Skip to main content

Uraniumgate / Contre-attaque des avocats d’Issoufou : Veut-on tout reverser sur Hassoumi Massaoudou ?

Une plainte des avocats de l’ancien président de la République, le sieur Issoufou Mahamadou, circule depuis trois jours sur les réseaux sociaux. Elle réagit à l’article d’Africa Intelligence qui révélait des résultats d’enquêtes américaines sur le dossier de la transaction de l’uranium nigérien. L’initiative est sans doute normale et compréhensible mais, le faisant, peut-on s’être entouré de toutes les précautions pour éviter à Issoufou des retournements plus désagréables dans l’évolution du dossier ? Et les Nigériens ne demandent pas mieux pour que toute la lumière soit faite sur le dossier. Vivement donc pour que la vérité fasse jour !

Dans le communiqué en date du 12 mai 2023, les avocats, sans que la forme du document ne convainque, notent que « Ces allégations sont dépourvues de tout fondement et portent violemment atteinte à la dignité, à l’honneur et à la considération du Président Issoufou Mahamadou qui n’a à aucun moment participé à une quelconque transaction avec les sociétés ou personnes citées dans ledit article et n’ayant a fortiori jamais reçu les moindres fonds de leur part ». Peut-il aujourd’hui nier, quand bien même président de la République à l’époque, l’opération menée à partir de son cabinet, qu’il n’avait jamais rien su et appris de la transaction et que les Hassoumi Massaoudou auraient agi au-dessus de sa tête, presque en catimini ? Quel pouvoir Hassoumi, pouvait-il avoir, à prendre une telle initiative d’une portée politique grave, presque seul, et même à voyager pour aller ouvrir un compte en France ? Issoufou ne l’a jamais et n’aurait jamais donné sa caution pour que son Directeur de cabinet de l’époque agisse par procuration ? Pourtant, c’est Massaoudou qui été sorti pour communiquer sur le dossier, informant, sans convaincre, que le profit tiré de la transaction sans avoir à faire quelque chose, aurait servi à équiper la garde présidentielle. Pourquoi n’avait-il démenti de tels propos pourtant très précis qu’il donnait pour calmer l’affaire On comprend donc que le communiqué des avocats est servi pour la consommation locale surtout afin de redonner espoir à des proches qui ont été bouleversés par les révélations dérangeantes d’Africa Intelligence. C’est pourquoi, l’on attend que le journal incriminé informe les prochains jours ses lecteurs d’une telle démarche pour dire clairement les termes dans lesquels, l’on formule une plainte contre lui. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir la justice que l’on saisit dans le cadre de cette affaire. Est-ce la justice française ? Est-ce la justice américaine ?

Quand on apprend par certaines sources que des services de renseignement d’un pays étranger auraient transmis des enregistrements sonores aux enquêteurs américains, l’on se demande, avec quels arguments l’accusé pourrait s’en laver les mains. Fautil croire que le nom de code que l’un des bénéficiaires se serait donné – T3 – pourrait efficacement protéger le protagoniste qui serait au centre de l’affaire pour demeurer inconnu et indéfinissable ?

Bref, cette initiative des avocats rend le dossier intéressant et croustillant en ce qu’elle risque de précipiter son évolution et surtout au journal attaqué de pousser ses investigations pour s’informer davantage sur le dossier et peutêtre rendre compte des contours jusque-là inconnus de l’affaire. Mais quand on lit entre les lignes, l’on croit comprendre qu’on essaie de disculper Issoufou sans que l’on ait des preuves si ce n’est la simple réfutation verbale des allégations portées contre lui. Et, sournoisement, l’on peut croire qu’on accuse un autre qui pourrait avoir traité avec des personnes et des institutions, notamment bancaires. Alors, si « […] Mahamadou Issoufou […] n’a à aucun moment participé à une quelconque transaction avec les sociétés ou personnes citées […] », faut-il entendre que c’est un autre que l’on sait qui a joué un rôle dans la mafia qui en porte désormais, politiquement et pénalement la responsabilité de la faute ? Hassoumi Massaoudou, peut-il alors se croire trahi pour trouver là des raisons de s’inquiéter ? Faut-il alors s’attendre au plus grand déballage ?

Cette affaire, faut-il en convenir, n’a pas encore fini de révéler ses secrets. Et pour le moment, le communiqué ne lave personne, et pas même Issoufou. Le monde attend que la justice américaine qui travaille de manière indépendante apporte des lumières sur le dossier pour élucider le crime.

Les Nigériens restent sereins et attendent. Les justices française et américaine, pour la même cause, continuent leurs investigations. Aucune main ne peut ombrager un soleil qui se lève…

{xtypo_rounded2}
Ouverture d’une enquête pour corruption sur la vente d’uranium nigérien par Areva en 2011
« Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire visant notamment Areva – devenu depuis Orano – dans une affaire baptisée « Uraniumgate » de courtage d’uranium nigérien en 2011, qui s’était traduite par d’importantes pertes pour le groupe nucléaire. Après avoir mené son enquête préliminaire pendant presque cinq années, le PNF a confié la suite des investigations en février 2020 à un juge d’instruction pour « corruption d’agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment en bande organisée de ces délits », a détaillé le parquet, confirmant une information de l’hebdomadaire L’Obs. L’affaire « Uraniumgate » avait éclaté en février 2017 avec la publication, dans l’hebdomadaire nigérien Le Courrier, de documents portant sur la vente à l’automne 2011 d’une importante quantité d’uranium pour 320 millions de dollars. Le stock avait dans un premier temps été cédé par Areva à une société russe, Energo Alyans, qui l’avait ensuite revendu à la société Optima Energy Offshore au Liban.

Entre 24 et 101 millions de dollars auraient été détournés

Quelques jours plus tard, Optima avait vendu l’uranium à la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamin), contrôlée par l’Etat nigérien. Areva avait alors racheté ce stock à la Sopamin à un prix bien supérieur à celui auquel il l’avait cédé initialement.

Les policiers de la brigade financière, chargée des investigations après la révélation de transactions douteuses par l’hebdomadaire, cherchaient à déterminer si le montage financier aurait pu permettre de dissimuler des commissions ou des rétro commissions. Entre 24 et 101 millions de dollars auraient été détournés des caisses du groupe Areva entre novembre 2011 et février 2012, selon L’Obs.

D’après l’hebdomadaire, l’information judiciaire a été confiée au même juge d’instruction que celui qui était chargé de l’enquête sur l’acquisition par Areva d’une société minière canadienne, Uramin, propriétaire de trois gisements d’uranium en Afrique, pour laquelle il a déboursé 1,8 milliard d’euros en 2007 »

{/xtypo_rounded2} 

Alpha