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Dépenses ostentatoires au cours des cérémonies à Niamey : Combattre les contre-valeurs pour l’avènement d’une société tournée vers l’éthique et la solidarité

En dépit de la pauvreté ambiante, les cérémonies de mariage, de baptême et même des funérailles coûtent énormément chères dans les centres urbains de notre pays et particulièrement dans la capitale Niamey. En effet au cours de certaines cérémonies, des dépenses superflues sont constatées. Ces pratiques de gaspillage constituent un véritable danger pour la société. Au vu de l’ampleur des dépenses ostentatoires lors des cérémonies, la question a été évoquée par le ministre sortant en charge de la culture lors d’une journée parlementaire organisée le samedi 24 juin 2023 à l’hémicycle, pour une mobilisation collective des Nigériennes et des Nigériens afin de stopper net cette hémorragie qui est en train de ruiner silencieusement les foyers.

Les cérémonies de joie ou même de peine connaissent une certaine festivité très coûteuse à Niamey. On peut citer entre autres les uniformes lors des mariages ; les dépenses folles le jour du mariage, etc. En effet, il est facile de voir trois à quatre uniformes pour un seul mariage. Il y a le pagne à porter pendant la cérémonie traditionnelle prévue la veille du mariage, communément appelé ‘’Patty kawyawa en haoussa ou Hanna en zarma’’, le basin uniquement réservé à la cérémonie religieuse du matin ‘’la Fatiha’’, un autre pagne pour le reste de la journée et enfin le « sahari» pour le cortège des mariés.

Selon M. Rachid Maman, ces dépenses inutiles peuvent contribuer au divorce. Il explique d’ailleurs que certaines personnes organisent une cérémonie grandiose dont elles n’ont pas les moyens. « Elles s’endettent jusqu’au cou pour se conformer aux autres qui, peut-être, ont plus de moyens qu’elles. C’est une réalité masquée qui est à l’origine de beaucoup de divorces au Niger. Après quelques mois de mariage, la vraie réalité commence à apparaitre au grand jour. Elle conduit inéluctablement à la séparation du couple », explique-t-il. C’est dire que rien de grand et de durable ne saurait être construit en masquant la vérité aux autres.

C’est pourquoi, lors de la journée parlementaire, le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat sortant, soulignait que le pays fait face à de réelles mutations et qui ne répondent pas toujours aux aspirations des autorités et à l’intérêt général. «De manière sournoise, il se développe une culture du gaspillage, d’exhibition de luxe lors des manifestations, qu’elles soient de joie ou de peine » a-t-il  dit.

En effet  en 2020, le Ministre en charge de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des affaires coutumières et religieuses, avait fait une communication en Conseil des ministres sur cette question avant de mettre en place, un comité de réflexion en vue de faire le point des caractéristiques de ce phénomène au Niger. Aussi en mars 2022, un forum national sur les dépenses ostentatoires a été organisé à Dosso, avec la participation des représentants de toutes les couches socioprofessionnelles, les représentants des institutions de la République, les gouverneurs, les présidents des conseils régionaux, l’Association des chefs traditionnels du Niger, le Conseil islamique, le Conseil national de la jeunesse, le Médiateur de la République, l’Assemblée nationale etc.

Selon le ministre de la Culture d’alors, il serait plus judicieux d’emmener « un jeune à injecter 100.000 FCFA dans un projet entrepreneurial que d’acheter un cellulaire à 800. 000 FCFA ; un chef de famille à ne pas dépenser son revenu annuel pour célébrer un mariage ou un baptême ; nos femmes, à ne pas dépenser 200.000 FCFA dans leur propre habillement sans pouvoir manifester leur solidarité à l’endroit de leur sœur à l’occasion de la cérémonie à laquelle elles ont été  invitées », a-t-il conseillé.

Salima Hamadou Mounkaila (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org