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Lettre au Président de la République : Sécurité menacée - Appel à l'action dans le département d'Illéla

Le General de Brigade Abdourahamane TianiM. Moustapha kadi Oumani Promoteur du Festival de la Concorde et de la Cohésion Sociale (FECCOS-SHARO)

Illéla, 8 mars 2024

A

Son Excellence Monsieur le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l'Etat de la République du Niger

Objet : situation sécuritaire dans le département d'Illéla

Excellence Monsieur le Président,

L'Etat du Niger est, depuis les événements du 26 juillet 2023 dans une dynamique d'égalité et de justice, digne d'une nation en devenir. La souveraineté de notre pays, sous votre magistère, n'est pas un vain mot. La nation nigérienne est débout. Notre pays est sans tutelle, se gère lui-même et pour les seuls intérêts de son peuple. Tout semble, être mis en place pour que tous les fils du Niger se sentent chez eux et participent à la construction de leur Nation.
À de multiples occasions, vous avez exprimé la nécessité impérieuse de sécuriser toute l'étendue du territoire national, à la hauteur des engagements pris par le CNSP au grand bonheur de toute la population. Nul n'ignore la situation sécuritaire sur les trois frontières et à l'Est du pays et, il faut être d'une mauvaise foi manifeste pour ne pas voir tous les efforts consentis pour juguler les actions néfastes des terroristes et leurs parrains. Néanmoins, un constat amer ternit ce bilan sécuritaire dans le département d'Illéla, à cause des actes de violences qui prennent une ampleur digne des horreurs sombres du terrorisme.
A cet égard, nous saluons, avec vous, la capacité de nos Forces de Défense et de Sécurité à protéger l'ensemble des fils du pays. Ce qui semblait impossible depuis des années, vous avez su le faire en quelques mois. Nous dirons, dans ce domaine beaucoup de solutions ont été trouvées. Nous devrons tous nous en souvenir !

Excellence Monsieur le Président,

Le département d'Illéla, ce havre de paix, cette zone agricole à la fois zone d'élevage par excellence, risque d'en être qu'un souvenir de ce temps où les populations pouvaient vaquer tranquillement à leurs tâches quotidiennes et dormir la nuit à la belle étoile tout aussi paisiblement. A cet effet, permettez-nous de vous relater des faits dignes de foi qui traumatisent la paisible population : selon plusieurs sources locales, des assaillants à motos, s'en prennent à de paisibles citoyens, pillent leurs maisons, dévalisent leurs boutiques et emportent leurs bétails (petits et gros ruminants). Trois (3) mois au paravent, ces assaillants ont attaqué les villages de Faska et Madatta à deux reprises, emportant leurs animaux.
Récemment encore, ils ont tué et caché dans des branches un infirmier du CSI au nom de Abdoulmoumouni Aboubacar à Ilou et volé sa moto. Il n'y a eu ni dénonciation, ni témoignage de la part des villageois de la commune rurale de Aléla par crainte de représailles. Les autorités administratives et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) sont régulièrement informées de ces attaques.
La dernière perpétrée par six (6) individus armés, date du 3 mars 2024 à Kouara-Peul et a occasionné la mort d'un enseignant à la retraite, âgé de 66 ans, beau-fils du Chef de Groupement Peul de Birni N'Konni, Elhadji Barthé Dottiré. Cet enseignant retraité fut battu à coups de bâtons et de machettes avant de succomber à ses blessures. Des impacts de balles sont encore visibles sur la fenêtre. Rien n'arrêta la violence sauvage de ces assaillants que quand, il déclara avoir confié une somme d'argent à un vieux du village. Avides et déterminés, les tortionnaires l'entrainèrent au lieu dudit dépôt, et comme ils neurent pas gain de cause, ils le battirent jusquà ce que mort s'en suive. Autre fait avéré, deux mois auparavant, des bandits armés ont attaqué les villages de Dangona et de Daoureré pour emporter du gros bétail. Il y a encore des témoignages consignés par les autorités administratives et sécuritaires qui soulignent la dégradation de la situation sécuritaire. Preuve que la violence est devenue un fléau grandissant dans cette zone où les bandits armés ont réussi à installer un modus vivendi de leurs larcins.
En général, les attaques à main armée se déroulent le plus souvent tard dans la nuit, après minuit et deviennent de plus en plus chroniques. Les populations n'ont aucun moyen d'assurer leur propre défense face à des bandits en possession d'armes de guerre. La situation devient de plus en plus inquiétante pour tout le monde. Si rien n'est fait au plus vite, toute la bande frontalière avec le département de Birni N'Konni risque d'être un nid de malfaiteurs, nuisibles pour toute la région de Tahoua et difficiles à détruire grâce à certaines complicités locales. Le Préfet du Département d'Illéla, Monsieur Abdou Djibo Issaka et le Gouverneur de la Région de Tahoua, le Colonel-major Oumarou Tawayé, mus par la volonté de répondre au mieux aux attentes exprimées par les populations font beaucoup d'efforts pour endiguer le mal, mais la situation a pris une ampleur destructrice. La zone concernée est presque infectée, quelle soit qualifiée de zone rouge. Les autorités locales ont besoin de moyens conséquents pour ramener la quiétude sociale et protéger les animaux des paisibles citoyens. Car, si la situation sécuritaire décroît, lui succède aujourdhui une crise sociale et économique d'une ampleur exceptionnelle. L'urgence est avant tout de préserver la sécurité humaine et de renforcer la vigilance pour empêcher les bandits d'emporter les biens des honnêtes citoyens.
Bien-sûr que nous sommes préoccupés par la situation des travailleurs qui perdent leur vie dans cette zone. L'enjeu est de votre ressort. A crise exceptionnelle, mesures exceptionnelles !
A cet égard, nous lançons un vibrant appel à votre sagesse, afin que le banditisme soit définitivement éradiquer dans ces localités. C'est aussi pourquoi, le concours de tout le monde est indispensable et même sollicité pour faire face à cette douloureuse épreuve.

Excellence Monsieur le Président,

L'insécurité combattue dans certaines zones du Niger au grand bonheur des populations doit faire école dans le département d'Illéla, car les populations ne peuvent se protéger, parce que se procurer une arme est un délit. Certaines personnes commencent à mettre en place leurs propres agents de sécurité civile pour contrer un tant soit peu cette violence endémique. Nous pensons, et nous croyons que le glaive du pouvoir que vous incarnez si bien est la voie idoine, et la seule, pour redonner confiance à cette partie du Niger, meurtrie, convaincu que le CNSP, sous votre haute clairvoyance, ne ménagera aucun effort pour la sécurisation de notre pays.
En vous remerciant par avance de la prise en considération de cette préoccupation, nous vous prions d'agréer, Excellence Monsieur le Président, l'expression de notre haute considération.
Respectueusement !

Ampliations :

- Premier Ministre
- Ministre de la Défense nationale
- Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité publique et de l'Administration du territoire
- Gouverneur de la Région de Tahoua
- Préfet du Département d'Illéla
- Maire de la Commune Urbaine d'Illéla
- Chef de Canton d'Illéla
- Médias