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Reforme des retraites : La CARENI, le bouc émissaire

Le payement des pensions des retraités a tenu, les semaines dernières, le devant de l’actualité. Et chacun y allait de ses commentaires. Dans a plupart des cas, c’est la Caisse Autonome des Retraités qui a été la plus indexée. Elle est désignée comme l’alpha et l’oméga de tous les problèmes des retraités. Pourtant à y voir de plus près, la faute n’incombe pas à la seul CARENI créée seulement en 2012 pour réduire la vulnérabilité de ceux qui ont fait valoir leur droit à la retraite après avoir tout donné à leur pays. Le régime des retraites a toujours été régi par un texte de 1961. Les payements se faisaient sur la base de livret et à guichet. C’est plus de vingt milliards qui sont manipulés par des payeurs sur toute l’étendue du territoire pour seulement huit milliards dans les institutions bancaires. Les risques d’accentuer la vulnérabilité sont évidents. Les retraités vivent dans un cycle infernal et, le plus souvent, à la merci des usuriers. Créée en décembre 2012, la CARENI ne commencera à fonctionner qu’en août 2014. Les textes qui la régissent ne seront adoptés qu’à la fin de l’année 2018. Et même là, en dépit des textes, il s’est toujours posé des problèmes au niveau de la tutelle. Les ministères de la Fonction publique et des Finances sont tous deux concernés par l’existence de cette caisse sous tutelles administrative et financière.

On peut légitiment percevoir les problèmes. En février 2021, à l’arrivée du président Bazoum, il a été décidé pour atténuer le calvaire des retraités qui doivent attendre trois mois pour percevoir leurs pensions fruits de leurs cotisations durant leur longue carrière, de la mensualisation des payements. Cette opération devait intervenir en janvier 2023. Le directeur général Yahaha Mahamadou, nommé en 2020, mettra tout en oeuvre pour être dans les délais. Sous sa conduite, le personnel, insuffisant, s’empêchera le sommeil pour y parvenir. Rien que pour la conception du logiciel pour traiter les données, certains travaillaient, souvent, de huit heures à quatre heures du matin. En deux mois trente-six mille dossiers ont été traités. Ce travail a permis de dénombrer 1044 pensions éteintes que l’on continuait à payer. En 2022, un trop perçu de l’ordre d un milliard deux millions a été détecté par les services de la CARENI.

Tout cela a été fait par la CARENI qui, pourtant, peine à obtenir les dotations suffisantes. Parfois seulement un sixième des besoins. Cette caisse, pas tout à fait autonome, a envoyé l’ensemble des dossiers au Trésor pour les payements. Et c’est là que réside certainement le problème. Dans un pays où il y a, régulièrement, des tensions de trésorerie car tout est priorité, de tels problèmes sont récurrents. Et qui plus est les habitudes ont la vie dure. Les changements sont difficilement acceptés. La CARENI en concevant une banques de données fiable met fin à certaines pratiques. Les auteurs et bénéficiaires de ces pratiques font et feront de la résistance. Une bonne chose pour les finances publiques et la gouvernance. Voilà en résumé le problème. La CARENI ne doit pas être considérée comme le bouc émissaire. Elle a fait sa part de travail, tout le reste n’est qu’une question d’imputabilité. La direction générale de la Caisse envisage dès la pension du mois d’avril de faciliter le payement de deux mille pensionnés par jour suivant un programme bien établi et un listing clair. On évitera ainsi les longues files d’attente et le calvaire des retraités s’atténuera.

Laboukoye