A la découverte du savoir-faire nigérien : Dr. Ousmane Mamadou Arima, une pharmacienne engagée dans la valorisation de la médecine traditionnelle
En cette journée du 4 octobre, le salon 100% battant son plein, nous sommes devant le Stand de l’herboristerie Tudun Lahia, un stand qui de par sa décoration suscite la curiosité et l’envie d’en savoir plus. En effet, en plus des flacons contenant des liquides brunâtres, le stand est mis en valeur par plusieurs variétés de plantes. Débout derrière son stand, Dr. Ousmane Mamadou Arima, pharmacienne de profession confie qu’elle est venue au Salon 100% Made In Niger présenter son savoir-faire et témoigner des vertus sanitaires des ressources végétales du Niger.
L’herboristerie Tudun Lahia, ‘’la nature nous soigne’’ apprend-on, est une structure qui fabrique des médicaments traditionnels améliorés. « Avec les études scientifiques, on a vu que beaucoup de nos plantes contiennent des constituants chimiques efficaces contre beaucoup de maladies. Le travail que nous avons fait a consisté à prendre ces plantes pour traiter différents types de maladies et de préparer des sirops qui respectent les normes d’hygiène et qui sont stables avec un dosage précis ; qu’on peut vraiment prendre comme les médicaments de la pharmacie », a-t-elle dit. D’où l’appellation médicaments traditionnels améliorés.
A la question de savoir pourquoi la médecine traditionnelle, étant pharmacienne de profession, Dr. Ousmane Mahamadou Arima confie avec enthousiasme sa motivation : « je me suis rendue compte qu’il y’avait beaucoup de produits qui n’étaient pas accessibles économiquement à notre population. Mis à part cet autre aspect, la fréquence des effets secondaires de beaucoup de produits a fait qu’on remarque à travers le monde, pas seulement au Niger, un retour vers la nature, il y a un regain d’intérêt pour la pharmacopée traditionnelle. Donc on s’est dit en tant que pharmacienne on devrait apporter notre contribution pour soulager autant que faire se peut la souffrance de nos pauvres populations en quête de soin de santé. Nous connaissons déjà l’essence de la phytothérapie qui est la médecine traditionnelle. Donc on ne devrait pas négliger cela. C’est ce qui m’a vraiment motivée, il y avait cet aspect social mais aussi le fait d’apporter quelque chose à la population en valorisant les ressources que nous avons et qui sont à notre portée ».
Et d’ailleurs, a-t-elle ajouté, avec toutes les ruptures de médicament qu’on a actuellement, on s’est rendu compte effectivement de l’importance de tout le travail que nous sommes en train de faire.
L’herboristerie Tudun Lahia propose parmi ces produits le sirop Anti toux en flacon de 250 ml qui est utilisé contre toutes les formes de toux et de la sinusite. Il y a aussi l’Antaldent un sirop utilisé dans le traitement des troubles de la dentition notamment tout ce qui concerne les vomissements, la diarrhée, la fièvre, le manque d’appétit, ces maux qui éprouvent les enfants pendant la période de la poussée des dents. Outre ces deux produits, l’herboristerie propose également des sirops contre les hémorroïdes (interne et externe), la fatigue générale, la faiblesse sexuelle, la constipation qui accompagne l’hémorroïde et les saignements. Il y a aussi le Gastrorima, un produit contre l’ulcère gastrique qui est utilisé pour la cicatrisation, l’indigestion, le ballonnement qui surviennent pendant les crises d’ulcère.
L’Antiasthma, un sirop naturel adapté pour le traitement de fond de l’asthme. A ceux-là s’ajoutent la poudre de moringa, un produit qui n’est plus à présenter et qui a beaucoup de propriétés. Le Drepanorme est une autre poudre utilisée dans la prise en charge de la drépanocytose. Dans le cadre de la prise en charge de la drépanocytose la pharmacienne et tradipraticienne a fait savoir qu’il a été fait un protocole de suivi pendant des années de plusieurs malades. « Nous avons remarqué que quand on suit le protocole de 3 mois, beaucoup de malades ne font plus de crises qui nécessitent une hospitalisation » a-t-elle dit avec fierté.
Parmi les plantes utilisées par l’herboristerie Tudun Lahia, il y a le guiera senegalensis, une plante de l’Afrique de l’Ouest plus connue au Niger sous le, ‘’sabara’’ en Haoussa et zarma. C’est une plante a précisé Dr. Arima que nos grands-parents ont beaucoup utilisée pour prendre en charge plusieurs pathologies. Hormis cette plante, la tradipraticienne utilise également l’euphorbia hirta, ‘’nonon kurtchia’’ en Haoussa, ‘’kolnay Wa’’ en zarma. « Cette plante aussi, je dirais que c’est une plante qui est vraiment magique car, c’est une plante qu’on utilise beaucoup dans la médecine traditionnelle. Et de nombreuses études scientifiques ont prouvé son efficacité dans le traitement des différentes pathologies » nous a-t-elle confié. Il y a aussi le Sclerocarya Birrea ‘’diney’’ en zarma et ‘’danya’’ en haoussa, l’acacia Nilotica ‘’banizé’’ en zarma et’’ bagaroua’’ en haoussa, un bon antibiotique bien connu.
Pour la préparation de ces différents sirops, Dr. Arima assure suivre une procédure respectant toutes les normes d’hygiène du séchage à l’extraction du produit fini en passant par la macération et l’ajout d’ingrédients entrant dans la confection de sirops avec une dose de professionnalisme. « On calcule aussi la densité du sirop pour avoir quelque chose de stable. Pour chaque sirop, il y a une densité à partir de laquelle le produit ne se dégrade pas », précise-t-elle.
Après la fabrication, la tradipraticienne envoie quelques échantillons au niveau du Laboratoire Lanspex pour le contrôle de ses produits. Et tous les produits de l’herboristerie sont fabriqués au niveau même de la structure où il dispose d’une salle de reconditionnement et une salle de stockage des différents produits. Il faut souligner que l’Herboristerie Tudun Lahia a une autorisation du ministère de la Santé pour l’ouverture de la structure donc une autorisation à fabriquer ses produits. Le prix des différents sirops de l’herboristerie Tudun Lahia varie de 1000f CFA à 3500f CFA.
Interrogée sur ses ambitions, Dr. Ousmane Mamadou Arima répond, que son objectif, c’est de créer un centre de promotion, de vulgarisation et de mise en valeur de la médecine traditionnelle. Une autre ambition non de moindre de Dr. Arima, c’est d’ouvrir une pharmacie traditionnelle où il n’y aura que des produits médicaux spécifiquement faits à base de plantes. Enfin, la tradipraticienne aspire à créer un parc botanique car, a-t-elle justifié, quand on utilise des ressources végétales, il faut aussi penser à la préservation de l’espèce. Le terrain est déjà acquis, il ne reste plus que la concrétisation du projet a-t-elle indiqué.
Dr. Ousmane Mamadou Arima est à sa première participation au Salon professionnel 100% Made In Niger. Et pourtant cela fait plus de dix ans qu’elle est dans la recherche sur les plantes médicinales. Pour cette première fois où elle a décidé de participer afin de montrer à la population que dans le domaine de la santé, il y a des efforts qui sont en train d’être faits, elle a reçu le Prix ‘’Grand Public’’ et une enveloppe de 250.000 FCFA.
Rahila Tagou (ONEP)