Sécurité urbaine à Niamey : Les autorités traquent la pègre dans ses nids
L'insécurité est un phénomène nouveau qui s'est exacerbé dans le pays depuis une décennie quand venait au pouvoir un certain socialisme belliqueux qui a fini par attirer bien de drames sur le pays depuis que des groupes armés avaient été mis au défi par le Président Issoufou qui, avec ses muscles de Rambo sahélien, aveuglé par le vertigo, disait que le " Niger sera le tombeau de Boko Haram ". Il attisait alors, sans mesurer la portée de ses propos, le courroux des terroristes qui venaient alors nous bousculer dans notre vie paisible. Mais voilà, il n'ya pas que cette insécurité qui préoccupe aujourd'hui. En effet, du fait d'une certaine explosion démographique des villes, un autre phénomène est venu s'y greffer, compliquant la vie des citadins : l'insécurité urbaine que la misère, la pauvreté, le chômage et la délinquance ont laissée se développer.
Niamey est ainsi devenue, au fil des ans, une ville dangereuse où, même en plein jour, des citoyens sont agressés, leur arrachant des biens - sacs, téléphones et consorts. Voici des années que l'on en parle sans qu'on agisse, laissant le phénomène prendre une certaine ampleur qui fait que certains coins de la capitale ne sont pas fréquentables aussi bien à certaines heures de la journée que pendant la nuit. Il n'est pas exagéré de dire que l'on n'est jamais en sécurité dans cette capitale naguère paisible. C'est pourquoi, l'on ne peut que saluer cette initiative de la région de Niamey qui avait mobilisé il y a quelques jours, après minuit, des unités de police, de la gendarmerie et de la garde nationale, pour traquer la pègre dans ses nids, partout où elle est susceptible d'opérer et de se cacher. Cette action salutaire avait alors permis d'arrêter des présumés criminels, des acteurs de la drogue qui profitent de ces espaces nocturnes pour écouler leurs marchandises prohibées, faisant vivre leur monde pendant que les citoyens normaux dorment.
Cette opération, si elle devait se poursuivre, pourrait permettre de réduire ces attaques et ces vols qui préoccupent aujourd'hui les populations de la capitale qui ont la main sur le coeur chaque fois qu'elles doivent traverser certaines artères de la capitale, surtout la nuit. Il faut donc aujourd'hui avoir une politique sécuritaire hardie qui puisse permettre de mieux traquer les voleurs, les criminels et autres acteurs qui diffusent les stupéfiants dans la population. Mettre en place une politique sécuritaire de proximité…
Quand on fait la radiographie du dispositif sécuritaire de la capitale, l'on se rendra compte qu'elle n'a pas trop changé depuis au moins vingt ans alors qu'entre temps la ville s'est agrandie, s'étalant hors de ses limites territoriales pour annexer des portions de départements de la région de Tillabéri se trouvant aux alentours d'une ville qui a explosé. Les infrastructures, pendant ce temps, n'ont pas véritablement suivi. Aujourd'hui, combien de commissariats compte la ville de Niamey et pour quelle population ? La question est tout à fait pertinente pour comprendre que les criminels jouent sur les espaces pour mettre à mal les populations. Aussi, en même temps que le nombre de ces commissariats est insuffisant, il se trouve que les moyens font cruellement défaut. Il suffit de regarder le bureau miséreux d'un Inspecteur de police, et même souvent d'un commissaire, pour comprendre que le corps manque de moyens pour travailler plus efficacement. En dehors du cadre, avec souvent des commissariats sans mur de clôture, l'on peut noter le manque crucial d'éléments pour faire face aux nombreuses demandes d'intervention et de patrouille dans des espaces qui sont difficilement contrôlables pour une police limitée par ses moyens d'intervention, notamment humains. Mais, il n'y a pas que les hommes qui sont insuffisants pour une ville aussi grande.
La logistique aussi fait défaut. Souvent, c'est de très vieux véhicules qui sont affectés dans certains commissariats qui sont pourtant dans des zones à risques, car considérées comme des quartiers populaires qui abritent la pègre, le grand banditisme urbain. Quand le véhicule est en intervention ou dans un quelconque déplacement, le commissariat ne peut, si une alerte venait à être donnée, avoir les moyens d'agir, limité ainsi dans son action par le manque de moyens logistiques.
La sécurité de la capitale - et ça peut être valable pour les autres grandes villes du pays - doit être repensée pour se donner les moyens, humains et matériels, pouvant permettre de faire face au défi sécuritaire urbain, à la menace au regard de l'ampleur qu'elle prend aujourd'hui. C'est une urgence. Il faut rapidement trouver les moyens d'arrêter la dégradation de la sécurité dans la ville, car il faut craindre que, dans dix ans, la situation ne déborde pour réduire notre capitale que l'on aspire à moderniser en une ''favela'' redoutée. C'est un autre chantier sérieux pour lequel il faut exalter la transition.
Il faut agir. La qualité de notre vie en dépend.
Alpha (Le Courrier)