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Artisanat : Encourager les jeunes à être utiles pour eux-mêmes et pour le pays

Les activités artisanales sont riches et diverses au Niger. Le métier de tissage, un savoir-faire transmis de père en fils est une des activités artisanales qui jadis faisait la renommée du pays.

Ces dernières années le tissage est de plus en plus délaissé au profit des produits fabriqués par les grandes industries du textile. Aujourd’hui les produits fabriqués par les tisserands traditionnels sont peu utilisés dans la vie courante des nigériens. Même la fameuse ‘’soubane’’ qui servait de couverture aux jeunes mariés est remplacée par un simple drap. Cette situation a amené les responsables du Dispositif d’Initiatives pour les Métiers de l’Artisanat (DIMA) à intégrer, en plus de la couture des filières comme la maroquinerie, le tissage traditionnel à la main et à la machine dans la formation qu’ils dispensent, afin de former des nouvelles générations de tisserands.

À Niamey, les quelques rares tisserands qui gardent encore le cap se trouvent au musée Boubou Hama, et  les jeunes ne s’y intéressent plus, préfèrant se lancer dans d’autres activités beaucoup plus rentables.

Le grand intérêt qu’il accorde au métier de tissage a amené M. Soumana Saley, président de DIMA à effectuer un déplacement à Krup Kaina (Damana) pour chercher les tisserands passionnés de leur métier, qui gardent jalousement la tradition et qui ont l’amour de transmettre leur savoir-faire aux jeunes apprenants en vue d’assurer la disponibilité qualitative de ressources humaines et garder l’identité culturelle qui fait la fierté du Niger. Pour développer cette filière, il a mis un accent particulier sur deux types de formation, à savoir le tissage traditionnel et moderne. C’est pourquoi il a apporté des machines modernes, nouvelle génération pour faciliter la tâche à ces tisserands. M. Soumana Saley a fait venir une professionnelle américaine qui a formé pendant 14 jours les formateurs sur le tissage moderne. 

Actuellement, il y a 10 apprenants au niveau de la filière tissage (8 garçons et 2 filles). Nous les avons trouvés à pied d’œuvre et cela malgré le jeûne du ramadan, c’était vraiment plaisant de voir comment ils connaissent leur métier à tisser.

Assis devant son matériel à tisser traditionnel, Hassane Saley produit à la main, des tapis, des étoffes, des ‘’téra-téra’’, soubane, et d’autres habits qui connaissent un succès particulier à l’époque. Traditionnellement, a-t-il expliqué, la couverture ‘’ soubane’’ est utilisée lors des mariages par les jeunes mariés le jour de noce. Pour ce qui est de ‘’téra-téra’’, ‘’sakala’’, tapis et autres, ils sont généralement utilisés par les femmes pour embellir les chambres, d’autres pour l’accoutrement lors des grandes cérémonies. Ces produits confectionnés par nos tisserands incarnent la tradition et l’artisanat du Niger. Leur fabrication est un travail minutieux souvent confié à des artisans spécialisés. Aujourd’hui Hassane a bénéficié d’une formation qui lui permet d’utiliser deux méthodes : traditionnelle et Moderne. La différence entre ces méthodes est qu’avec la machine c’est très rapide, on peut confectionner une ‘’soubane’’ en 72 heures. Le seul problème c’est au niveau de la largeur, la machine a une largeur limitée. Avec la main, le travail prend certes du temps, à peu-près 15 jours ou plus mais on peut confectionner une grande ‘’soubane’’,  ‘’téra-téra’’, a expliqué Hassane Saley. « J’ai commencé cette activité depuis mon enfance et ça fait plus de trente ans que je suis dedans. ;Je continue aujourd’hui à travailler les filsavec les techniques traditionnelles en utilisant des outils très anciens », a confié avec fierté Hassane Saley. Avant de se transformer en ‘’téra-téra’’, cache-cou, écharpes, les fils de tissage sont teints à la couleur désirée et embobinée sous forme de canettes. Cependant, il a déploré le manque de moyen qui freine leur activité, pour confectionner les produits en quantité.

Il est souhaitable que les populations nigériennes reviennent à la source, comme au bon vieux temps, pour valoriser nos costumes et couvertures traditionnelles. Ce qui va non seulement permettre de garder jalousement ce qui fait partie de notre patrimoine culturel, mais aussi encourager ces valeureux tisserands qui continuent tant bien que mal à exercer cette activité.

Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)

Source : http://www.lesahel.org