Le mariage au Niger : Entre tradition et réalité sociale
Le mariage, considéré comme la plus grande institution de sociabilité dans un pays fortement islamisé comme le Niger, revêt une importance particulière. Non seulement il est perçu comme un signe de maturité pour les individus, mais il offre également un statut social respecté. Autrefois, le célibat était stigmatisé à tel point qu'il était difficile pour un célibataire d'accéder à des postes de responsabilité, même sous l'ancien régime du Général Seyni Kountché. Le mariage était alors valorisé, donnant à l'épouse le sentiment de contribuer à la promotion sociale de son mari. Cette dynamique sociale a maintenu la stabilité des couples, en particulier parmi les cadres de l'administration.
Cependant, les pratiques traditionnelles telles que les mariages arrangés ou les mariages entre cousins sont en déclin, en raison des risques d'endogamie et de consanguinité. De plus, avec l'augmentation des années d'études, de nombreux couples se rencontrent en dehors du Niger.
Les célébrations de mariage restent souvent coûteuses malgré une recommandation officielle fixant la dot à 50 000 francs CFA. Cette situation entraîne souvent des difficultés financières pour les couples dès le début de leur vie commune. Pendant les fiançailles, certains candidats au mariage dépensent sans compter pour impressionner, ce qui peut entraîner des déséquilibres financiers futurs.
Le taux de divorce est alarmant, avec 50% des mariages contractés à la Mairie de Niamey se terminant par un divorce après seulement six mois. Les mariages coutumiers, non enregistrés, présentent probablement un taux encore plus élevé de divorce. Les raisons du divorce sont variées, allant du non-respect des besoins de la femme à la violence conjugale.
L'association islamique du Niger enregistre un nombre croissant de demandes de divorce, principalement de femmes victimes de négligence ou de violence. Cependant, le processus de divorce est complexe et comprend plusieurs étapes visant à réconcilier les couples en conflit.
La violence conjugale reste un problème majeur, bien que désormais prise en compte par le code pénal du Niger. Les femmes peuvent demander le divorce si la vie conjugale devient impossible, mais la répudiation reste une option privilégiée pour les hommes, qui peuvent invoquer divers motifs pour se séparer de leur épouse.
Le mariage au Niger est une institution parfois complexe, mêlant tradition et réalité sociale. Malgré son importance culturelle et sociale, il est confronté à des défis tels que la pression financière, le taux élevé de divorce et la violence conjugale. Les autorités et les organisations locales travaillent à sensibiliser et à soutenir les couples en difficulté, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour promouvoir des relations conjugales saines et égalitaires.
Ali Cissé Ibrahim.
Avec la contribution de l’Institut PANOS