Tabaski : Revenir à l'essence du sacrifice au-delà des apparences
Mouton par-ci, mouton par-là ! À l'approche de la fête de Tabaski, le mouton devient la principale préoccupation des pères de famille. Il semble que chacun complique les choses plus que nécessaire. L'islam, en prescrivant les critères pour le sacrifice d'Abraham, voulait nous éviter les excès observés souvent dans le choix du mouton, que l'on souhaite toujours plus gros et donc plus coûteux.
Les préceptes de l'islam sont clairs : l'animal sacrifié doit être exempt de défauts visibles. Il ne doit pas être borgne, boiteux ou visiblement malade, et doit respecter un âge minimum (six mois pour le mouton, un an pour la chèvre, deux ans pour la vache et cinq ans pour le chameau). Il est également possible de faire un sacrifice collectif, où un chameau ou une vache peut suffire pour sept personnes, réduisant ainsi la pression sur le choix du mouton.
Cependant, malgré ces facilités, le mouton reste au cœur des préoccupations, parfois au détriment des principes moraux islamiques. Certains n'hésitent pas à recourir à des méthodes douteuses pour acquérir le mouton nécessaire, telles que le vol, l'arnaque ou l'endettement excessif. D'autres considèrent la taille et le nombre de moutons sacrifiés comme un moyen de rivaliser avec leurs voisins, transformant le sacrifice en un simple défi de prestige.
Même ceux qui possèdent déjà leurs moutons ne sont pas à l'abri du stress. Un autre défi majeur est de protéger l'animal jusqu'au jour de la fête. La vigilance est de mise pour éviter les voleurs, ce qui pousse certains à garder le mouton dans leur propre chambre, malgré les désagréments que cela peut causer, comme les bêlements incessants de l'animal, dérangé par son nouvel environnement.
En fin de compte, la période précédant la Tabaski est marquée par des préoccupations et des défis divers, souvent bien loin des intentions originelles de simplicité et de piété prescrites par l'islam. L'obsession du mouton, au-delà des exigences religieuses, devient un véritable casse-tête pour beaucoup, transformant une célébration spirituelle en une course effrénée à la démonstration et à la surenchère.
Ainsi, il serait sage de revenir à l'essence même de cette tradition, en se rappelant que le véritable esprit de la Tabaski réside dans le sacrifice sincère et la pureté des intentions, plutôt que dans la taille ou le prix de l'animal offert. Ce retour aux sources permettrait de redonner à cette fête toute sa dimension spirituelle et communautaire, loin des préoccupations matérielles qui l'ont envahie.
Niadou Kio (Nigerdiaspora)