Sortie des trois pays du Sahel de la CEDEAO : Une Afrique libre sur la voie de naître
Les coups d’Etats qui ont bouleversé la vie politique au Mali, au Burkina Faso et au Niger, alors frappés de plein fouet par le terrorisme et sous l’emprise de gouvernements corrompus, au lieu de la lecture rationnelle et sereine qu’ils imposent, ont conduit la CEDEAO, dans une précipitation coupable, pour n’entrevoir contre des pays qui ont trop souffert depuis dix ans de la guerre, durement éprouvés par la violence terroriste, que la punition collective. Au lieu d’être solidaire dans l’épreuve, d’exprimer de la compassion pour des populations martyrisées, la CEDEAO n’avait de réponses pour ces pays que ce qui rajoute à leurs souffrances, décidant de mesures punitives qui ne visent qu’à étouffer ces peuples, à éteindre leur ardeur pour se libérer. Depuis les événements du 26 juillet 2023 intervenus au Niger, alors que personne ne s’y attendait, la France et ses supplétifs de la CEDEAO avaient cru qu’ils pouvaient faire courber l’échine aux Etats sahéliens de l’AES par la manière forte, et réussir à rétablir le pouvoir renversé. Ils sortaient à cette fin de leur boîte magique, l’artillerie lourde, décidant de sanctions que rien ne peut justifier, pas même les textes de l’organisation communautaire désormais méprisés tant qu’elle devra fonctionner pour la France. Voici d’ailleurs, pour le cas du Niger, six mois que des sanctions iniques sont appliquées contre le peuple souverain, pendant que la CEDEAO, le gouvernement français et les exilés nigériens d’Abuja, sans le voir venir, attendent l’écroulement du Niger qu’on avait cru ne pas être capable de résister à ces méchancetés de présidents oublieux de leur devoir de solidarité avec le peuple nigérien. Et parce qu’ils manquent de coeur, ils mettaient en oeuvre, sans discernement, des sanctions qui visent l’étouffement collectif de tout un peuple, notamment parce qu’ils peuvent même décider que ni des vivres ni des produits pharmaceutiques ne peuvent entrer dans le pays pour faire mourir les Nigériens de faim et de maladies. On a beau décrier le caractère illégal de ces sanctions que ne prévoit aucun texte de l’organisation, les dirigeants de la CEDEAO, qu’employait Emmanuel Macron pour commettre le crime prémédité contre le Niger, n’entendent rien, décidés en bons colonisés à plaire au Maître qui se servait de leur servilité pour espérer revenir dans un pays qui a décidé de ne plus rien entreprendre avec cette France méchante. Que restait-il à faire face à l’entêtement d’une CEDEAO qui ne peut ni se conformer à ses propres textes, manipulée pour n’agir que selon les injonctions qui lui viennent de Paris, ni avoir un peu d’humanisme pour un peuple avec lequel les leurs partagent bien de réalités ? Les pays du Sahel qui montraient des signes d’agacement depuis qu’ils mettaient en place l’Alliance des Etats du Sahel, engagés dans une démarche souverainiste, ne cachaient pourtant pas leur volonté à aller au bout de leurs choix, nouant de nouvelles alliances et préparant discrètement ce qui leur permet d’aller plus rapidement à leur libération totale depuis qu’ils réussirent à se débarrasser de la France, chassée des trois pays, cherchant désespérément le moyen d’y revenir, mais incapable de faire son mea-culpa, affutant ses armes et ses méchancetés coloniales.
Le dialogue de sourds qui s’est installé entre ces pays et la CEDEAO, qui ne peut fonctionner dans la cohésion même en ce qui concerne le cas du Niger, obligea les pays de l’AES à se radicaliser et à durcir le ton ainsi que les peuples le demandaient depuis des mois à leurs dirigeants. Pourquoi continuer à s’expliquer dans une organisation qui, presque bêtement, continue à croire qu’elle serait à un pas de mettre à genoux, par ses sanctions, le Niger ? On apprenait, selon certaines sources, que l’AES a pris cette décision parce que la CEDEAO serait sur le point de sanctionner le Mali et le Burkina Faso qui apportent leur soutien au Niger pour l’aider à résister aux assauts de la France revancharde.
Coup de tonnerre dans le ciel sahélien…
Aujourd’hui, les trois pays sont hors de la CEDEAO et ne peuvent se sentir concernés par aucune sanction qui viendrait de cette organisation criminelle reniée. Ce dimanche, alors que tout le monde, dans le monde, était au repos, on avait été surpris de voir les radios et des télévisions du Burkina Faso, du Mali et du Niger interrompre leurs programmes pour faire passer concomitamment, un communiqué conjoint des trois pays qui annonçait leur sortie officielle, « avec effet immédiat » de la CEDEAO. La nouvelle fit une onde de choc sur le continent, avec des retentissements sur le reste du monde où on pouvait entendre la déflagration de la nouvelle que les réseaux sociaux, tout de suite, ont aidé, à propager à travers le monde. Alors qu’une partie du monde restait médusée et surprise, dans les trois pays, on n’entend que des cris de joies, avec des populations qui se rassemblaient, ici et là, dans les trois pays, au niveau de places symboliques, pour exprimer leur adhésion à la décision qui venait d’être prise.Sur le continent, ils étaient nombreux à exprimer leur soutien aux peuples en lutte de l’AES, célébrant leur marche héroïque irrévocable pour aller à la liberté. Les activistes panafricanistes Franklin Nyamsi, Nathalie Yamb et Kémi Séba ont aussitôt réagi pour exprimer leur joie immense d’entendre une nouvelle qui annonce de grands bouleversements en Afrique de l’Ouest, en Afrique même et certainement dans le monde car, tout le monde a pu comprendre que l’AES ne peut pas venir s’exprimer sur une telle option, sans s’être rassurée des conséquences auxquelles elle s’expose. C’est ainsi la CEDEAO – et sans doute la France aussi – avait pris au sérieux la menace, convaincue qu’il lui sera difficile de survivre à ce grand chambardement. C’était pourtant prévisible mais ses dirigeants, peu visionnaires, ne peuvent pas réaliser à quel point ils faisaient des choix risqués. On a même entendu Claudy Siar, un animateur vedette de RFI, Ivoirien d’origine, exprimer sa solidarité avec les peuples du Sahel, confiant que c’était la meilleure voie pour ces pays face aux brutalités d’une CEDEAO qui n’est plus de mode.
Trop tard…
Aujourd’hui, il est curieux de voir la même CEDEAO invoquer, par rapport à ce retrait, un non-respect des textes de l’institution régionale, oubliant, qu’elle ne s’y est jamais référée pour prendre les mesures qu’elle prenait contre le Niger, mue seulement par cette volonté criminelle de faire le mal au peuple nigérien . Ce n’est donc pas pour rien que Nathalie Yamb s’interroge sur cette CEDEAO étourdie, prise de court par une décision qui l’ébranle, se demandant si elle peut enfin se souvenir qu’elle a des textes qui fondent son fonctionnement et gèrent les crises en son sein ?
Fin de la CEDEAO ?
Face à ces dérives, tous les observateurs s’accordent à dire que la CEDEAO amorce sa descente aux enfers, condamnée à mourir de sa bonne mort ainsi qu’elle l’aura cherché elle-même. En choisissant, pour les plaisirs d’Emmanuel Macron, de s’écarter des valeurs et de l’idéal qui ont présidé à sa création, et surtout quand, le faisant, les peuples partout – aussi bien au Benin qu’au Nigéria –expriment leur désaccord par rapport à ses options, notamment guerrières, la CEDEAO n’a fait que travailler à sa propre destruction. L’AES, pour bien d’analystes, est aujourd’hui le raccourci que les médiocrités de la politique africaine de Paris ont ouvert, pour se libérer de la France et surtout, pour aller à la vraie souveraineté afin de décider pour et par l’Afrique. En allant à la sortie de la nouvelle monnaie unique de l’AES que certains observateurs disent imminente, toute chose que la CEDEAO ne pouvait pas réaliser malgré les espoirs qu’elle donnait à ses peuples par rapport à ce projet, il va sans dire que, dans les prochains jours, l’on assistera à une grande débandade au sein de la CEDEAO, aujourd’hui moribonde, objet d’un large rejet depuis qu’elle se réduisait en un instrument au service de l’impérialisme français. Le grand chamboulement sera acté quand, les prochaines semaines, créant sa zone monétaire, l’AES devra annoncer son retrait logique de l’UEMOA, la création de sa banque centrale et de sa nouvelle monnaie
On apprend d’ailleurs que beaucoup d’autres pays pourraient rejoindre le mouvement, notamment, le Cap-Vert et le Togo qui ont pris depuis des mois leurs distances visà- vis de la CEDEAO. La nouvelle monnaie pourrait amener beaucoup d’autres à frapper à la porte de l’AES qui brillent de grands projets structurants, d’or, de pétrole et de métaux précieux. Territorialement, c’est un grand ensemble géographique qui se détache aujourd’hui de la CEDEAO avec pas moins de 70 millions d’âmes, soit un immense marché sur lequel la CEDEAO ne pourra plus compter ainsi le Bénin s’en est rendu compte bien plus tard.
Face à la nouvelle donne, il faut s’attendre à ce que les autorités du Niger, accélèrent la mise en accusation de Mohamed Bazoum, l’enfant chouchou de la CEDEAO, pour répondre des actes dont on l’accable et, notamment, de l’accusation de haute trahison qui devra aussi concerner d’autres acteurs du même système qui avaient appelé l’Extérieur à attaquer le Niger.
Il n’y a plus à attendre : il faut agir.
Par Mairiga (Le Courrier)