Skip to main content

Insécurité : La persistance de l’insécurité doit interpeler le CNSP

Abdourahamane Tiani Niger Le 26 juillet 2023, lorsque l’armée nigérienne, avec, à sa tête, le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP), renversait Bazoum Mohamed, deux raisons fondamentales étaient avancées :‘’la dégradation continue de la situation sécuritaire ’’et ‘’la mauvaise gouvernance économique et sociale’’. Ce sont d’ailleurs ces deux raisons qui ont amené le peuple nigérien, sur l’ensemble du territoire national, à accueillir favorablement et spontanément le coup d’Etat et à apporter un soutien inconditionnel et désintéressé au CNSP. Le Niger tout entier souffrait de l’insécurité et de la mauvaise gouvernance. Dix mois après, l’on peut dire que le CNSP a redonné la parole aux nigériens, eux qui, pour un oui ou pour un non, étaient embastillés pendant que les voleurs, les trafiquants de drogue et d’armes jouissaient d’une impunité totale, narguant le peuple nigérien de façon ostensiblement indécente. En plus de cette parole libre retrouvée, les nigériens se réconcilient petit à petit avec eux-mêmes, malgré les graves déchirures causées par 13 ans de gestion sectaire par la renaissance. Le bien le plus précieux qu’ils ont c’est le Niger et qu’il vaut mieux se mettre ensemble pour faire face aux multiples défis qui assaillent, de toutes parts, le pays. Les bases d’une gouvernance vertueuse sont en train d’être jetées. Néanmoins, sur le plan sécuritaire, si les militaires français, suivis bientôt des américains, sont partis, chassés du territoire nigérien par le CNSP soutenu fermement par le peuple nigérien, leurs suppôts et leurs amis, les territoires, fabriqués et entretenus pour déstabiliser et détruire les pays du Sahel, sont toujours présents, encore plus acharnés à réaliser leurs sales besognes : terroriser et massacrer les populations, on ne sait à quel dessein final.

L’insécurité est toujours persistante et meurtrière

Malgré donc le départ des français, militaires et officiels civils, leurs amis, les terroristes sévissent toujours au Sahel, surtout et malheureusement au sein des populations civiles. Au Niger, c’est la région de Tillabéri qui est devenue, ces derniers temps, leur lieu de prédilection. Goyo; Diambala, Téra Tondikiwindi ; Abala ; Tara. La liste macabre est longue. Toutes ces localités pleurent leurs morts.Les attaques, particulièrement meurtrières, se multiplient dans tous les coins de la région, rivalisant de victimes innocentes massacrées et de populations sommées payer des taxes et des impôts, ou tout simplement de quitter leurs terres ancestrales, errant dans leur propre pays. De sorte que, pour certaines populations de la région de Tillaberi, le changement, promis dans le domaine de la sécurité, n’est pas au rendez-vous. Aux terroristes venus d’ailleurs, endoctrinés par de fumeux et sanguinaires maitres, originaires d’autres cieux, s’ajoutent de plus en plus des complices internes que les populations locales commencent à dénoncer, les langues étant désormais déliées et la dénonciation des malfrats n’étant plus considérée comme un crime comme sous la renaissance. Mais, les attaques devenant de plus en plus violentes et fréquentes, le pessimisme et le désespoir s’installent dans l’esprit et le coeur de certains citoyens. C’est la raison pour laquelle le CNSP doit donner des signaux forts dans ce domaine, surtout à l’approche de la saison des pluies, en fixant sur place et en sécurisant davantage des populations qui sont toutes à vocations agropastorale pour qu’elles puissent s’adonner paisiblement à leurs activités de production. Sans cela, c’est l’errance, la famine et la maladie qui risquent même de radicaliser et faire basculer certains du mauvais côté. Un comble à éviter par tous les moyens. Voilà pourquoi, tous, gouvernants comme gouvernés, doivent se mobiliser pour faire face énergiquement à ce fléau qui persiste et plombe les efforts de développement du pays. Une révolution, celle de la reconquête de notre souveraineté et de l’indépendance nationale, est en cours dans notre pays. Il faut accepter de consentir les sacrifices qui conviennent et ne plus continuer à se comporter comme nous nous sommes comportés jusqu’ici. C’est pourquoi il est indispensable d’instaurer une gouvernance vertueuse où chaque citoyen se sent chez lui, sécurisé, considéré et pris en compte. C’est impossible d’aboutir à des résultats différents avec les mêmes méthodes, les mêmes attitudes.

Consentir les sacrifices nécessaires pour vaincre l’hydre terroriste

Une situation nouvelle appelle nécessairement une attitude nouvelle. Le Niger vit une insécurité sans précédent, depuis bientôt une décennie. Elle persiste, même après le coup d’Etat militaire intervenu dans notre pays le 26 juillet 2023, justifié par, entre autres, ‘’la dégradation continue de la situation sécuritaire’’. Alors que les nigériens pensaient que l’arrivée des militaires au pouvoir allait sonner le glas du terrorisme et de l’insécurité sur l’ensemble du territoire national, ils découvrent, à leur corps défendant, la complexité du phénomène d’insécurité. L’insécurité persiste. Les terroristes continuent à massacrer. La situation des populations de Tillaberi et les autres régions du pays qu’écument les terroristes et les bandits armés est similaire à celle d’un Nelson Mandela, quelques jours après sa libération, en 1990, après avoir passé 27 ans en prison. Au journaliste qui lui demandait ce qu’il pensait des changements intervenus en Afrique du sud, il répondit ceci : ‘’Il y a 27 ans, quand je partais en prison, je n’avais pas le droit de vote. 27 ans après, je n’ai toujours pas le droit de vote’’. Donc pas de changement. De même, pour les citoyens et régions victimes du terrorisme, il n’y a toujours pas la sécurité. Les choses sont presque restées telles quelles. Malgré la volonté affichée du CNSP et du Gouvernement d’en finir avec l’insécurité ainsi que les multiples efforts déployés. C’est la raison pour laquelle tous doivent accepter de faire les sacrifices qu’il faut. L’Etat doit susciter et favoriser une plus grande collaboration entre les populations civiles et l’armée, afin que celles-ci puissent leur donner les informations utiles pour mettre hors d’état de nuire les terroristes, sans craintes de représailles en cas de dénonciations. Ainsi, les populations locales elles-mêmes vont participer activement à la lutte contre le terrorisme sans être rentées de se faire justice elles-mêmes, puisque l’Etat les protège. Quant aux membres du CNSP et du Gouvernement, à l’instar d’autres dirigeants de certains pays en pareilles circonstances, ils doivent renoncer à certains de leurs avantages qui pourraient être affectés, avec une partie des fonds levés par le Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie et ceux récupérés par la ColDEFF, à la lutte contre le terrorisme en équipant l’armée, renforçant du coup sa force de frappe. Les populations civiles nigériennes, sur l’ensemble du territoire national, consentent ce sacrifice chaque jour sur chaque recharge et appel téléphonique. D’autres, en plus de cela, remettent directement leurs contributions au Fonds de solidarité. Pourquoi, donc, ceux qui ont bénéficié d’un décret de nomination ne renonceraient-ils pas à certains de leurs avantages, pour donner l’exemple et du courage à ceux qui, malgré la modestie de leurs moyens, le font ? Tant qu’il n’y pas de sécurité, aucune activité de développement ne peut être envisagée et réalisée de manière durable. La vie même n’est pas possible, puisqu’elle peut être ôtée à tout moment par un assoiffé de sang. Il est par ailleurs impératif de réformer la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP) afin qu’elle joue pleinement son role de recherche et de consolidation de la paix, par les moyens militaires comme civils, en réfléchissant sur les comportements qui minent la paix et la cohésion sociale, en vue de proposer des solutions durables et bénéfiques pour l’ensemble du pays. Il faut de ce point de vue, nécessairement, tourner le dos à la HACP, genre du général fugitif Abou Tarka qui provoque, insulte, et qui a transformé, selon des sources bien informées, l’institution en officine de rencontres douteuses et peu orthodoxes, aux antipodes de la recherche et de consolidation de la paix entre filles et fils d’un même pays.

Bisso (Le Courrier)