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Transition et Justice : Nécessité de lever l’immunité des deux anciens présidents

Le Niger, après le coup d’Etat, revenait de loin. Il a un grand besoin de justice et de vérité. C’est connu. Le CNSP en a conscience. Mais a-t-il les moyens et le courage d’accéder à cette demande populaire ? Va-t-il d’ailleurs au rythme souhaité ? Ses discours, pour dire que personne ne sera épargné, suffisent-ils à convaincre de la sincérité de sa volonté politique d’assainir et de mettre de l’ordre dans le pays ? Plus que des mots, dans ce Niger qui respire des douleurs profondes, il faut des actes. Oui des actes courageux. Le président mauritanien, n’était-il pas obligé de pousser son prédécesseur devant les tribunaux pour répondre de ses actes et finir par aller en prison, tout ancien président qu’il fut ? La politique ne s’accommode pas de légèreté. Avec le pouvoir, il y a des choses avec lesquelles on ne joue plus. On ne badine pas. Pour la vérité et la Justice, un Chef, et un vrai, ne doit pas avoir une main qui tremble et hésite. C’est une exigence du pouvoir et du leadership.

Après plus de quatre mois, il faut croire que le peuple a trop attendu. Il faut comprendre sa méfiance et ses inquiétudes légitimes. Il est temps de passer aux actes en donnant des signes forts qui traduisent, par les actes, la volonté politique de bannir l’impunité dans le pays et de faire en sorte que tous les actes connaissent le traitement judiciaire qu’ils méritent. Les Nigériens savent là où il y a problème. Le débat sur la libération insensée de Bazoum ne doit pas faire oublier qu’il n’est pas seul dans le mal du Niger. C’est tout un système qui est mis en cause, et d’abord ses deux chefs. Bazoum a ses fautes, tout le monde les connait. Avant lui, pendant dix ans, Issoufou Mahamadou a géré et l’on sait que celui-ci est plus comptable de tant de malheurs qui arrivaient au pays. Au nom de l’Etat de droit, de l’égalité de tous devant la Justice, de l’équité donc, aucun d’entre ces deux hommes ne doit être épargné. On attend donc du CNSP et de son gouvernement, pour les besoins de la Justice, de lever les immunités des deux personnages. En même temps que cela devrait être perçu par les Nigériens comme un signe fort de la marche irréversible du Niger vers une justice véritable et équitable qui n’épargnera personne quel que soit son gabarit. Ce sera aussi l’occasion de mettre à l’épreuve la Cour d’Etat de laquelle, bien d’observateurs, doutent, soupçonnant que certains de ses membres pourraient être là pour perpétuer l’impunité, en tout cas, pour protéger certains caciques du système que le PNDS mettait en place en avril 2011.

Pour les Nigériens, rien ne peut exonérer ceux-là de leurs fautes de gestion. N’est-ce pas Issoufou qui a fait venir les soldats français sans s’entourer des précautions constitutionnelles ? Qu’a-t-on fait des frais que l’Amérique, pour occuper l’espace nigérien, paie chaque mois ? N’est-ce pas encore le même personnage qui validait la loi européenne contre la migration sans qu’on ne voie trop ce que cela a apporté au pays ? Qu’en est-il du hangar pour avion de 7 milliards et du système anti-missile de l’avion présidentiel ? En levant les immunités de tels personnages, ils devront pouvoir, devant le Juge, expliquer mille et un dossiers opaques sur lesquels les Nigériens attendent d’avoir des lumières.

Quand, en plus, dans l’administration, on ne voit que peu de changement, les mêmes personnes desquelles les Nigériens se sont plaints continuent à la tenir souvent avec les mêmes tares et les mêmes médiocrités, que peut-on attendre de cette transition qui a pourtant donné au peuple beaucoup de rêves ? Forcément, le changement passe aussi par le changement des hommes ainsi qu’on l’a à la tête de l’Etat. Ceux qui ont fait le mal, ne peuvent pas le réparer. Il faut donc aller au-delà des discours. Passer à l’acte. C’est une urgence de survie. Pour chaque nigérien. Pour la transition. Il nous faut ne pas douter de la transition et du CNSP !

Après le temps des discours, les mots ne pouvant rien contre les maux, l’heure est venue d’agir. Avec fermeté. Il ne faut pas oublier que les deux personnalités pour lesquelles il urge de lever des immunités avaient déjà des dossiers déposés à la Justice et, souvent, pour certains autres, c’était le SAMAN même qui demandait qu’on les mette à la disposition de la Justice, avertissant, à l’époque, que les hommes passent, les institutions demeurent. L’Histoire lui a donné raison.

Et le temps est venu où, en principe, ceux qui étaient forts, ne le sont plus pour contrarier la machine judiciaire et narguer les Nigériens. Les Nigériens regardent. Et attendent.

Maïriga

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