TRANSITION & JUSTICE : Nécessité pour le CNSP d’assainir les juridictions pour soigner le malaise nigérien
Le malaise nigérien trouve son fondement dans le mal-être d’une Justice manipulée, aux mains de clans politiques qui en ont fait un instrument politique, voire une arme politique pour défaire des hommes et asseoir leur domination sur l’échiquier politique. Le choix des magistrats et leur placement dans des positions de l’appareil judiciaire participe justement d’une stratégie mise en place par le parti socialiste nigérien en vue de contrôler tout l’appareil où, au bout, il a ses hommes liges pour mettre en oeuvre ses complots et réussir, ce faisant, à anéantir toute adversité qui pourrait le gêner à gouverner à sa guise et pouvoir mettre en place une dynastie pour laquelle les fils montaient dans l’échelle, au détriment de la promotion des cadres du parti, marginalisés, souvent oubliés, abandonnés à la périphérie du parti qui ne servait plus à grand-chose sinon qu’à inaugurer les chrysanthèmes à travers la tenue folklorique d’instances du parti pour « faroter » avec l’argent du peuple volé.
Dans le contexte de cette transition, il est opportun d’en parler pour alerter sur certains hommes dont les rôles, dans l’ancien système, en mettant le droit au service des intrigues d’un clan, a contribué fortement à les discréditer. C’est à juste titre que l’on continue à s’interroger sur les magistrats Bouba Mahaman et Gayakoye, quand on sait que nombre de malaises dans le pays se justifiaient par le rôle trouble qu’ils jouaient dans certains dossiers. De tels actes auraient pu conduire le pays à des turbulences surtout quand, Bazoum, par lui-même, pouvait mettre l’opposition d’alors au défi du rapport de force pour s’affirmer et se défendre.
Heureusement, les sagesses des opposants, conscients des risques que pouvait prendre leur pays, évitaient au pays des dérapages qui pouvaient être incontrôlables.
Le premier des hommes que nous indexons est ce magistrat, ancien président de la Cour Constitutionnelle, qu’utilisait Issoufou Mahamadou pour se maintenir au pouvoir, sans adversité, en « isolant » – le mot est de Massaoudou – son principal adversaire, envoyé en prison pour une histoire fabriquée de toutes pièces afin qu’il n’ait pas les mêmes chances que son challenger qui partait seul à la rencontre des Nigériens pour battre campagne. Le format était inédit dans l’histoire des démocraties pour n’être connu qu’au Niger sous Issoufou et sa Renaissance.
Le même magistrat a été utilisé par son successeur, Bazoum Mohamed, sans doute avec les facilitations d’Issoufou Mahamadou, pour s’imposer président, choisissant délibérément de ne pas vider son dossier contentieux que déposaient les adversaires politiques au sujet de sa nationalité d’origine douteuse, laissant-le quand même se présenter, quant à l’autre, sur des arguments fallacieux, la même Cour se fondait, pour l’empêcher de se présenter à l’élection, ouvrant ainsi le boulevard qui le conduisit à la tête de l’Etat, accompagné par une meute de politiciens qui, après l’avoir combattu sans façon sur le même sujet, partirent, toute honte bue, le soutenir, pour manger dans un plat que leur donnait un pouvoir usurpé. Mais passons.
Le magistrat controversé permit ainsi à un clan de garder, de contrôler et même de domestiquer le pouvoir pour ainsi détruire la démocratie nigérienne dont les malaises provoqués ont conduit aux événements du 26 juillet 2023 et justifié la rectification qu’opérait l’armée.
Le même magistrat était à la Cour de Cassation, et c’était lui qui avait géré le dossier de Hama Amadou, pour faire de l’affaire des « Bébés importés » une arme politique pour abattre un adversaire, refusant d’aller, dans la gestion d’un tel dossier, au civil, ainsi que le commandait le premier Juge ayant eu en charge le dossier, entendu qu’un enfant – et des posters de l’Unicef dans la ville de Niamey le prouvent – a DROIT à une famille. Comment peut-on moralement et judiciairement juger cette affaire, sans régler en amont le problème de ce premier droit qui donne à ces enfants le droit d’avoir et de vivre dans une famille ? Dans leur cas, on ne leur connait pourtant aucune autre famille que celle dans laquelle on les prenait méchamment pour les jeter dans ce qui pourrait être pour eux une poubelle humaine, l’orphelinat où le régime d’alors les envoyait pour souffrir des adversités d’hommes qui ne laissent aucune part humaine dans leur compréhension de la politique, pour blesser jusqu’à l’intimité qui est de la part inviolable de l’humain et qui oblige à tenir la famille à l’écart des débats politiciens. Mais sans doute qu’il savait pour qui il le faisait. Et surtout pourquoi.
L’autre, Gayakoye, aura aussi été utilisé pour écraser le même homme, par des haines inassouvies que rien ne peut permettre de comprendre et de justifier pour s’acharner sur un homme afin de lui nuire et de le détruire pour les plaisirs de ses adversaires qui ont cru que tant qu’il pouvait être libre, ils ne sauront jamais le battre. On comprend d’ailleurs que lorsqu’ils se débrouillaient à le faire condamner, sans avoir jamais été entendu par un juge, ils ne se gênaient pas qu’il vive loin du pays, en exil. Hama gêne.
C’est incompréhensible. Il leur fallait ces autres moyens nonconventionnels pour écraser leur bête noire – le mot est juste. L’homme aura connu tous les embastillements, toutes les persécutions injustes que rien ne peut faire comprendre.
C’est depuis 2007 jusqu’en 2020 que ce juge restait dans un certain positionnement, on aurait cru, juste pour faire le mal à Hama Amadou, devenu sa victime judiciaire éternelle. Son parti, du reste, s’était plaint plusieurs fois du personnage.
Corriger….
De tels hommes, dans les moments que vit le pays, avec les nouveaux espoirs que donnaient les événements du 26 juillet 2023, ne peuvent plus occuper certaines responsabilités dans l’appareil judiciaire du pays, car un juge ne peut pas se servir de la loi pour régler ses comptes ou, par procuration, régler les comptes d’autrui, pour prostituer le DROIT, et avoir la chance d’occuper ad vitam aeternam certaines positions surtout que, pour faire le travail, ils ne peuvent pas être les seuls dont le pays peut disposer pour promouvoir le droit. Les besoins du changement auxquels aspirent les Nigériens commandent des rectifications dans l’appareil judiciaire. C’est une urgence du moment.
Il urge de sanctionner de tels magistrats qui ont dévoyé la justice, mise au service de complots politiques qui ne peuvent être les préoccupations d’une Justice et des Nigériens ni même de l’intérêt de notre démocratie. Rappelons qu’en 2020, Gayakoye était à la Cour d’Appel et c’était lui qui, quand le magistrat du Tribunal de Grande instance, demandait de vider au préalable l’affaire au civil, recevait le dossier pour juger l’affaire, et faisant abstraction de cette étape nécessaire que demandait le premier Juge confirmait une condamnation de Hama Amadou et en dernier ressort, à la Cour de Cassation, Bouba Mahaman qui y était, finit le job en confirmant l’arrêt que rendait la Cour d’Appel de Gayakoye. Par de tels réglages, on ne pouvait pas croire à de la justice !
Dans une probable complicité au service de pouvoir de l’époque, les deux juges réussirent à condamner Hama Amadou. Entre temps, Bouba Mahaman qui arrivait à la Cour Constitutionnelle, parvint, se servant de leur travail en amont, par invalider la candidature de Hama Amadou, l’éliminant, ainsi que le cherchait le PNDS. Le Niger nouveau n’a pas besoin de tels juges.
Il faut partir sur des bases saines avec des hommes intègres qui éclaireront sa marche nouvelle vers des destinées nouvelles, loin des ratés du passé. Le CNSP et son gouvernement sont donc avisés sur ces graves contorsions qui ont causé les malaises que l’on sait dans notre société et dans sa démocratie.
Il faut réparer !
Par Alpha