Souveraineté nationale : le Niger nationalise la SOMAÏR, reprend ses mines d’uranium et renforce la NIGELEC avec un Compact Énergétique déterminé
Réuni sous la haute présidence de Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République et Chef de l’État, le Conseil des ministres a franchi un pas décisif pour garantir la souveraineté économique du Niger. Deux décisions structurantes ont été entérinées : la nationalisation de la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR SA) et de la Société Nigérienne d’Électricité (NIGELEC SA), ainsi que l’adoption d’un Compact Énergétique National ambitieux pour accélérer la transition et la sécurité énergétiques.
SOMAÏR : une reprise stratégique au service des Nigériens
Pionnière de l’exploitation de l’uranium nigérien depuis 1971, la SOMAÏR est un acteur historique de l’économie nationale, installée à Arlit, dans la région d’Agadez. Jusqu’ici détenue à 63,40 % par le groupe français Orano et à 36,60 % par la SOPAMIN, elle a contribué à une production cumulée de plus de 81 861 TU d’uranium sur plus de cinq décennies.
Cependant, malgré une entente prévoyant une commercialisation proportionnelle aux parts, Orano contrôlait à lui seul plus de 86 % de la production vendue, générant un déséquilibre criant au détriment de l’État nigérien. La situation s’est détériorée après le 26 juillet 2023 : rapatriement précipité du personnel expatrié, interruption technique des systèmes, résiliation unilatérale de licences, et même plainte contre le Niger devant le CIRDI.
Face à cette accumulation de manquements et à ce qu’il qualifie de comportement « irresponsable et déloyal », le gouvernement a décidé d’exercer pleinement sa souveraineté sur cette ressource stratégique. Désormais, toutes les actions et le patrimoine de la SOMAÏR sont transférés à l’État du Niger, qui s’engage à indemniser équitablement les actionnaires tout en veillant au respect des obligations environnementales, notamment la réhabilitation des sites miniers.
Par cette nationalisation, l’État ambitionne une exploitation responsable et durable de l’uranium, garantissant que les richesses minières profitent d’abord aux Nigériens.
NIGELEC : assainir, moderniser et démocratiser l’accès à l’électricité
Dans le même élan de reconquête de sa souveraineté, le Niger a décidé de nationaliser intégralement la NIGELEC SA, société pilier pour la production, le transport et la distribution d’électricité sur l’ensemble du territoire.
Bien que l’État détenait déjà plus de 99 % des actions, la société accusait des déficits financiers structurels, aggravés par une gestion interne jugée laxiste et des avantages disproportionnés consentis au personnel, pesant lourdement sur la viabilité de l’entreprise.
La décision de reprise totale du contrôle vise à rationaliser la gestion, à restaurer la crédibilité financière de l’opérateur national et à offrir aux ménages et entreprises un service de meilleure qualité, plus fiable et plus abordable. Les actionnaires minoritaires seront indemnisés conformément à la loi, et un nouveau cadre de gouvernance sera mis en place pour accompagner la réforme.
Un Compact Énergétique National pour ancrer la transition énergétique
Parallèlement à la nationalisation de la NIGELEC, le Conseil des ministres a validé le Document du Compact Énergétique National, pierre angulaire d’une vision à long terme pour sécuriser et diversifier le mix énergétique du pays.
Ce plan repose sur trois axes stratégiques :
- Accroître l’accès à l’électricité et aux solutions de cuisson propre, en visant un taux d’accès à l’électricité de 60 % d’ici 2030, soit une progression annuelle de 14 %.
- Augmenter la part des énergies renouvelables à 30 % du mix énergétique, en intégrant davantage de solaire et d’autres sources propres.
- Mobiliser des investissements privés massifs pour financer des infrastructures modernes et résilientes.
Cette démarche s’inscrit pleinement dans la dynamique impulsée par la Déclaration de Dar Es Salam et confirme l’engagement du Niger à offrir à ses citoyens une énergie fiable, durable et respectueuse de l’environnement.
Vers un nouveau modèle de développement fondé sur la souveraineté et la durabilité
À travers ces décisions structurantes, le Niger réaffirme sa volonté de reprendre le contrôle de ses ressources stratégiques et de construire un modèle énergétique et minier au service du développement national et du bien-être de ses populations. Cette orientation marque une étape majeure dans la refondation économique et la consolidation de l’indépendance du pays face aux aléas extérieurs.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)