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Droits et protection des personnes handicapées au Niger : Pour une meilleure prise en compte du handicap

Au Niger, malgré  l’adoption de la loi n° 2019-62 du 10 décembre 2019 déterminant les principes fondamentaux relatifs à l’insertion des personnes handicapées et son décret d’application adopté le 12 juillet 2021, concernant la promotion et la protection des personnes handicapées, ces dernières sont aujourd’hui confrontées à un certain nombre d’obstacles. Ces problèmes sont liés à l’inclusion dans plusieurs aspects de la vie, notamment le manque d’opportunités socioéconomiques, le faible accès aux services sociaux de base, l’exposition au risque de vivre dans la pauvreté.

Selon le Recensement général de 2012, les personnes handicapées sont estimées à 715.497 soit 4,2% de la population totale du Niger.  L’Etat et ses partenaires déploient de multiples efforts  pour harmoniser les différents textes relatifs à la promotion et à la protection des personnes handicapées au Niger à travers plusieurs mesures. Parmi ces mesures, il y a entre autres  l’appui à la scolarisation des jeunes filles handicapées, la vulgarisation des textes relatifs à la promotion et la protection des droits des personnes handicapées, la sensibilisation de la population et des communautés sur les questions liées au handicap, l’appui en appareillage pour l’autonomisation physique des personnes handicapées et  l’édition de la carte d’égalité des chances en faveur des personnes handicapées.

Selon le président de la Fédération Nigérienne des Personnes Handicapés, M. Siddo Nouhou  Oumarou, dans le cadre de la protection des handicapés, leur association  mène plusieurs activités. Il s’agit essentiellement du plaidoyer pour l’amélioration sociale des personnes handicapées. Sur ce sujet, « le ministère en charge de la protection sociale et de l’emploi travaille beaucoup avec la fédération pour aller vers la révision de la politique de protection sociale », a-t-il dit.

En plus, M. Siddo Nouhou  Oumarou a rappelé que récemment, le Niger a ratifié  le protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Droits des Personnes Handicapées de l’Afrique. «Aujourd’hui, la volonté  des autorités est là. Mais   malheureusement, les ressources pour la réalisation des droits des personnes handicapées sont très insignifiantes. C’est pourquoi, l’on constate un certain nombre de mendiants dans nos rues et dans certains pays en Afrique voire au-delà, compte tenu du faible moyen alloué à cette frange de la population dans le cadre de l’amélioration de leur condition de vie », a-t-il expliqué.

Par ailleurs,  M. Siddo Nouhou  Oumarou a déclaré que  le ministère en charge de la Population a créé une direction chargée de la promotion des personnes handicapées et de l’inclusion sociale. «Mais, par manque des ressources,  les droits des personnes handicapées ne sont pas totalement pris en charge au Niger », a-t-il fait remarquer.

« Le fonds national de soutien des personnes handicapées qui a été très durement négocié en 1999 a été suspendu en 2018.  Lors de nos rencontres, le Premier ministre a instruit le ministre en charge des questions de handicap pour la réouverture et l’accroissement du soutien au fonds national des personnes handicapées. Mais jusqu’à présent rien n’a changé », s’indigne le président de la FNPH. 

Pendant la table ronde sur le financement du PDES 2022-2026 du Niger tenue à Paris, M. Siddo Nouhou  Oumarou a souligné que la fédération, avec certaines associations, ont eu à rencontrer le Président de la République, SE. Mohamed Bazoum pour lui faire part  des  attentes liées uniquement à la réouverture et l’accroissement substantiel du fonds national de soutien aux personnes handicapées. Selon lui, ce fonds a aidé, dans le passé, beaucoup de personnes handicapées. Avec la réouverture et l’accroissement de ces fonds, l’Etat du Niger pourrait apporter une aide substantielle aux personnes  handicapées », a-t-il indiqué.   

Evoquant la situation communautaire des personnes handicapées, le président de la  FNPH a estimé que beaucoup reste à faire en termes de sensibilisation. « Certains culpabilisent la personne handicapée à fortiori leur droit. La personne handicapée n’est pas responsable de sa situation», a-t-il précisé.

D’après lui, si toute la communauté soutient l’intégration et la participation des personnes handicapées, le handicap sera très bien pris en compte et il sera très vite dépassé par les personnes handicapées. Il a salué les multiples efforts des partenaires qui travaillent avec la fédération sur les questions de la protection sociale des personnes handicapées en particulier des femmes et des enfants.

Toutefois, M. Siddo Nouhou  Oumarou a relevé que malgré tous ces efforts, beaucoup reste à faire notamment en ce qui concerne l’accès limité aux services sociaux de base à savoir la santé, l’éducation, la justice et l’emploi. « Actuellement, les personnes handicapées sont environ un  million au Niger. Nous avons espoir qu’avec une synergie d’actions entre l’Etat et la fédération, nous pouvons aller vers une stratégie de réadaptation des personnes handicapées au Niger», a-t-il conclu.

Par Yacine Hassane(onep)
Source : http://lesahel.org/