Ramadan et santé : Les risques liés à la consommation excessive de sucre
(Article publié le 07 avril 2023) Les musulmans observent depuis le 23 Mars 2023 le jeûne du mois de ramadan. L’une des particularités de ce mois est que du sucre est offert aux proches car le soir au moment de la rupture, il est utilisé pour accompagner les bouillies, les tisanes, les jus et autres mets qui agrémentent la table du jeûneur. Le constat est qu’après avoir passé plusieurs heures sans manger, ni boire, beaucoup de jeûneurs s’empiffrent, à la rupture, avec ces aliments, souvent trop sucrés, et trop gras. Le sucre est un nutriment indispensable au fonctionnement du corps humain et à ses fonctions cognitives. Cependant, comme pour d’autres aliments, une consommation trop importante peut conduire à des problèmes de santé. Le docteur Ali Ada endocrinologue/diabétologue attire l’attention des jeûneurs sur la consommation du sucre qui est devenu en cette période, une denrée prisée.
Selon l’endocrinologue, pendant la période de jeûne, la consommation des aliments sucrés peut être justifiée car l’organisme marche avec le sucre « c’est son principal carburant! ». Pour cela, il est important que l’organisme ait suffisamment de réserve pour que pendant cette période d’abstinence, qui va sur une période d’à peu près 14h, qu’il continue à fonctionner avec les réserves de sucre qu’il aura engrangées, a expliqué le docteur avant de préciser que « l’excès de tout est nuisible ».
Selon le spécialiste, il y’a des personnes qui doivent éviter la consommation de sucre. Pour certaines, a-t-il poursuivi, totale et pour d’autres réduire considérablement la quantité de sucre consommée.
Il y’ a d’abord les personnes obèses. Le docteur Ali Ada explique que l’excès de sucre chez ces personnes même si elles ne sont pas diabétiques, si elles sont inactives, peut être un apport calorique excédentaire et l’organisme ne sachant pas quoi faire avec cet excès de calorie, transforme ce sucre en graisse. Cela peut donner des conséquences fâcheuses. « Lorsqu’on prend du poids et qu’on est issu d’une famille de diabétique, les risques d’avoir un diabète vont augmenter, sans compter l’excès du poids qui a d’autres effets, non seulement sur l’autonomie de tous les jours mais aussi cela va être une cause de l’hypertension artérielle ( si on est issu d’une famille dans laquelle elle existe déjà) sans compter les autres complications de l’obésité comme les douleurs articulaires, d’autres maladies métaboliques, telle que la goute, se frayeront aussi un chemin », a-t-il fait savoir.
Chez les diabétiques, a poursuivi le diabétologue, les conséquences sont encore plus graves. En effet, a-t-il indiqué, déjà en temps normal le diabétique n’arrive pas à gérer l’excès de sucre de son alimentation normale, et si pendant le ramadan à la rupture comme au Suhr, il consomme des aliments qui sont sucrés cela va complètement déstabiliser le diabète, il aura des piques d’hyperglycémie c’est-à-dire, la glycémie peut monter jusqu’à 4 grammes et au-delà. Ainsi, a-t-il dit, cela a comme conséquence une déshydratation massive. En effet a-t-il relevé, quand le sucre est en excès une bonne partie doit être éliminée par les urines, or le passage du sucre dans les urines appelle l’eau de l’organisme et donc l’organisme va se présenter en déficit hydrique ce qui est très fatiguant, et qui au pire des cas peut conduire à une baisse de tension artérielle avec insuffisance d’irrigation du cerveau et celle des reins qui peut entrainer un collapsus (malaise soudain intense accompagné d’une chute de tension).
« Il faut faire très attention, la période du jeûne peut être, par l’excès de sucre, une période déstabilisatrice du diabète », a prévenu le docteur Ali Ada.
Outre la déshydratation qui est la chose la plus évidente, selon le spécialiste, cette hyperglycémie quand elle persiste surtout si la personne n’était pas équilibrée avant le jeûne, elle met quelque temps après le jeûne avant de se retrouver, chose qui n’est pas bonne pour les organes qu’on appelle les organes nobles « c’est cela qui peut entrainer des lésions au niveau des reins, du cœur, du cerveau, des nerfs et des artères. Pour cela, il faut absolument éviter l’hyperglycémie chronique », a-t-il conseillé.
Selon le docteur, pendant la période du jeûne, on peut continuer à prendre les aliments sucrés mais il faut éviter ce qu’on appelle les sucres d’absorption rapide c’est-à-dire le sucre de commerce ou un excès de jus de fruits etc.
En cette période, selon le docteur, ce qu’il faut c’est construire une réserve de sucre pour que pendant la période d’abstinence l’organisme ait suffisamment de glucose qui le fera fonctionner normalement. S’il n’en a pas, il fera une hypoglycémie qui est également une urgence médicale. Par conséquent, Docteur Ali Ada conseille plutôt de se rabattre sur les aliments à base de céréales ce qu’on appelle le ‘’sucre lent’’, par exemple les aliments à base de blé.
« Ces aliments, après digestion vont produire du sucre qui va être absorbé de manière beaucoup plus lente et une bonne partie sera mise en réserve dans le foie et les muscles. Pendant la période d’abstinence, c’est cette réserve que l’organisme va utiliser pour fonctionner », a expliqué le docteur avant d’ajouter qu’il faut prioriser l’absorption du sucre lent par rapport au sucre rapide.
« Donner priorité aussi aux légumes et aux fruits parce que les fruits sont la principale source de sels minéraux et vitamine, les légumes ont non seulement l’avantage d’amener des vitamines, des sels minéraux mais aussi d’harmoniser ce que nous mangeons, en tapissant la paroi intestinale », a conseillé le diabétologue Dr Ali Ada.
Bien s’alimenter pendant le mois de Ramadan est essentiel pour maintenir son énergie et sa force tout au long de la journée. Cela implique de surveiller sa consommation de sucre et de se concentrer sur les aliments sains et nutritifs pour éviter la fatigue et les troubles digestifs. En observant ces principes, les musulmans peuvent jeûner en toute sécurité et en toute santé pendant le mois sacré de Ramadan.
Par Aminatou Seydou Harouna (onep)
16 mars 2024
Publié le 07 avril 2023
Source : http://www.lesahel.org