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Hommage posthume au Prof Yac : « Un digne fils du Niger difficile à remplacer »

De Dieu nous venons, à Dieu nous retournons. « Dès qu’un homme vient à la vie, il est déjà assez vieux pour mourir », dit le philosophe Heidegger. Ainsi donc, Professeur Yacouba Harouna, dit Yac, s’en est allé, rappelé à Dieu le mercredi 22 mars 2023. C’était une foule nombreuse, venue de tous les horizons et formée de toutes les couches socio prossionnelles, qui l’a accompagné à sa dernière demeure, au cimetière musulman de Yantala, le jeudi 23 mars 2023. Depuis, les témoignages, plus élogieux les uns que les autres, ne cessent de pleuvoir. Ces témoignages viennent des milieux les plus divers, intellectuels comme politiques, étudiants et collègues, connaissances et proches. Mais tous reconnaissent l’envergure, la dimension exceptionnelle de l’homme. Une dimension qui transcende les frontières nationales. Tous relèvent les nombreuses qualités de Prof Yac, comme l’appellent affectueusement les intimes. Humble, respectueux, travailleur, Prof Yac est unanimement salué comme un digne fils du Niger qui a mis tout son savoir et son savoir-faire au service de son pays et de ses concitoyens. Et pour cause, Yac a connu un parcours scolaire et universitaire brillant, couronné par une carrière professionnelle achevée.Intellectuellement accompli, socialement bon, calme et pondéré, Prof Yac a toujours le mot qu’il faut pour son interlocuteur. « Un des fils du Niger difficiles à remplacer », a dit de lui une haute personnalité dont il était très proche.

Nul ne peut mieux parler de Prof Yac que le réputé cardiologue nigérien, Professeur Touré, qui a retracé, à l’occasion, son cursus scolaire et universitaire ainsi que le parcours professionnel :

« Très cher Yac, en ce jour, le premier jour du mois de Ramadan de l’an 1444, Dieu a décidé de te rappeler à lui. Lui seul sait pourquoi, et lui n’a pas de raison à donner à qui que ce soit...

Tu es né vers 1964 à Koyria Haoussa, dans la région de Tillaberi, où tu fréquentas l’école primaire de 1969 à 1976 où tu obtiens le certificat d’études primaires élémentaires en juin de cette même année 1976.

Tu effectuas les études secondaires au CEG de Tillaberi de 1976 à 1980, où tu obtins le brevet d’études secondaires. Tu fréquentas le lycée général Amadou Kouran Daga de Zinder, de 1980 à 1983, où tu obtins le bac série D, en juin 83. Et, tu entrepris tes études supérieures universitaires à la Faculté des sciences de la santé de l’Université de Niamey, de 1983 à 1990. En 1988, tu entrepris de faire le concours d’internat des hôpitaux de Niamey auquel tu réussis brillamment et tu soutins ta thèse en 1990. De 1991 à 1996, tu entrepris les études pour le diplôme inter universitaire de spécialité en chirurgie viscérale à la faculté de médecine de droit et de santé…en France, accompagné de ton ami de toujours, le Professeur Madi Mayana. De 1999 à 2001, tu entrepris l’attestation de formation spécialisée approfondie en chirurgie thoracique et cardiovasculaire à la faculté de médecine d’Auvergne, à l’Université de Clermont-Ferrand, en France.

Tu as successivement occupé les fonctions d’Interne des Hôpitaux de Niamey, de Moniteur des travaux chargé des travaux pratiques et d’anatomie pathologique de 1989 à 1991, d’Assistant associé des Universités au Laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand de 1999 à 2000, de Chargé de cours à la faculté des sciences de la santé de 1996 à 1997. Et, à partir de 1998, tu fus nommé Assistant à la faculté des sciences de la santé, puis Maitre-Assistant et, enfin, tu réussis brillamment au concours d’agrégation en novembre 2008. Tu as été Coordonnateur du DES de chirurgie générale en Janvier 2009. Et, enfin tu fus nommé Professeur de Chirurgie viscérale au CAMES au cours du CTS de 2017. Ce parcours élogieux et éloquent montre à quel point tu tenais à être un bon médecin et à former de bons médecins. Hier, nous allions entreprendre une soutenance de thèse de doctorat en médecine quand la triste nouvelle nous est parvenue. Toute la faculté était très émue, certains des étudiants criaient : « le père de l’anatomie à la faculté vient de s’éteindre ! ».

Aujourd’hui, réunis autour de cette tombe, tout le personnel des facultés de sciences des Universités publiques du Niger : enseignants, personnel administratif et technique, étudiants ; tes amis et tes connaissances, prient Dieu de te pardonner en ce premier jour de mois béni de ramadan, et de t’accueillir dans son paradis éternel, de consoler ta famille, tes parents, tes amis, tes collègues et patients et tous ceux qui t’ont connu de près ou de loin. Repose en paix Prof Yac. Que Dieu qui t’a rappelé à lui t’ouvre les portes du paradis et console ceux que tu as laissés orphelins. Que Dieu te bénisse et que Dieu nous accorde à tous… ». Amine Professeur Touré.

De son vivant déjà, Prof Yac recevait, quotidiennement, les témoignages de remerciements et de reconnaissance de la part surtout de ses étudiants et de ses patients. Lui qui est si modeste et que ça gène. « Un digne fils du pays », « Un monsieur qui mérite respect et considération même en politique », « La pédagogie de pointe. Prof Yac est un cas particulier tant dans les amphithéâtres que dans les hôpitaux », « Excellent médecin. Une fierté pour le Niger », « Il est un grand bosseur », « Un grand maître. Merci pour l’enseignement donné », « J’ai du respect pour ce monsieur », « J’aurais appris qu’il faisait des opérations gratuites pour certains malades nécessiteux à sa clinique Mamar Kassey. Ma collègue de service qui a eu sa mère opérée a eu l’agréable surprise de voir le Docteur apporter à sa mère du poisson- capitaine » car pour Yac l’accès est au soin un droit inconditionnel, « L’anatomie en personne », « Un homme intègre et digne », tels sont, entre autres, les bons mots dits à son endroit (http:/ /m.facebook.com. Cabinet GPS+ Niger Santé Prof Yacouba Harouna Guimba).

La rédaction du journal Le Courrier, dont tous les membres connaissent l’illustre disparu, joint sa modeste voix à la voix savante du Prof Touré et de celles de tous les autres, connus ou anonymes, pour témoigner toute sa compassion à l’endroit de sa veuve et ses trois orphelines éplorées, et prier pour le repos de son âme.

Bisso