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Chroniques sahéliennes : A NOUS, LES CADEAUX !

Dons en bus, don en équipements civils et militaires, dons en centres de santé, hôpitaux et médicaments, dons en ordinateurs, et même en ponts et en argent (appuis budgétaires et autres subventions)…Il n’y a pas à dire : la communauté internationale nous aime et nous aide : constituée de pays, d’ONG et d’associations caritatives, elle se montre régulièrement solidaire de notre condition de précarité, due aux changements et à la variabilité climatiques, à l’enclavement, aux assauts des mouvements terroristes, etc.

L’une des caractéristiques principales des dons que nous recevons est que leur nature est décidée par le généreux donateur : on ne nous demande pas toujours de quoi nous avons besoin. Résultat, nous recevons souvent ce dont nous n’avons pas besoin, et manquons cruellement de ce qui nous est indispensable. Je me souviens avoir récemment participé à une réunion dans un Ministère, où il était question de négocier avec des associations professionnelles pour qu’elles acceptent des produits commandés à leur profit par un projet. L’enjeu était de taille, car la commande valait plusieurs centaines de millions de nos francs, et les associations disaient n’en avoir pas besoin. Comment en était-on arrivé là ? Tout simplement, quelques fonctionnaires se sont enfermés dans leurs bureaux climatisés, ont décidé qu’ils connaissent les besoins d’une profession, et ont passé commande sans aucune consultation des futurs bénéficiaires !

Nous sommes reconnaissants à la communauté des donateurs et l’encourageons à rester toujours à nos côtés dans les moments difficiles, si tant est qu’il y a des moments qui ne le sont pas. Toutefois, je suis écœuré de voir à quel point nombre d’aides sont peu en rapport avec les besoins réels des gens, ce que camouflent bien les discours officiels ; écœuré aussi de voir à quel point des aides peu significatives, comme une poignée d’ordinateurs probablement réformés d’ailleurs, ou un véhicule, font l’objet d’une cérémonie de réception grandiose. De Niamey aux grandes villes de l’intérieur, des ministres et des gouverneurs qu’on croirait oisifs sont mobilisés pour réceptionner des matériels dont la valeur n’atteint ni le coût de leur acheminement ni les frais payés aux médias pour immortaliser l’événement. Dans certains cas, une collation aux frais du bénéficiaire (donc, du contribuable que je suis) est même offerte pour la circonstance aux invités.

Sabo da Allah, est-ce qu’un ministre ne banalise pas sa fonction en réceptionnant un lot de 5 ordinateurs, ou un véhicule, fût-il 4×4 ?

Avec toutes les questions de sécurité et de coordination des services techniques qu’il doit gérer quotidiennement, un gouverneur a-t-il le temps de se déplacer de longues heures durant pour réceptionner une mini mini-aep, que des personnes privées et des députés offrent tous les jours dans les villages, à leurs parents ou électeurs ?

J’ai entendu dire que des enveloppes sont offertes à certaines personnalités pour présider des cérémonies, notamment les réceptions de dons, des inaugurations d’ouvrages et des ouvertures et clôtures d’ateliers. J’espère que ce n’est pas vrai. Et si ça l’était, honte à ces personnalités !

Par Idimama Koutoudi

Source : http://www.lesahel.org