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Gestion : Les détournements des deniers publics devenu sport favoris de certains citoyens nigériens Pourquoi Issoufou est indésirable ?

Après plusieurs autres affaires de mauvaise gestion des deniers publics, l’on se rappelle en juillet 2021, plusieurs fonctionnaires ont été écroués, à Niamey, pour leur implication présumée dans une affaire de détournement de près de huit (8) milliards de francs CFA du Trésor public. Cette affaire intervenait après celle, l’année dernière, concernant du matériel militaire non livré et des surfacturations dans le secteur de la défense pour un montant de 32,6 milliards de francs CFA. Toutes ces affaires sont toujours pendantes devant la justice. Le principal auteur de ce détournement serait déjà en prison depuis mai dernier. Il est accusé d’avoir fait sortir ces huit milliards de francs CFA entre 2017 et 2021 grâce à de « fausses lettres d'autorisation de paiement ».

Mi-juillet 2021, le président Mohamed Bazoum révélait avoir diligenté une inspection au Trésor pour enquêter sur ces détournements de fonds, qui ciblait ‘‘un agent du service des transports de la présidence de la République’’. Et ce rapport a mis au jour une chaîne de complicités présumées impliquant des hauts responsables du Trésor, des hommes politiques et des ministres, toujours selon la presse locale. Voilà que cette affaire n’a même pas connu son épilogue, qu’un autre scandale financier éclabousse la Banque agricole du Niger (BAGRI). Ainsi, il y a quelques mois, après un contrôle au niveau de cette banque, les inspecteurs de la CENTIF ont découvert d’importants détournements de fonds au sein de la Banque agricole du Niger. En effet, tout est parti d'un contrôle de routine durant lequel les inspecteurs de la cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ont mis en évidence des mouvements suspects d'importants fonds. L'institution spécialisée dans le démantèlement des trafics en matière financière à constater que plusieurs milliards de francs CFA étaient logés sur le compte d'un agent subalterne de la banque. Plus surprenant encore, plusieurs centaines de milliers de francs CFA ont été retrouvés sur le compte du planton de la banque. En poursuivant ses investigations, la Centif s'est rendu compte que plus de quatre (4) milliards de francs CFA ont été soustraits des caisses de la Banque agricole. Très vite, le dossier a été transmis au tribunal de grande instance de Niamey. Le doyen des juges a interpellé six personnes, parmi lesquelles quatre cadres supérieurs de la banque, dont le directeur général et le directeur de la comptabilité. Un juge du pôle économique et judiciaire a ensuite été saisi et a placé les accusés sous mandat de dépôt. Ce détournement de plusieurs milliards de francs CFA à la Bagri, qui bat déjà des ailes, a été très commenté sur les réseaux sociaux et met la Bagri, une institution déjà fragilisée et dont la mission est d'aider le monde rural à travers des crédits agricole, dans une très mauvaise posture. Selon le responsable du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (ROTAB), un réseau d’ONG qui milite pour plus de transparence, M. Ali Idrissa, cette ‘‘nouvelle affaire témoigne de la mauvaise gouvernance de l’ancien régime’’ de l’ancien Président Issoufou Mahamadou. Il ajoute que, « Cela met en lumière la gouvernance de l'ancien régime, notamment de l'ancien président. Que les fonctionnaires de l'Etat puissent mettre la main sur 8 milliards de francs CFA, alors que l'école publique est à terre tout comme le système sanitaire, c'est extrêmement grave et cela prouve qu'il y a un malaise profond au Niger. » « C'est ce que nous avions toujours dénoncé, la gestion mafieuse de ce régime. Ce qui nous surprend, c'est que toutes ces personnalités citées ne sont pas inquiétées. Elles continuent à vaquer à leurs occupations, comme par le passé. Aujourd'hui, c'est le menu fretin seulement qui est inquiété. Ce sont seulement des cadres subalternes du ministère et du Trésor qui sont inquiétés. Pour nous, il faut aller jusqu'au bout. Tous ceux qui peuvent être impliqués dans cette affaire doivent répondre devant la justice nigérienne », estime-t-il.

Boubacar Nasser