Utilisation du Canari pendant la canicule à Niamey : Un retour aux sources pour se rafraichir
En dépit de la présence des réfrigérateurs dans les ménages, l’utilisation du canari, ce récipient issu de la production artisanale, a aussi le vent en poupe en cette période de forte canicule. Si certains se contentent de rester dans le modernisme en utilisant l’eau conservée dans le réfrigérateur, d’autres par contre préfèrent faire confiance à leur culture en se contentant de l’eau du canari pour étancher leur soif. A cette occasion, beaucoup de personnes viennent se procurer cet outil artisanal pour rafraichir de l’eau tout en gardant son état naturel. Cette ruée vers les canaris est une sorte de retour au source pour se rafraîchir.
Assise sur une chaise entourée de divers articles en agile cuite, Mme Amina Abdou est une vendeuse des articles traditionnels aux alentours du musée national Boubou Hama de Niamey. La quadragénaire dit exercer cette activité depuis des années. « Ça fait actuellement 15 ans que j’exerce ce métier. Mais bien avant, c’était ma maman qui était dans ce business. Compte tenu de son âge avancé, elle ne peut plus exercer l’activité et j’ai pris sa relève », a-t-elle dit, avant d’ajouter que les pots en argile lui viennent du village de Boubon. « J’ai actuellement ma grande sœur qui fait partie des femmes fabriquant divers articles artisanaux à Boubon. C’est elle qui confectionne pour m’envoyer afin de revendre », a-t-elle fait savoir.
D’après elle, l’affluence de la clientèle autour de ses articles dépend des périodes de l’année. « Pendant la période froide, le marché était morose, du coup les gens ne s’intéressaient pas trop à ça. C’est une période pendant laquelle les gens consomment moins d’eau fraiche. En dehors de cette saison, les gens en achètent. Mais, à l’occasion du mois béni de Ramadan, le marché est satisfaisant. Parce qu’il y a certains qui achètent pour faire l’aumône dans des mosquées, des makarantas et autres, et d’autres par contre qui achètent pour leur propre usage. Il y a aussi des gens qui ne prennent pas de l’eau fraiche, ils préfèrent l’eau du canari neuf », a précisé la vendeuse.
D’après cette vendeuse, les prix des articles varient selon la catégorie et la taille de l’article. « Nous avons des articles qui varient de 2500 F CFA à plus, tout dépend du choix opéré par le client », a-t-elle expliqué. La vendeuse s’est dit satisfaite de son activité, car, elle arrive à s’en sortir et gagner bien sa vie. « Dieu merci, petit à petit j’arrive à écouler mes articles. Les gens qui connaissent la valeur de l’eau du canari viennent en acheter. Nous arrivons à trouver notre compte malgré les difficultés économiques auxquelles notre pays fait face », a relevé Mme Aminatou.
Pour ce qui est des entraves, cette commerçante dit avoir été confrontée surtout au problème d’acheminement de ses articles. « Les pots en argile sont comme des œufs, ça se casse très facilement. Du coup, nous enregistrons des pertes énormes. Il y a également des clients qui trouvent nos articles chers, alors que nous ne gagnons pas grand-chose », a -t-elle expliqué.
Halima Issa est également vendeuse des articles en argile. « Nous avons hérité cette activité de nos grands-parents. Un métier qu’on pratique depuis des années. Nous achetons nos articles à Boubon puis nous les revendons ici. Malgré l’usage des réfrigérateurs dans les ménages, les gens en achètent en grande quantité. D’une part, les gens qui n’ont pas les moyens de se procurer du réfrigérateur achètent, et ceux qui ont le réfrigérateur préfèrent consommer l’eau du canari, d’autre part. Et surtout en cette période de forte chaleur, les gens achètent beaucoup », a-t-elle expliqué.
Selon la vendeuse, certains estiment que le canari est un outil démodé pendant que d’autres pensent que l’eau du canari est meilleure que celle du réfrigérateur. « C’est le modernisme qui est venu changer la vie des gens. Sinon, il n’y a pas meilleure eau fraiche et bonne à boire que celle du canari. Même à travers son goût, la personne peut le constater », soutient-t-elle, avant d’ajouter que « Dieu merci, le métier est très bénéfique pour moi car, gagner sa vie à la sueur de son front et gagner dignement sa vie, il n’y a pas un grand bonheur plus que ça », se réjouit-t-elle.
Mariama Hassoumi est une cliente qui est venue acheter son canari. L’âge avancé, notre interlocutrice a vécu les époques où le canari était le seul et unique moyen par lequel les gens avaient de l’eau fraiche « Je suis venue acheter le canari parce que j’aime son eau. Je ne consomme pas celle du réfrigérateur. Depuis notre enfance, je ne connais aucune eau fraiche que celle du canari. L’eau du canari est non seulement bonne, mais aussi n’a pas d’inconvénient. Alors que celle du réfrigérateur provoque des douleurs et aussi le rhume. L’eau du canari étanche la soif plus que celle du réfrigérateur, elle fait mon affaire », confie-t-elle.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org