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Editorial : Aller au-delà du quota ! / Par Rabiba Aboubacar Bouzou

Demain 13 mai 2023, le Niger célèbre le 32ème anniversaire de la marche historique des femmes de 1991 pour exiger plus de représentativité dans la Commission préparatoire de la Conférence nationale souveraine. 32 ans après cet acte fondateur du combat pour le respect des droits de la femme nigérienne, que d’acquis obtenus, que de progrès réalisés mais aussi de défis nouveaux.

Le thème retenu pour cette édition de la Journée ‘’Femmes et Développement’’ prouve à suffisance que le chemin à parcourir est encore long. Et pourtant, l’évidence crève les yeux. En effet, selon la Banque Mondiale, les femmes contribuent au PIB mondial à hauteur de 37%. Cela malgré, les multiples obstacles qui freinent le déploiement de leur plein potentiel. Pour un pays comme le Niger où elles représentent plus de 50% de la population, la contribution des femmes au développement pourrait encore être plus déterminante si toutes les conditions sont réunies.

Mais, il faut se féliciter que depuis cette date historique du 13 mai 1991, notre pays ne cesse de prendre des mesures en vue d’une plus grande protection des droits des femmes ainsi que leur pleine implication dans la conduite des affaires de la Nation. Adoption de mesures législatives et règlementaires en lien avec la promotion des droits de la femme, mise en œuvre d’actions pour l’autonomisation des femmes et des filles, etc. Sans être exhaustif, on peut rappeler entre autres, l’adoption de la loi sur le quota (28 octobre 2014), la création de l’Observatoire National pour la Promotion du Genre (02 octobre 2015), l’adoption d’une Politique Nationale du Genre (10 août 2017), l’adoption du décret portant protection, soutien et accompagnement de la jeune fille en cours de scolarité (6 décembre 2017), etc.

S’il est bien vrai que des progrès substantiels sont palpables dans la promotion des droits de la femme notamment en ce qui concerne la représentativité, il n’en demeure pas moins que les défis demeurent encore grands en particulier pour ce qui est de la situation des femmes rurales. Les pesanteurs sociales, les questions d’accès à l’éducation, à la santé, aux ressources foncières, aux crédits constituent encore de véritables défis pour les femmes rurales. Des défis auxquels le quota ne semble pas apporter des réponses adéquates. Pour accompagner le quota, il y a nécessité d’investir massivement dans l’éducation de la jeune fille, l’autonomisation des femmes à travers les secteurs clés où les Nigériennes excellent comme la transformation agroalimentaire, l’élevage, l’artisanat, etc.

Fort heureusement, ces préoccupations trouvent un début de réponses à travers les mesures comme la mise en place des plateformes multifonctionnelles, des espaces sûrs, des internats pour jeunes filles, etc. Ces dispositions spécifiquement destinées aux femmes nigériennes viennent s’ajouter aux mesures et actions que conduisent les autorités de la 7ème République pour l’amélioration des conditions de vie de la population en général.

La célébration de cette journée est l’occasion pour tous les acteurs de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru, d’analyser objectivement les avancées enregistrées, les facteurs de stagnation mais aussi les insuffisances. A ce titre, la problématique de la promotion et de l’émancipation de la femme nigérienne ne saurait se résumer et se résoudre par la seule loi sur le quota. Il est, dès lors, opportun pour les défenseurs des droits des femmes de procéder à une analyse critique de l’application du quota que d’aucuns considèrent comme étant la panacée aux défis qui se posent aux femmes nigériennes. Et, il faut peut-être aller au-delà du quota !

Par Rabiba Aboubacar Bouzou(onep)

Source : http://lesahel.org/