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Les reports intempestifs des concours : une autre forme d’arnaque ?

Au Niger, le ministère de la fonction publique lance régulièrement des concours de recrutements d’agents pour le compte des ministères ayant exprimé le besoin. Mais, tout aussi régulièrement, ces concours sont reportés à…« une date ultérieure », précise-t-on. Sans aucune justification, sans motivation aucune, comme une donne de la gouvernance actuelle. Des fois, sinon le plus souvent d’ailleurs, il ne sera plus fait cas de ces concours reportés.Aux candidats d’aller se faire voir ailleurs. C’est fini, terminé.Comme si l’objectif, non porté à la connaissance des candidats, était atteint. Comme si avec le report, les différents besoins de cadres exprimés par les différents démembrements de l’Etat ont disparu. Comme par magie, comme par enchantement. Puisqu’aune raison de ces reports n’est donnée par le ministère de la fonction publique, cheville ouvrière de l’organisation des concours, les concernés ne peuvent que spéculer sans être sûrs d’être dans le vrai. Mais, ce qui est certain, c’est que ces reports intempestifs, devenus presque la règle, dénotent d’une mauvaise planification et d’une navigation à vue de la part de l’administration centrale. Nous donnons l’impression de ne pas savoir ce que nous voulons quand nous le voulons. Ce qui fait que les demandeurs d’emplois, de plus en plus nombreux, avec les générations qui s’entassent les unes sur les autres dans le chômage, ne savent plus où donner de la tête. Eux qui veulent se soustraire à cette vie de sans-emploi, une situation somme toute humiliante à un certain âge, dans un contexte où le privé qui n’est qu’encore embryonnaire offre peu de perspectives.

En plus d’être régulièrement désappointés, ces jeunes sont, ce qui est pire, régulièrement dépouillés de leurs maigres sous, nul ne sait comment ils les trouvent, pour la constitution des dossiers. On le sait bien, la constitution des dossiers de candidatures à ces différents concours est terriblement budgétivore même pour quelqu’un qui a une situation, à plus forte raison un demandeur d’emploi. Toutes les pièces demandées pour faire acte de candidature doivent être légalisées par une autorité. En plus de la légalisation, les pièces doivent être timbrées. Les enveloppes où sont inscrites les coordonnées des candidats doivent porter elles-aussi un timbre désormais de 500 francs. Sans compter la quittance et les frais de dépôts du dossier qui peuvent varier selon les catégories. Ainsi que les multiples déplacements, tout sauf gratuits, entre les différentes institutions dont le candidat fait le tour pour légaliser, se procurer les timbres, la quittance et le ministère de la fonction publique où le dossier est enfin déposé. Le dépôt du dossier aussi est un autre parcours du combattant. En effet, au moment du dépôt de ces dossiers, l’on voit se former, des journées durant, des queues interminables devant les guichets avec les pressions de toutes sortes, un accueil exécrable et toutes les tensions prévisibles en pareilles situations. Des bagarres et d’invectives violentes entre les candidats sont fréquentes dans ces rangs où certains veulent « masser » et passer avant ceux qui les ont précédés. C’est après ces multiples souffrances et tracasseries que les candidats, ayant passé des journées entières et des nuits blanches pour se documenter, lire et réviser que les candidats apprennent par un communiqué laconique de quelques lignes que ledit concours est reporté. « On nous a fatigués pour rien », sont les premiers mots, de dépit, prononcés par ces candidats après avoir pris connaissance du report. Au-delà de la fatigue physique et psychique, ils ressentent aussi, et immanquablement, le sentiment d’avoir été grugés, délestés de leurs maigres sous qu’ils ont pu rassembler Dieu seul sait comment pour les multiples légalisations, les timbres, les quittances, les frais de dépôt et les multiples courses.

Des demandeurs d’emplois ont vécu cette situation plusieurs fois. Au point où ils se demandent s’ils ne subissent pas de manière frauduleuse une pression fiscale de la part de l’Etat qui lancerait de faux concours pour prendre les maigres ressources des citoyens, afin de faire fonctionner des ministères ou bien tout simplement des…individus qui s’en mettent plein les poches, puisque même en cas de report, ces frais ne sont pas remboursés. Où vont-ils alors ? Il est urgent que de telles pratiques, de plus en plus fréquentes, qui prennent la forme d’une arnaque institutionnelle cessent afin que les maigres sous des demandeurs d’emplois, vivant déjà une situation critique et précaire, ne tombent dans les poches de fonctionnaires véreux par la faute de l’Etat qui a, au demeurant, l’obligation de les protéger.

Bisso