit l’adage : « Parler de soi est non moins difficile que de marcher sur une corde ! ». Cependant, je peux partager quelques-unes de mes réalisations les plus marquantes.

Parmi celles-ci, je mentionnerais ma participation à la mise en place d’un Agenda pour le financement des Infrastructures et aux efforts pour la mobilisation de l’investissement privé lorsque j’étais au NEPAD. À la BID, j’ai eu l'occasion de participer à la Table Ronde de 2007 sur la mobilisation des ressources pour le Barrage de Kandadji (Niger), et j'ai accompagné le Président de l’Institution à Niamey pour la pose de la 1ère pierre de l’ouvrage, le 3 août 2008.

À l’UNCCD, j’ai contribué aux actions concernant le Climat, l’Initiative pour la Grande Muraille Verte, la Lutte contre la dégradation des terres et le renforcement des partenariats bilatéraux avec les pays donateurs. À la Banque mondiale, j’ai eu le privilège d’avoir été désigné comme Administrateur suppléant, puis élu Administrateur pour représenter 23 pays au sein du Conseil d’Administration de l’Institution. En tant qu'Administrateur, j’ai pu porter la voix de l’Afrique dans des domaines aussi prioritaires que l’Énergie, la Sécurité alimentaire, l’Emploi des jeunes et le Digital.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériens qui aspirent à une carrière réussie dans le secteur financier international ?

Je ne peux, humblement, me permettre de prodiguer des conseils. Je pourrais plutôt faire des suggestions. Je pense que le plus important est de croire en soi, en ses rêves et ambitions. Le plus difficile est de garder le cap. Il faut faire preuve de volonté, d’organisation et de détermination.

Il est également important de se donner les moyens de sa réussite. Cela passe par l’investissement sur soi, l’apprentissage, le perfectionnement. Il faut aussi montrer beaucoup de curiosité intellectuelle et s’assurer que l’on poursuit un cursus académique conforme à ses aspirations professionnelles. De plus, il faut toujours être ouvert et accessible aux autres et cultiver en permanence l’esprit d’équipe. De nos jours, l’Internet permet d’acquérir de nouvelles connaissances notamment grâce aux formations en ligne gratuites. Tout jeune qui s’y intéresse trouvera de quoi élargir son horizon académique et professionnel.

Pouvez-vous partager une expérience où votre héritage nigérien a enrichi votre perspective professionnelle ou votre approche de résolution de problèmes ?

Comme je le rappelle souvent, j’ai eu le grand bonheur d’avoir grandi au Niger et d’avoir été proche de mon grand-père. C’était un homme exceptionnel d’humanité et de sagesse, d’une intelligence du cœur sans pareille et d’un optimisme invétéré. Je voyais la manière dont il traitait les gens : toujours de l’empathie, de l’humilité, de l’intelligence, de l’humour, de la culture, de la finesse et de l’élégance. D’un autre côté, il était exigeant envers lui-même. J’ai beaucoup appris de lui sur la vie et la condition humaine. Cela m’a beaucoup aidé dans mon approche de résolution de problèmes, ou même dans ma vie professionnelle. Dans les interactions professionnelles ou personnelles quotidiennes, on doit en tout temps garder son sang-froid et aussi son sens de l’humour. Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez-lui d’abord votre bonne humeur. Cela me sert beaucoup, notamment dans les situations où il faut s’engager à maintenir une bonne entente entre les partenaires aussi bien bilatéraux que multilatéraux. Au travail, cet état d’esprit me permet aussi de ne pas céder à la pression et d’hiérarchiser les priorités.

Abdoul Salam Bello 2Comment voyez-vous le rôle des jeunes Nigériens dans la promotion du développement économique et financier du pays ?

La Jeunesse est un facteur-clé du développement socio-économique du Pays. Selon les estimations de l’Institut National de la Statistique du Niger (INS), plus de la moitié de la population du Niger a, au plus, 15 ans (52,6%) et plus de 2 nigériens sur 3 ont, au plus, 25 ans (71,64%). Ce profil démographique fait du Niger l’un des pays les plus jeune au Monde. Ceci est un formidable atout sur lequel il faut capitaliser. Comme dit un adage : « On n’attend pas l’avenir comme on attend le train. » Cette jeunesse doit prendre avantage des circonstances actuelles et des enjeux régionaux pour jouer un rôle central dans le développement du Pays. Cela passe, par exemple, par l’adaptation à l’apprentissage, l’Entrepreneuriat et l’intégration du Digital comme facteur d’accélération du développement économique et financier. Je pense que notre jeunesse a un potentiel formidable et a la possibilité de se former, d'apprendre des langues, d'innover et de découvrir de nouveaux métiers grâce à Internet et aux technologies du numérique.

À chaque mission, quand le temps le permet, j'organise une rencontre avec les jeunes pour échanger sur nos expériences. Cela me donne l’occasion de mesurer à quel point nous avons une jeunesse dynamique qu’il faut accompagner et soutenir. Je suis confiant que la jeunesse du Niger, avec le soutien des décideurs et l'accompagnement nécessaire, sera le moteur de notre économie dans un avenir proche.

En quoi la diversité culturelle et les perspectives internationales sont-elles importantes dans votre domaine, et comment les jeunes Nigériens peuvent-ils les utiliser à leur avantage ?

Nous sommes un Peuple connu pour sa patience et sa résilience. Ce sont des atouts qui nous servent tous les jours et cela se caractérise notamment par une grande réflexion avant la prise de décision. Cela aide aussi dans l’adressage des conflits et dans le processus de négociation. De plus, le concept de « cousinage » et de « Parenté à plaisanterie » contribue à décrisper les situations les plus complexes. En évoluant dans un environnement multiculturel, nous assimilons la dose d’empathie et la prise de perspective qui permet de superviser les équipes de travail qui elles-mêmes sont multiculturelles. Enfin, il faut garder à l’esprit les valeurs religieuses et éducatives qui nous ont été inculquées et qui régissent nos comportements. Le respect est dû à ses interlocuteurs, quel que soit le niveau professionnel.

Votre mot de la fin.

Quelle que soit l’évolution, le parcours, le lien avec la famille, la communauté reste essentielle. Le parcours professionnel, quel que soit le niveau, appelle à des responsabilités vis-à-vis des siens. Dans la culture anglophone, il y a ce qu’on appelle le « give-back » (donner en retour à la société). Un citoyen informé et éduqué est plus indispensable que jamais. Nous sommes quelque part tous dépositaires d’une responsabilité.  Nous avons un devoir de mémoire et de solidarité.

Réalisée par Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)