Accéder au contenu principal

Tiani polyglotte : un exemple à imposer aux hommes politiques

allocution du president du conseil national pour la sauvegarde de la patrie cnsp chef de letat a louverture des assises nationalesDepuis qu’il arrivait au pouvoir, le Général Abdourahamane Tiani, a surpris les Nigériens par les choix qu’il fit pour communiquer avec les Nigériens, se servant de langues nationales dans les lesquelles il est à l’aise pour échanger avec ses compatriotes, et remettant ainsi en cause des pratiques jusqu’ici connues dans le pays. Alors que jusqu’ici la langue officielle est restée celle avec laquelle les chefs d’Etat se sont généralement exprimé pour parler à leurs compatriotes, le Général Tiani, lui, a choisi de parler plus en langue, non pour aborder des sujets qui sont souvent loin de nos préoccupations, mais de ce qui est de notre quotidien, de ce que vivent réellement les Nigériens dans leur ensemble.

Tout le monde sait que parler la langue de l’autre, dans un pays plurilingue, c’est aussi aimer l’autre et on comprend pourquoi, par ses choix, le général a réussi à se rendre davantage populaire auprès de l’opinion nigérienne, toute chose que ne peuvent faire bien d’autres acteurs politiques qui prétendent pourtant croire à la démocratie, à la nation et à ce qui pourrait faire la cohésion du peuple. C’est à la clôture des assises que le Président Tiani a encore surpris. En s’exprimant en langue peul, les Nigériens ont fini par comprendre à quel point l’homme est ouvert sur son pays, sur les réalités du Niger. Les hommes politiques, du moins certains – et ils se connaissent – tout intellectuels qu’ils sont, ne peuvent pas comprendre combien il est important, au-delà de sa langue maternelle, de parler une autre ou d’autres, quelle que soit la dimension de cette langue ou de ces langues dans la sociologie du pays, pour marquer l’intérêt que l’on a pour un autre, ou pour d’autres. Dans le cas d’espèce, il y en a qui ne font aucun effort pour parler d’autres langues nationales, ce, sans qu’ils ne puissent comprendre que cela joue contre eux et alors même qu’ils viennent faire de la politique en démocratie Ne peuvent-ils pas sentir de gêne en se retrouvant devant certaines populations sans être capables de leur parler dans leur langue ?

Pour assumer notre diversité et notre volonté de consolider la cohésion sociale, il y a à exiger davantage de nos hommes politiques pour demander de parler au moins deux langues nationales avant de candidater à la présidence de la République et de l’assemblée nationale. Il faut exiger de tous ceux qui voudraient diriger le pays de parler au moins deux langues nationales, n’importe lesquelles ; cela pourrait les discipliner à faire l’effort de parler d’autres langues nationales et de faire ainsi la promotion des langues nationales. Comment peut-on valoriser nos langues nationales quand ceux qui nous dirigent ne peuvent pas faire l’effort de les parler ? C’est une exigence morale et politique importante qui pourrait changer énormément de choses dans notre rapport avec nos langues, avec la politique, la démocratie et la nation.

Gobandy (Le Monde d’Aujourd’hui)