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TRANSITION NIGERIENNE : Issoufou Mahamadou est-il le parrain de l’ombre du CNSP ?

Issoufou Mahamadou justiceL’arrivée du Général Tiani, si d’ailleurs certains, à un certain moment, n’avaient pas vu en lui, la résurrection et le retour d’un Seyni Kountché, avait suscité beaucoup d’espoir dans le pays, laissant exploser ici et là, des liesses populaires, un grand déferlement de joie par lequel les Nigériens laissaient entendre leur nouveau souffle, sortant de douze années d’étouffement et de caporalisation. Mais déjà, dès sa première déclaration, quand on entendait que c’était lui qui prenait les commandes du pays, et pour avoir été celui qui avait assuré la sécurité de l’ancien président Issoufou et qui le recommanda à Bazoum Mohamed, certains étaient retombés, froids, dans l’euphorie qui les exaltait, se disant que rien n’a changé pour le pays, voyant là, une autre farce qu’Issoufou, se servant d’un de ses hommes, venait servir aux Nigériens, lui qui voudrait revenir au pouvoir et installer, à sa suite, son enfant qu’il coachait dans son écurie, car ne voyant plus personne, dans son PNDS et le pays,apte à diriger le pays pour lui succéder si ce n’est son enfant, son héritier, pour ainsi réduire la démocratie nigérienne en une oligarchie pour laquelle, il allait mobiliser sa région natale où, déjà travaillée à cette option, on peut entendre quand le père et le fils partaient s’y promener, des gens chantonner « Saï ka yi », pour dire au rejeton que ce sera son tour un jour proche.

Pendant que Bazoum Mohamed pouvait être gardé au palais, et que les Nigériens apprenaient qu’Issoufou échangeait avec l’extérieur, donnait des interviews, promettait même d’agir pour régler la crise nigérienne, les Nigériens avaient beaucoup douté de la sincérité du coup d’Etat. La main d’Issoufou Mahamadou, visible ou supposée, qui manipulerait les événements en cours dans le pays, ne donnait pas trop d’assurance et les Nigériens ont appris à se méfier. L’engouement des Nigériens commençait d’ailleurs à s’essouffler, certains ayant vu quelques signes, avaient commencé à faire marche-arrière, redoutant le pire scénario par lequel le CNSP viendrait à lâcher le peuple en plein vol.

Mais au fil du temps, d’autres signes sont venus pour dire qu’il n’en est rien et que l’action des militaires, et surtout depuis, qu’après le coup, les officiers nigériens se concertaient, pour expliquer le sens du renversement de Bazoum Mohamed et, notamment, pour comprendre qu’il ne cachait pas un autre agenda, ne visait rien d’autre qu’à sauver la patrie qui était au bord du précipice. En effet, depuis que l’ami proche, Pierre Foumakoye et le fils prodige allaient en prison, l’on y a vu un signe rassurant qui motivait les militaires, croyant comme il l’a toujours été depuis le CMS, le Conseil Militaire Suprême de Seyni Kountché, que c’était le Niger, et le Niger seul,qui intéresse les soldats nigériens, le Niger qui est forcément au-dessus des individus.

Ces derniers jours, les mêmes appréhensions reviennent, plus fortes que jamais. Et pour cause, on voit de nouveaux signes qui intriguent. Quand, mettant en place la CODEFF qui, depuis quelques semaines, s’est mise au travail, au lieu des sujets chaudchaud, l’on vient parler aux Nigériens d’une affaire de la SONUCI, du MEBA, alors qu’il y a plus frais, plus sérieux et grave, les Nigériens ne sont que très déroutés. Ce n’est pas des affaires qui manquent à la Renaissance pour qu’on vienne servir les Nigériens d’autres sujets inattendus, comme si quelque part, quelqu’un voudrait épargner ceux qui ont fait le plus grand mal à ce pays, et qui l’ont pillé pour dormir aujourd’hui sur de gros milliards, propriétaires d’immeubles insolents qu’aucune de leurs activités légales ne peut justifier, en tout cas pas pour avoir dirigé, même pendant douze ans, un pays qui serait l’un des plus les plus pauvres de la terre.Le Niger va mal. C’est la triste réalité. Le CNSP peut-il s’en rendre compte ? Il est difficile de comprendre dans un tel pays ces comportements d’un régime militaire qui ressemblent fort bien à une plaisanterie de mauvais goût.

Quand, après plus de cinq mois de gouvernance, à l’exception du corps habillé qui occupe bien de places, l’on n’est souvent que déçu de voir qu’il n’y a pas souvent dans l’administration de grands changements notables, c’est qu’il y a problème. Et, il y a de quoi croire qu’Issoufou dirait aux siens de se tranquilliser car ce sont encore et toujours ses hommes qui commandent. Estce à dire, se demandent les Nigériens, que ceux-là sont indispensables au Niger et que sans eux rien ne peut se passer dans le pays ? Cela cause problème. Il ne faut donc pas s’étonner que certains de ceux-là travaillent plus pour leurs mentors que pour le pays et pour le CNSP car s’ils sont gardés dans le système c’est bien plus par un autre – suivez mon regard – que par le CNSP lui-même. Sommes-nous franchement sortis du trou, se demandent, interloqués les Nigériens ? Comme dirait l’autre, l’épine n’est pas tirée de la plaie. Par ailleurs, ces agitateurs ameutés à partir de l’empire d’Issoufou Mahamadou et qui, depuis des jours, parcourent le pays pour aller vendre sa parole, quand le CNSP, malgré certains appels à l’ordre, ne peut arrêter la dérive, donnent à douter de la transition et notamment de ce qu’elle voudrait travailler pour le Niger, non pas pour un homme. On se rappelle que pour beaucoup de chefs d’Etat africains et notamment de la CEDEAO et de puissances étrangères comme la France, ce coup d’Etat, à tort ou à raison, serait une instigation qui viendrait d’Issoufou Mahamadou. Le Président français, Emmanuel Macron, va jusqu’à parler de « Trahison politique », accusant à demi-mot l’ancien ami de l’occident auréolé pourtant de tant de brevets de bon démocrate et de talentueux gouvernant qui a curieusement, tout prophète qu’il serait, fait de son pays, pendant dix ans, invariablement, le dernier de la planète selon le classement de l’IDH par le PNUD.

Ailleurs donc, au niveau de beaucoup de partenaires, sans doute rassurés par les échanges eus avec le président déchu, ce qui est arrivé à Bazoum Mohamed, par les conflits de compétences et la guerre de positionnement dans le pouvoir usurpé, ne s’expliquerait que par un arbitrage d’Issoufou. Le débat, à un tel niveau, ne se fait plus, et pour ceuxlà, Issoufou a la main dans les malheurs de Bazoum. Mais pour les Nigériens qui attendaient depuis des années que cela arrive, las de vivre tant d’injustices et de laisser-faire, de gangstérisme et de vols, le débat, après être sorti de l’euphorie, revient, et avec lui, les doutes. Ce peuple, a besoin d’être rassuré. Et personne, malheureusement, ne peut le faire si ce n’est le CNSP lui-même, car tout divorce avec ce peuple qui l’a soutenu risquerait d’être violent pour le pays. Et cela n’est possible que par la révélation d’au moins un de ces dossiers qui accablent l’ancien président qu’on sait être trempé dans bien de dossiers. Si d’autres Nigériens, même pour des fautes supposées, sont allés devant le Juge, rien ne peut l’absoudre d’une comparution, étant entendu qu’il reste un justiciable comme un autre, comme tout autre Nigérien, vivant sous les mêmes lois. Pour le laisser manoeuvrer afin que les mêmes démons reviennent, les Nigériens disent ne le jamais accepter. Le CNSP joue sa crédibilité.

Cela sort de plus en plus dans les conversations, et on l’entend sur les espaces indiscrets des réseaux sociaux. Le peuple commence à parler. Et cela n’est pas un bon signe. Elevons-nous audessus des amitiés et des complicités pour agir en hommes d’Etat. Le salut est là. Pour tous.La meilleure protection pour un dirigeant c’est le peuple. Pas un autre même devenu très riche.

Par Alpha (Le Courrier)