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Seyni Kountché à travers ses discours : le patriotisme à l'état pur - Par Assane Soumana

A l’heure où notre pays commémore, ce vendredi 10 novembre 2023, le 36ème anniversaire de la mort du Président Seyni Kountché, l'opportunité s'offre à nous de revisiter l'Homme et son oeuvre aux commandes et au service du Niger. L'histoire a retenu, et retiendra davantage, que pour le rayonnement de notre pays, en bon soldat, le Général s'était assidûment investi corps et âme, jusqu'à son dernier souffle, avant de tirer sa révérence, le 10 novembre 1987.

Il est vrai que, à force d’écouter ou de lire les témoignages des hommes et des femmes qui l’ont côtoyé de près, les Nigériens sont clairement édifiés sur les hauts faits cet homme d'État hors paire. Et de façon quasi-unanime, les observateurs s'accordent à reconnaitre l'intransigeance du Général par rapport à un certain nombre de questions, en l'occurrence celles relatives à la défense des valeurs patriotiques et à la sauvegarde de l’unité nationale.

Et la grande attention qu'il accorde à ces questions s'affiche dans tous ses discours. "Les sujets que j'aborde les uns après les autres sont tous d'un intérêt national certain", confiait Seyni Kountché dans le discours- bilan qu'il prononçait le 15 avril 1979.

D'abord, la souveraineté du Niger et la dignité de son peuple ! Pour le Président Seini Kountché, ces deux valeurs ne sont pas négociables, et leur affirmation ne devrait souffrir d'aucune ambiguïté. « Le peuple du nigérien ne pliera plus jamais l’échine ! Patriotes nigériennes et nigériens, nous creuserons ensemble, la tombe de tous les impérialistes, et aujourd’hui ni demain, vous ne laisserez à personne la possibilité de dicter sa loi chez nous ! ».
Et, selon sa vision, l'affirmation de la dignité de notre peuple devrait d'abord se faire sur le front de la bataille pour l'autosuffisance alimentaire, un des sujets majeurs évoqués dans tous ses discours et messages à la Nation. "Aucun Nigérien ne mourra de faim, même si nous devons consacrer à cela la totalité de notre budget !", avait juré Seyni Kountché, un jour de février 1976, de retour d'une tournée à l'intérieur du pays.

La consolidation de l'unité nationale était l'un des sujets les plus marquants du discours de Seyni Kountché. "Nous ne tolérerons aucune velléité de division au sein de notre peuple, aucune propension à la constitution de clans idéologiques ou d'intérêts dont le but sera de distraire nos masses populaires des préoccupations économiques et sociales qui les assaillent", disait-il dans un de ses multiples messages à la Nation.

Pour défendre les valeurs d'unité nationale, il ne lésinait pas sur les mots pour se faire entendre de haute et intelligible vive. "Et là, je m'adresse aux Nigériens dont la nigérienneté est encore verte, qui vivent dans la petitesse et les bas instincts, et qui ne veulent voir et connaître du Niger que leur ethnie, leur région, leurs intérêts sordides et égoïstes. S'il le faut, nous édicterons à leur encontre des sanctions terribles...", rappelait-il dans son message à la Nation lors du 2ème anniversaire de la prise du pouvoir (15 avril 1976).

Quant à l'administration publique, elle était carrément dans le viseur du Président Kountché qui n'hésitait pas à sévir quand il s'agissait d'y remettre les choses dans l'ordre normal du fonctionnement d'une administration digne d'être au seul service du développement. "Nous ne tolérerons plus l'affairisme trop marqué qu'affichent ostensiblement certains agents de l'Etat, et qui les pousse à passer le plus clair de leur temps plus souvent dans les milieux d'affaires que dans leurs bureaux ", avait-il prévenu.

L'Homme du 15 avril 1974 s'était distingué aussi par l'amour et les ambitions qu'il nourrissait pour son pays, le Niger. A ce propos, il disait que ''le Niger est notre bien, certainement notre bien le plus précieux...". Ce sont là quelques mots forts si bien énoncés qui nous éclairent fort opportunément sur les valeurs qu'incarnait Feu Seini Kountché, ses ambitions ainsi que les sujets qui lui étaient très chers.

Nous n’irons pas jusqu’à dire que "Taweye" (le jumeau qu'il est) était un devin, mais force est de constater que, aujourd’hui soit 36 ans après sa disparition, les thèmes et les mots qui dominent la quintessence de son discours politique gardent encore leur sens et leur pertinence dans le contexte actuel de notre pays, le Niger.

Assane Soumana, Journaliste-consultant