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Détournements présumés de fonds Zada Mahamadou et Ibou Karadjé : Les victimes d’une traque sélective ?

La récente ‘’affaire BAGRI’’ est venue rappeler aux Nigériens le statut des détenus préventifs Zada Mahamadou et Ibou Karadjé. Pour l’opinion nationale, les deux dossiers restent truffés

Karadjé paye-t-il pour les autres ?

Dès sa prise de fonction ce 02 avril 2021, Bazoum Mohamed a placé la lutte contre la corruption parmi ses priorités phares. Quelques mois après, le président de la République a publiquement annoncé : « […] J’ai envoyé une inspection au Trésor relativement aux fonds qui ont été sortis par un agent du service des transports de la présidence de la République. J’ai reçu les conclusions de cette inspection, il s’avère qu’il [Amadou Moussa Ibrahim dit Ibou Karadjé] a détourné quelque 8 milliards FCFA », a déclaré Bazoum Mohamed dans l’interview qu’il a donnée à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir. Peu après, Ibou Karadjé et une poignée de fonctionnaires (majoritairement des agents du ministère des Finances) ont été mis aux arrêts. Emprisonné à Say, depuis le 14 mai 2021, l’ex chef du service des transports de la présidence de la République a été transféré à Koutoukalé le 10 septembre 2021, avant de résider à la prison civile de Niamey pour finir dans une cellule à Filingué. Aux yeux de nombre d’observateurs, Ibou Karadjé gêne certaines personnalités du régime en place. Sinon comment expliquer son transfert à la prison de haute sécurité de Koutoukalé ?

Ne paye-t-il pas pour les autres ? Une chose est sûre, cette affaire est loin de révéler tous ses secrets, ses non-dits. Le sort de l’ex chef du service des transports de la présidence de la République n’est pas sans rappeler celui de l’ancien ministre de la Communication, Zada Mahamadou.

Zada Mahamadou, victime du ‘’système’’ ?

C’est un dossier aux contours flous qui concerne la micro finance TANNADI qui a provoqué la chute du lieutenant d’Albadé Abouba. Avant de quitter son fauteuil de ministre de la Communication pour la maison d’arrêt de Kollo, Zada Mahamadou a été auditionné par un juge d’instruction du Pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Depuis 19 avril 2022, il est écroué à la maison d’arrêt de Kollo. Au sein de l’opinion nationale, plusieurs voix se demandent si l’ex ministre de la Communication n’est pas victime du ‘’système’’ qu’il a servi des années durant. Pourquoi est-il le seul à être inquiété ?

Surtout qu’il se susurre que des personnalités du régime et leurs épouses seraient également cités dans le dossier. Ce qui rendrait complexe son traitement. Si cela s’avère, c’est au juge en charge du dossier de rendre justice au peuple nigérien. En faisant comparaitre toutes les personnes qui seraient citées dans l’affaire.

Une traque sélective ?

Bazoum Mohamed ne rate aucune occasion pour rappeler sa détermination à sévir contre ceux qui se rendent coupables de forfaiture d’une manière ou d’une autre. « Je voudrais aujourd’hui encore réitérer mon engagement à renforcer la lutte contre la corruption et la concussion des agents de l’État, le détournement des deniers publics, les pratiques de surfacturation dans l’exécution des marchés publics […] », a réaffirmé le chef de l’État dans l’un de ses messages à la nation. Les Nigériens veulent bien croire le président de la République, mais ils s’interrogent aussi sur la sincérité de cette promesse. Nombreux sont les citoyens qui estiment (à tort ou à raison) que cette croisade contre la corruption est menée de façon sélective. Des gros poissons, dont l’implication dans des crimes économiques est connue tous, échappent à la justice. Ce n’est pas pour dédouaner Zada Mahamadou et Ibou Karadjé, mais force est de constater que la volonté de sévir (en toute impartialité) n’y est toujours pas. Bazoum Mohamed doit revoir son engagement. Il doit convaincre les Nigériens quant à sa sincérité. Par les actes, audelà des paroles.

Alpha