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De l’encombrement des rues de la capitale : faut-il entendre ces cris d’indignation ?

L’urbanisation de la ville de Niamey est préoccupante. Alors que la ville s’étend géographiquement, débordant de la région de Niamey pour pousser ses frontières sur des espaces relevant de la région de Tillabéri, les infrastructures urbaines ne suivent pas : pas de voiries, pas de routes pour désenclaver les nouveaux quartiers afin de les rapprocher du centre-ville, pas de moyens de transports variés qui donnent de multiples choix aux habitants... Toute l’activité économique, comme il fallait s’y attendre, s’est concentrée dans le centre ville, où Niamey garde les seuls vieux marchés, non réaménagés qui ne répondent plus aux besoins de la capitale en infrastructures commerciales d’une telle importance. Alors que l’activité économique, commerciale s’est considérablement développée, les marchés existants sont débordés, ne donnant d’autres possibilités que d’occuper la rue.

On se rappelle que sous Issoufou Mahamadou, prétextant l’embellissement de la ville dans la perspective du sommet de l’UA, une opération de déguerpissement avait été menée avec l’ancien gouverneur, Hamidou Garba. Mais par son caractère brutal et peu social, les Nigériens en avaient été profondément choqués notamment par l’insensibilité des autorités de l’époque à entendre les cris des populations et notamment d’une jeunesse poussée au chômage.

Mais depuis quelques mois, peu à peu, les vendeurs sont revenus pour occuper les mêmes espaces d’où on les chassait il y a peu, continuant à exercer leurs activités marchandes, rassurés par une forme d’indulgence des autorités de la ville qui peuvent comprendre qu’il vaut mieux avoir des jeunes qui triment au soleil, risquant leur vie au milieu de la circulation, et ce même gênant la circulation, que d’en avoir, faute de travail, dans les coins de rue, le jour et la nuit, pour attaquer de paisibles citoyens, à jouer aux coupeurs de route, à voler, à blesser, à tuer, développant la pègre et souvent la prostitution, le grand banditisme urbain que les habitants de la ville décriaient il y a quelques mois. La presse à l’époque, avaient relevé le caractère inhumain du déguerpissement. Mais alors pourquoi aujourd’hui, d’autres reviennent à faire cas de ce que les gens continuent d’occuper la rue ? Où voudra-t-on qu’ils aillent ? Peut-on savoir que c’est par un tel travail, peut-être sous-estimés, que nombre de ces jeunes des rues, exilés souvent des zones d’insécurité, aident des parents restés au village pour la survie ? Il revient donc aux pouvoirs publics d’analyser cette situation sans passion, pour d’une part créer les conditions d’une meilleure gestion de l’espace urbain en construisant des infrastructures, notamment des marchés, modernes qui répondent aux besoins des populations et à la vision moderne que l’on peut avoir pour la ville. Dans tous les pays du monde il y a des rues marchandes et une première solution pourrait être de fermer à la circulation certaines voie jusqu’à une certaine heure de la journée pour laisser d’autres citoyens se battre là, se chercher et réussir. Il ne faut donc pas déposséder ces jeunes de ces espaces pour ne pas les pousser à aller dans le jungle des humains où ils pourraient faire prospérer des vices et autres phénomènes sociaux dommageables à la quiétude de la ville.
Aïssa Altiné