Synthèse des travaux des assises nationales : le rapport officiel des grandes décisions
Les Assises Nationales pour la Refondation du Niger se sont déroulées du 15 au 20 février 2025 à Niamey sous le Haut Patronage de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et Chef de l’État. Placées sous la présidence de l’Honorable Mamoudou Harouna Djingarey, ces assises ont rassemblé 716 participants issus de toutes les couches socio-professionnelles du pays ainsi que de la diaspora.
Cet événement, fruit de consultations régionales et internationales, avait pour objectif d’établir les bases d’une sécurité durable sur l’ensemble du territoire et de refonder le système politique, économique et social du Niger. Pour ce faire, cinq commissions thématiques ont été mises en place, regroupant des experts et représentants de divers secteurs.
Une analyse approfondie des défis du Niger
1. Paix, sécurité, réconciliation nationale et cohésion sociale
Les travaux ont permis d’examiner les causes profondes de l’insécurité et d’identifier des mécanismes de prévention et de gestion des conflits. Plusieurs recommandations majeures ont été formulées, notamment :
- La création et l’encadrement des groupes d’autodéfense et de brigades de veille ;
- La mise en place d’unités mobiles d’intervention rapide pour améliorer la réactivité sécuritaire ;
- La construction de mémoriaux en hommage aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et aux victimes civiles ;
- Le recrutement et la formation des jeunes, en particulier dans le secteur agricole ;
- La promotion de la réconciliation nationale et de la citoyenneté responsable ;
- Le renforcement de la confiance entre la population et les forces de défense.
2. Refondation politique et institutionnelle
Les débats ont porté sur une analyse critique de la gouvernance passée et les mesures à adopter pour une transformation politique durable. Parmi les principales recommandations figurent :
- Le maintien de la forme républicaine et unitaire de l’État, avec la reconnaissance du Président du CNSP comme Président de la République ;
- La dissolution des partis politiques actuels et l’élaboration d’une nouvelle Charte prévoyant un multipartisme encadré ;
- L’interdiction aux fonctionnaires de participer aux activités partisanes ;
- L’adoption d’une nouvelle Constitution ancrée dans les valeurs socio-culturelles du Niger, reconnaissant l’islam comme religion majoritaire tout en respectant la liberté de croyance ;
- La création d’une Cour de Répression des Infractions Économiques et de la Corruption.
3. Économie et développement durable
La commission dédiée a identifié des orientations majeures pour la gestion des ressources naturelles et le développement économique, parmi lesquelles :
- La réforme du système monétaire pour favoriser la croissance au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) ;
- La promotion de la souveraineté alimentaire à travers l’optimisation des chaînes de valeur agro-pastorales et halieutiques ;
- La réhabilitation des infrastructures industrielles (SOTRAMIL, SONARA, SONITAN) ;
- La construction d’une centrale nucléaire civile dans l’espace AES ;
- La réalisation accélérée du barrage de Kandadji ;
- La mise en place de projets d’infrastructures intégrateurs, tels que le chemin de fer Niamey-Ouagadougou-Bamako.
4. Géopolitique et environnement international
Face aux évolutions géopolitiques, les assises ont défini les orientations stratégiques suivantes :
- L’élargissement de la carte diplomatique du Niger en tenant compte des nouveaux paradigmes internationaux ;
- L’élaboration d’une politique extérieure conforme à l’appartenance du Niger à la Confédération des États du Sahel ;
- La création de structures nationales pour la Confédération AES ;
L’organisation d’un forum de la diaspora pour renforcer les liens avec les Nigériens de l’étranger.
5. Justice et droits de l’Homme
Les réformes judiciaires ont été au centre des discussions, avec pour principales recommandations :
- Le renforcement de l’indépendance de la justice et la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature ;
- L’intégration des mécanismes traditionnels de règlement des litiges dans le système judiciaire ;
- La lutte contre l’impunité et la corruption, avec la suppression des immunités parlementaires et juridictionnelles ;
- La restitution de la justice aux Nigériens dans plusieurs affaires emblématiques (assassinat du Président Baré, "Uranium Gate", "MDN Gate") ;
- La restauration du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection des Enfants.
Adoption de la Charte de la Refondation
Au terme des assises, la Charte de la Refondation a été adoptée à l’unanimité. Elle prévoit la mise en place des organes suivants :
- Le Chef de l’État ;
- Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ;
- Le Conseil Consultatif de la Refondation ;
- Le Gouvernement ;
- La Cour d’État ;
- L’Observatoire National de la Communication ;
- L’Observatoire National des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales.
La période de refondation est fixée à soixante mois (60) à compter de l’adoption de la Charte. Celle-ci, ayant valeur constitutionnelle, entrera en vigueur dès sa promulgation et sera publiée au Journal Officiel de la République du Niger.
Fait à Niamey, le 20 février 2025.