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Les réseaux sociaux : Un véritable outil de business pour certains, un moyen d’arnaque et de harcèlement pour d’autres

Avec l’essor des technologies de l’information et de la communication, les plateformes numériques accompagnent, au quotidien, notre vie. Ainsi, en plus de leurs fonctions traditionnelles, celles de rapprocher les hommes et les sociétés, en facilitant la communication, les réseaux sociaux ont créé de véritables opportunités d’affaires pour certains. Cependant, ces plateformes sont aussi des espaces de tous les excès où les usagers sont souvent victimes d’escroquerie, de menaces, de diffamation, de harcèlement, d’atteintes à leurs vies privées.

L’Internet a consacré la montée en puissance des réseaux sociaux, Instagram, Twitter, Facebook, Youtube, qui servent de moyen de communication et d’activités. Au nombre des avantages des réseaux sociaux, on peut noter le développement de nouvelles relations, l’accès à des services innovants. Le e-commerce représente une véritable opportunité, une belle occasion pour faire connaitre ses produits au-delà des frontières.

Avec l’évolution des technologies de l’information et de la communication, plusieurs personnes créent des comptes ou des plateformes sur lesquelles, elles proposent des produits à d’éventuels clients.

Un outil pour le business

Moctar Mohamed, spécialisé en couture Homme trouve les réseaux sociaux très avantageux, car ça lui a permis d’étendre et de diversifier sa clientèle. Son chiffre d’affaires a augmenté depuis qu’il fait ce type de commerce et ça a attiré la clientèle. Il a créé sa page Facebook sur laquelle il poste les photos de ses articles. « Auparavant, je me contentais juste de mes clients qui viennent à compte goûte amener leurs tissus pour coudre. Un jour, je me suis posé cette question, de savoir que beaucoup de jeunes utilisent les TIC pour faire la promotion de leurs produits ou articles, pourquoi pas moi ? C’est ainsi qu’il y a 18 mois de cela, j’ai créé ma page Facebook sur laquelle je peux aussi proposer mes articles aux gens. Tout est parti de là », raconte-t-il.

« Aujourd’hui,  Dieu merci, je n’attends plus  à ce qu’on me demande de faire, j’achète des tissus avec mon argent, je couds et je publie sur ma page avec mon contact. Ça m’a permis de sympathiser avec beaucoup de gens », a affirmé Moctar.

Quant à Mademoiselle Ousseina, elle met en ligne à travers son statut WhatsApp un contenu varié de produits et elle réalise un chiffre d’affaires satisfaisant. « Au début, je faisais le commerce traditionnel c’est-à-dire de bureau en bureau pour proposer mes articles aux clientes qui les achètent très souvent à crédit avec un délai de payement de un ou deux mois. Pour le remboursement, je passais des mois avant de mobiliser la somme intégrale ; certains clients vont jusqu’à me manquer de respect à cause de mon propre argent. Parfois, je laisse tomber l’affaire. Maintenant avec le e-commerce je ne me décarcasse plus, j’ai eu la chance d’être dans beaucoup de groupes whatsapp tant au niveau national qu’international, créés uniquement pour le commerce. Je prends les articles publiés dans ces différents groupes, pour augmenter un peu sur les prix et je les propose à mon tour dans le groupe que j’ai créé à cet effet. Une fois le marché conclu avec les personnes intéressées, je lance la commande et pour les mettre en confiance, c’est à la livraison que je récupère l’argent (la somme intégrale, pas de crédit). Je paie ainsi les commerçants auprès de qui j’ai pris les articles et je garde mes bénéfices », a-t-elle confié.         

Quand à Abdoul-Rachid Maïga, plus connu sous le sobriquet d’Aladin Maïga, réalisateur, journaliste reporter d’image et producteur, sa présence active sur les réseaux sociaux et ses publications quotidiennes sur les questions d’intérêt général ont fait qu’il est suivi par beaucoup de gens. En effet, le nombre de ses abonnés lui a donné une certaine popularité sur les réseaux sociaux. Ces multiples publications ont fait qu’à chaque fois quand ses amis ont besoin de la publicité sur leurs activités ou produits, ils font appel à lui pour insérer la publicité sur sa page, petit à petit, certaines Organisations Non Gouvernementales ont commencé à lui donner des insertions qu’il publie sur ses pages moyennant des sommes d’argent. Aujourd’hui, il gagne des marchés qui lui permettent de joindre les deux bouts. « Pour les jeunes, je partage gratuitement leurs activités pour les aider à développer leur business. Les réseaux sociaux sont un outil sur lequel on peut développer son business. Ça permet aux jeunes de bouger, créer des nouveaux métiers notamment : les médias en ligne ; les télés connectées et bien d’autres », a-t-il mentionné. Ce que beaucoup ne savent pas dès que la personne atteint un certain nombre d’abonnés (10 000 par exemple) tu es déjà référencé en tant que personne capable de faire des revenus sur Tic-Toc.

Les réseaux sociaux ont un très bon côté qui permet aux utilisateurs d’être connus à travers le monde, de faire beaucoup d’amis, ça permet de partager des idées des projet, partager ta vision de la vie qui peut intéresser beaucoup de gens et aussi des statuts qui peuvent permettre à d’autres d’aller vers autres choses. Mais, pour tirer profit des réseaux sociaux, il faut d’abord définir ce que tu veux. Cependant, M. Aladin Maïga, a déploré le fait que les gens viennent exposer leurs vies sur les réseaux sociaux, avec le système d’anonyme (ano). « Pour mes publications, j’utilise plus mes pages Facebook et Twitter, parce que j’ai une très grande communauté qui me suit sur ces pages », a-t-il souligné. « Quand à Tic-Toc, son avantage est que, quand les vidéos publiées sont bien vue, tic-toc crée une relation entre la personne et les entreprises, c’est tic-toc même qui recommande la page aux grandes entreprises qui vous contactent pour placer leurs produits pour une publicité de 5, 10, 15 secondes. Quand la publicité passe, tic-toc transfert automatiquement ton argent sur ton compte tic-toc, malheureusement, on ne peut pas récupérer l’argent ici au Niger, il faut donc passer par nos frères qui sont en Europe pour récupérer l’argent. Personnellement, j’ai été contacté une fois sur Instagram par une marque de montre pour faire le placement de son publicité, mais j’ai décliné l’offre car, la somme proposée ne me convient pas », a fait savoir M. Maïga.                    

Il n’y a pas que des avantages…

Certes les Technologie des l’Information offrent aux utilisateurs l’occasion de bénéficier d’un service universel des communications électroniques, un meilleur moyen de gagner de l’argent, mais cette même plateforme comporte beaucoup d’inconvénients. Il s’agit des préoccupations liées au respect de la vie privée, de l’ordre public, des bonnes mœurs, l’éducation des enfants du moment où certains jeux, images ou vidéos ne sont pas appropriés aux jeunes, etc.

Au nombre des inconvénients liés aux réseaux sociaux, le Commissaire Abdoul-Razak Mahamadou Mossi, Chef de Division de lutte contre la Cybercriminalité à la Direction de la Police Judiciaire a relevé la cybercriminalité qui ne cesse de se développer, notamment : l’escroquerie, le cyber harcèlement, le chantage, la diffusion des données de nature à troubler l’ordre public ou à porter atteinte à la dignité humaine, l’accès illégal dans un système informatique. En effet, les escrocs cherchent chaque fois à rentrer en contact avec leurs victimes en se faisant passer pour des proches, utilisent des manœuvres jusqu’à obtenir leur confiance, voler l’identité de leurs victimes via les réseaux sociaux, pénètrent dans leurs ordinateurs pour voler des mots de passe ou des numéros importants tels que le numéro de compte bancaire, la carte bancaire, afin de leur dérober leurs biens. « Aussi, le cas d’escroquerie le plus fréquent que la DPJ reçoit, c’est l’escroquerie à la séduction ou à la nigériane, c’est-à-dire, les gens vous appellent pour vous proposer des marchés des choses rares, par exemple : les épices naturels, du miel, de l’or, vous dire qu’ils ont bénéficié d’un héritage, ou se faire passer pour une haute personnalité comme la première dame pour gagner votre confiance en vous proposant des marchés. Pour vous séduire ils vous proposent des bénéfices énormes avant de vous demander d’envoyer une somme d’argent. Il y a aussi des cas d’arnaque où ils se font passer pour une entreprise ou un service public. Quand vous acceptez, ils vous demandent d’envoyer vos données à caractères personnel (l’adresse, le numéro de compte ou autres) qui vont leur permettre d’accéder à votre compte bancaire ou vos biens. Une fois leur objectif est atteint, ils vous bloquent de partout », a expliqué le chef de Division de la Direction de la Police Judiciaire.

Selon le commissaire Abdoul-Razak Mahamadou Mossi, Chef de Division de la Lutte contre la Cybercriminalité à la Direction de la Police Judiciaire, l’arrêté n°490-MI/SP/ACR/DGPN du 16 juillet 2015 portant organisation de la Direction de la Police Judiciaire et les attributions de ses responsables en son article 14, ladite Direction est chargée de lutter contre toutes les criminalités liées aux nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. C’est pourquoi ses agents assistent tous les autres services d’enquêtes qui ont des affaires en lien avec les Tic. Ainsi, chaque jour, la DPJ reçoit des plaintes sur la cybercriminalité dont le cas le plus fréquent est l’escroquerie appelée en langage internationale « l’arnaque en ligne ». Escroquerie qui est prévue par l’article 27 de la loi n° 2019-33 de 3 juillet 2019 qui porte répression de la cybercriminalité au Niger. En effet, l’infraction la plus enregistrée au Niger (238) cas des plaintes en 2022, c’est l’escroquerie à la séduction ou à la nigériane. Vient ensuite le chantage par un moyen de communication ou portant sur les données personnelles qui est prévues par la même loi au niveau des articles 26 et 28, et  38 cas des plaintes ont enregistrées en 2022. Il y a aussi les injures et les diffamations bien qu’en 2022 ça a été dépénalisée, 68 cas ont été enregistrés en 2022. Un cas aussi qui est très fréquent ces derniers temps au Niger, surtout côté mineurs femmes, est que  les cybercriminels  essaient d’abord de tisser une amitié avec elles, une fois l’amitié est celée, ils leurs  demandent de leur envoyer leurs images à caractères obscènes (nudités, vidéos, etc. Une fois les images obtenues, ils commencent à leur faire des chantages (fournir une somme d’argent, certains vont jusqu’à leur demander des faveurs sexuelles, sinon ils divulguent les images sur les réseaux sociaux), a expliqué le commissaire Abdou-Razak Mahamadou Mossi. « Il faut noter que c’est seulement les cas dont les personnes viennent dénoncer au niveau de la DPJ », a-t-il précisé.

Une femme qui a préféré garder l’anonymat nous a raconté comment elle s’est fait avoir par les escrocs. « J’ai vraiment l’habitude d’effectuer des achats à travers les réseaux sociaux. J’ai établie des contacts avec les gens que je n’ai jamais vu, des commerçants qui sont à Dakar, Cotonou et Kano, je ne me suis jamais inquiétée, sauf ces derniers temps. En effet, il y a quelques mois de cela, j’ai vu des articles publiés sur une page facebook, des pagnes avec des motifs rares et très jolis et c’est un numéro du Bénin. J’ai contacté la personne,  il s’est passé pour un vrai commerçant, je lui ai envoyé les photos des pagnes choisis et il m’a confirmé qu’ils sont disponibles et qu’ils font leurs expéditions via les compagnies de Transport. J’ai choisi plus de 12 pièces. Mais, le conseil d’une de mes sœurs qui m’avait mise en garde m’est venu à l’esprit et au lieu de 12 pièces, je suis revenue à 6. Avant d’envoyer l’argent, il m’a tellement mis la pression (le bus quitte demain soir, il faut vite envoyer l’argent pour que je puisse t’envoyer ton colis à temps), j’ai envoyé l’argent via Orange Monnaie mais je n’ai jamais reçu les pagnes commandés », a confié la victime.

Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)