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TRAFIC D’OR NIGERIEN : Découvrir les visages de la pègre qui a pillé le Niger

Or du NigerDepuis quelques jours, ça bavarde beaucoup dans le pays. Trop de rumeurs sur des questions graves sur lesquelles le gouvernement devrait s’exprimer de manière très précise pour, d’une part, montrer sa volonté d’élucider cette affaire de trafic qui met en cause des quantités ahurissantes d’or et, d’autre part, prouver qu’il est déterminé à aller au bout de toutes les affaires, qui qu’elles puissent impliquer, la justice étant la même pour tous les Nigériens, pour tous les enfants du pays. On apprenait d’abord qu’il eut un vaste mouvement d’affection de tous les agents des FDS, police, gendarmerie et douane, qui travaillent à l’aéroport International Diori Hamani de Niamey devenu la plaque-tournante de cet affairisme, quelques 80 hommes et femmes affectés là pour assurer la sécurité de l’aéroport et surtout pour veiller, nuit et jour, sur les trafics qui pourraient s’y développer. Quand on apprend que tous les agents ont été affectés, c’est que l’affaire est bien sérieuse et grave à la fois. Mais, si tel est le cas, peut-on seulement se contenter de procéder à des mutations d’agents pour croire que, pour des fautes aussi graves, l’on aura ainsi suffisamment sanctionné ? Non, et les Nigériens ont vu là une certaine légèreté de la part du CNSP.

L’affaire avait d’autant fait grand bruit que les médias internationaux s’en sont saisis, rapportant la saisie d’une quantité importante d’or à l’aéroport d’Addis-Abeba en Ethiopie à destination de Doubaï ? Dans le pays, les médias et la rue en avaient fait un sujet de conservation et, dans la confusion et les silences des autorités nigériennes, le gouvernement avait été obligé de sortir, à travers le ministre de la Justice qui avait animé un point de presse sur l’affaire, mais sans pour autant apporter des précisions rassurantes sur le trafic, restant prudent à donner des informations qui confondraient telle ou telle personne. Les Nigériens, comme il fallait s’y attendre, n’étaient pas satisfaits de cette sortie du ministre mais ils ont la patience d’attendre et d’espérer que la gravité du fait obligera à l’aborder avec plus de sérieux pour révéler à la suite de l’enquête les contours de la scabreuse affaire qui défraie la chronique.

Vieux problème…

La gouvernance du PNDS est sans doute la pire que le Niger ait connue. Tout, dans le pays, ne devrait profiter qu’à une camarilla égoïste et cupide, avide de brillance, pétrie de vanité et d’arrogance, et souvent l’on se demande qu’ont-ils à faire, en tant qu’individus, avec tant de fortunes ? Ah, socialistes tropicaux de la nouvelle ère politique ! Veulentils privatiser le Niger, en faire leur jardin familial pour y installer une dynastie qui leur fera prendre, par le pouvoir de l’argent, une revanche sur l’histoire pour se venger des galères vécues ? Ces gens du PNDS-Tarayya veulent que tout, au Niger, leur appartienne, jusqu’au fleuve, jusqu’au désert ! Ils sont voraces et maladivement insatiables. Cette affaire d’or qu’on trafique à partir de l’aéroport de Niamey est un crime immense, impardonnable dans un pays fait de misère où les enfants souvent, en ce 21ème siècle encore, apprennent à même le sol et dans des salles paillottes et où, parce que les services publics sont presque privatisés, la majeure partie des populations ne se contentent que d’automédication, n’allant devant l’infirmier ou le médecin que lorsque la maladie a atteint un certain seuil de gravité, et souvent, hélas, quand le cas est désespéré. Comment donc, dans un tel pays, d’autres se permettent de venir « pomper » les ressources du pays et notamment l’or, pour aller les vendre ailleurs, sans que rien de ce métal précieux ne profite au pays ? Attribuer des permis miniers, estce donner licence à des gens de faire de ce qu’ils exploitent ce qu’ils veulent ? Ces gens qui viennent dans le pays pour exploiter l’or, ne servent-ils pas de prête-noms pour des acteurs de l’ancien pouvoir pour faire main basse sur les ressources du pays ? On comprend pourquoi la région de Tillabéri et, notamment la zone des trois frontières, devenait un espace à enjeu où, par l’insécurité entretenue, il fallait faire partir les populations, assises souvent sans qu’elles ne le sachent, sur des ressources immenses.

Feedback…

Dans nos publications d’il y a quelques mois, nous avions évoqué une correspondance de la BECEAO adressée aux autorités du Niger pour exprimer une inquiétude de plausible évasion après que la banque centrale dit avoir noté la sortie d’une grosse quantité d’or du Niger sans voir revenir l’équivalent en devises dans le pays. A l’époque, il n’eut pas de réponse à cette correspondance qui évoque pourtant un fait très grave et on comprend que si le pouvoir de l’époque s’est contenté du silence, c’est qu’il sait bien de quoi il est question. C’est dire que ce dont on parle aujourd’hui n’est peut-être que le prolongement d’une pratique qui a existé depuis longtemps, sous la Renaissance, et dont le CNSP pourrait politiquement porter la responsabilité lorsqu’il a choisi de faire à moitié un coup d’Etat, c’est-à-dire tout en gardant le personnel hérité du système défait- décomposé qui a pu ainsi comprendre qu’on lui laissait aussi la latitude de continuer à poser les mêmes actes dénoncés, de continuer à ruiner le pays par de tels comportements. Il y a d’autant à croire que les premières explications données par le ministre de la justice ne satisfont pas l’opinion.

On sait comment, à tour de bras, sous l’ancien régime, des permis avaient été octroyés, à des individus, venant de l’étranger, pour, sous le couvert d’une exploitation semimécanisée, dépouiller le pays, spolier le peuple du Niger, sortant l’or de nos terres affamées pour ne nous laisser que de la poussière et des sols souillés qui ne seraient plus cultivables et des populations déshéritées et misérables. Par-dessus nos têtes trahies, passait l’or pendant que, dans le pays, les populations meurent de faim, manquant de tout. Pourtant, à ce qui se raconte, on était sous un socialisme et on pouvait même manquer de scrupule à raconter que ce socialisme prédateur aurait changé et transformé le pays comme jamais un autre système ne l’aura réussi. Jamais on n’a tant menti au peuple. Et il y a de quoi, quand les faits mêmes ne peuvent pas parler, si ne n’est de « fabriquer » des succès imaginaires au moyen des discours servis pour gaver un peuple nourri de rêves et de paroles. Aujourd’hui il vit le cauchemar.

Quand on apprend que c’est l’ensemble des fds qui a été affecté de l’aéroport, c’est que l’on a compris qu’il s’agit d’un vaste réseau mis en place par et pour une mafia internationale autour de l’or nigérien. C’est d’autant grave que des Nigériens ont accepté de s’associer à une telle entreprise, pour laisser des prédateurs nationaux et étrangers venir vider le pays de ses richesses et déposséder le pays de ses richesses. Peut-on faire ça à son pays ? Sans doute que le monde, en apprenant cette nouvelle, est étonné qu’on raconte que ce pays est le plus pauvre de la terre. C’est pour cela que pour les Nigériens, plus qu’à un autre, c’est à Issoufou Mahamadou que le Niger dit demander des comptes, lui à qui, confiant à ses discours, il confiait son destin pour le gouverner pendant dix ans qui n’auront été que dix années de spoliation et de vol.

Il y a à prendre au sérieux cette affaire…

De telles quantités d’or ne peuvent pas sortir comme ça du pays sans que l’Etat ne sévisse. On a appris que certains agents censés assurer la sécurité et la surveillance des lieux avaient été arrêtés, mais il reste beaucoup à faire, car on connait un peu la stratégie dans le pays : quand de tels problèmes surgissent et que tout le monde en parle, on fait payer à quelques menus fretins qui ne servent que de cobayes, et on annonce qu’une enquête est ouverte, sachant qu’elle n’aboutira jamais. Et, ainsi, on fait oublier l’affaire. Heureusement qu’à un certain niveau de la hiérarchie, l’on a compris la portée de l’affaire. Quand on peut entendre la radio des mille collines-rfi, faire un grand bruit sur le trafic, c’est qu’on sait que l’exploitation de l’affaire sur le plan de la communication, pourrait réveiller d’autres dissensions à l’intérieur du pays pour voir se disloquer la cohésion que l’on voit autour du CNSP et de son gouvernement de transition, la France étant obsédée de voir la transition nigérienne s’effondrer. Le premier signe qui a rassuré les Nigériens est cette décision du Président du CNSP et Chef de l’Etat, Le Général Abdourhamane Tiani, qui avait décidé aussitôt que l’affaire avait été portée à sa connaissance, d’une part de balayer les lieux en le débarrassant des complices que l’Etat envoyait là et payait à assurer la sécurité de l’aéroport, et d’autre part à annuler tous les permis miniers accordés et qui permettaient à des mains « invisibles » de venir siphonner notre or. Cette décision politique importante a au moins le mérite d’arrêter la « saignée » de l’or nigérien qui vient aussi de la région d’Agadez, il ne faut pas l’oublier, et d’où pourraient provenir de grandes quantités. Combien de fois, dans cette autre région, les producteurs avaient été interceptés et rackettés par des coupeurs de route invisibles qui réussissaient à partir avec le pactole ? C’est cela le Niger d’aujourd’hui et il y a d’autant plus à s’en inquiéter que tous les jours, sur nos routes et dans nos villes, des hommes et des femmes, dans presque toues les régions, sont arrêtés avec de grosses quantités de drogues. Le Niger est ainsi devenu ça.

C’est terrible. Quelle réputation les Renaissants laissent à ce pays et à son peuple ? Le CNSP doit comprendre la gravité de l’heure.

Par Alpha (Le Courrier)