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Sécurité aux frontières et approvisionnement du pays : Plus de 300 camions chargés convoyés par les FAN depuis Dori (Burkina Faso

Les choses s’accélèrent en termes de coordinations des actions entre les Forces de Défense et de Sécurité au Niger et du Burkina Faso conformément aux instructions données par les autorités des deux pays. En effet, sur instructions du Conseil National pour la Sauvegarde de la  Patrie (CNSP) et en coordination avec les forces combattantes du Burkina, les Forces Armées Nigériennes (FAN) de la zone militaire N°9 ont convoyé des camions de marchandises de Dori au Burkina Faso, jusqu’à Téra au Niger, en passant par Petelkoli, situé également au Niger sur la frontière avec le Burkina. Plus de 300 camions sont ainsi arrivés sans incidents le 18 août 2023 à la tombée de la nuit à Téra, déclenchant une euphorie générale au sein de la population, des administrations locales et des professionnels qui vivent des échanges commerciaux sur ce corridor. A l’aller, les Forces spéciales nigériennes découvrent un plot logistique indispensable aux groupes armées terroristes et ont procédé à sa destruction sur place.

Il restait quelques minutes avant que ne sonne 23h00. L’équipe de reporter qui a quitté Niamey sous une fine pluie en début d’après-midi de ce jeudi 17 août s’apprêtait à aller au lit pour se reposer. Car, le départ de Niamey sur Téra s’est fait de manière brusque. Le dîner n’était pas encore servi et le premier verre de thé patientait pour être sucré lorsque l’ordre est tombé : les 2 journalistes et leurs 2 cadreurs, ainsi que les 3 éléments de la Direction de l’information, des relations publiques et du sport des Forces Armées Nigériennes doivent rejoindre illico presto la salle des opérations où les attendait déjà le commandement militaire.

A 23h15, le Colonel Moussa Souleymane, Chef d’Etat-major tactique de l’opération Niya et Commandant de la 9ème zone militaire du Niger dite zone Rive Droite, fait son entrée et annonce les couleurs de la journée du vendredi 18 août. « Une mission hautement stratégique nous attend demain », dit-il à l’équipe de reporters, après s’être informé de la bonne marche du trajet Niamey-Téra effectué par les équipes, avec une escorte armée à partir de Gothèye. La mission parait simple sur le papier, compliquée dans la pratique à cause de la logistique civile concernée, plus de 300 camions gros-porteurs chargés de marchandises, et sensible au vue de la présence de groupes armés terroristes très actifs entre Petelkoli et Dori.

Le Commandant de la 9ème zone militaire explique que, sur instruction formelle des plus hautes autorités du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie, les hommes et le matériel militaire vont se mettre en marche sur Dori, 51 kms en profondeurs en territoire Burkinabè, pour assurer le convoyage de centaines de Camions de marchandises à destination du Niger et sécurisés surplace par les Forces Armées du Burkina qui leur ont aussi assuré l’escorte militaire entre Kaya et Dori. « A travers la mission qui nous ait assignée, nous avons la lourde responsabilité et le devoir d’assurer la libre circulation des personnes et des biens à travers notre zone d’opération et à partir de Téra, en passant par petelkoli jusqu’à Dori et dans le sens inverse. Le même convoyage sera effectué de manière permanente jusqu’à ce qu’il ait une stabilité du secteur », laisse-t-il entendre, tout en restant ferme sur ses propos.

En effet, depuis l’avènement des nouvelles autorités réunies au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la patrie, la 9ème zone militaire et ses forces spéciales sont autorisées à effectuer le convoyage des véhicules à travers le corridor Téra-Petelkoli-Dori. Pour assurer la première phase de cette mission qui concerne des centaines de camions, les nouvelles autorités ont mis à disposition l’ensemble des moyens qu’exige une telle opération. Ces précautions prises ont fini par s’avérer utiles. Juste quelques kilomètres en terres Burkinabès, les hélicoptères de combats des Forces Armées Nigériennes ont dû intervenir pour éloigner une potentielle menace contre le convoi qui ralliait Petelkoli à Dori.

A l’arrivée de Petelkoli, sur la frontière avec le Burkina Faso, les éléments des Forces Expéditionnaires du Niger (FEN), affectueusement appelés « les américains » par leurs frères d’armes, se déploient autour du village qui, il n’y a pas si longtemps, ne dormait point, mais déserté depuis par ses habitants pour se mettre à l’abri des terroristes. Il était 9h00, le décor est à la fois sinistre et calme. L’élargissement du périmètre de sécurité permet aux militaires de procéder à une fouille minutieuse des bâtiments qui sont restés vides depuis l’abandon du village. C’est seulement après sécurisation des lieux que nous étions autorisés à mettre les pieds à terre pour couvrir la fouille.

Très vite, les militaires découvrent un important plot logistique composé de dizaines de motos et de pièces détachées, dont des moteurs de type 125 prêts à l’utilisation et des roues de secours. Le village étant abandonné et le secteur sous surveillance militaire, il ne fait aucun doute que la découverte est un plot logistique des groupes armées terroristes (GAT) actifs dans la zone des 3 frontières. La mission procède immédiatement à la destruction du lot surplace et se montre satisfaite de compliquer davantage, grâce à cette destruction, la mobilité des GAT dans le secteur. « L’ennemi est subtile, mais nous restons vigilants », susurre un membre des forces spéciales.

Une heure plus tard, la mission franchit la frontière entre les deux (2) pays et redouble de vigilance. Seuls 51 kms la séparent de Dori et des camions qu’elle doit escorter. C’est le tronçon le plus dangereux sur le corridor Téra-Petelkoli-Dori. Le trajet aller, tout comme le retour, se passe sans escarmouche. Les moyens de combats et ceux de dissuasion ont vite dissipé tout envie de s’attaquer au convoi. A l’arrivée à Dori, les officiers militaires des 2 pays tiennent une réunion à l’intérieur du poste de commandement du 11ème régiment d’infanterie commando de la 4ème région militaire des forces armées Burkinabès avec pour objectif de peaufiner des plans sur la mutualisation des forces aériennes et terrestres de part et d’autre de la frontière.

Par la suite le cortège de camion a pris la route pour le retour à Tera.

Aux dernières lueurs du soleil, 306 camions gros-porteurs chargés de marchandises font leur entrée dans la ville de Téra, accueillis par une foule euphorique. A seulement 3 semaines de prise de pouvoir par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, le premier « convoi de l’espoir » ravive l’espoir de lendemains meilleurs chez les différentes couches socio-professionnelles de la ville. La Police, la Douane, les transitaires, ainsi que les différents représentants des conducteurs de camions et de transporteurs de voyageurs applaudissent la venue des marchandises. « La vue des camions est une grande joie pour nous. Et grande est notre joie de les voir escortés par les militaires. Si Dieu le veut, c’est la reprise des activités économiques sur le corridor Téra-Dori », s’exclame M. Ibrahim Mamoudou dit Boumbouro, Président du syndicat des transporteurs de marchandises poids lourd.

Et aussi, l’avantage de ce convoi c’est qu’en amenant ces produits, cela va au moins soulager beaucoup de commerces, mais aussi la population. Parce que beaucoup de produits ont commencé à se faire rares ou à devenir plus chers. « Mais Dieu merci, nous savons que tant que ce convoi existe, les prix des produits vont baisser et la population va avoir accès à ces produits pour au moins sa survie. Et pour cela nous pouvons encore remercier les nouvelles autorités de la transition pour nous avoir permis d’avoir ce convoi qu’on attendait depuis longtemps », ajoute Boumbouro.

Pour M. Hama Mamoudou, maire de la Commune urbaine de Téra, l’arrivée de ce convoi va beaucoup soulager la population locale avec la disponibilité de certains produits qui ont disparu des étals et la reprise des activités génératrices de revenus pour beaucoup de jeunes du terroir. Il affirme que les marchés de la commune étaient principalement animés par des Burkinabés et que la reprise du transport va booster la vie économique des villes de Téra et Dori. « Nous pouvons encore remercier les nouvelles autorités de la transition pour nous avoir permis d’avoir ce convoi qu’on attendait depuis longtemps » ajoute-t-il. Il se félicite que grâce à la reprise du corridor après 3 mois d’arrêt, la mairie va enfin pouvoir collecter des recettes non seulement sur le stationnement dans la ville des camions, mais aussi sur la vente des marchandises qui sont rentrées.

Pour le Préfet de Téra, M. Mahamadou Issoufou, au-delà de la Commune urbaine, c’est l’ensemble du département de Téra qui bénéficiera de la viabilité du corridor vers le Burkina Faso. Il insiste sur l’espoir et l’engouement des populations qui se sont spontanément réunies sur deux jours pour démontrer leur joie aux nouvelles autorités qui ont réalisé cette prouesse. «Téra a toujours été une zone commerciale, un carrefour commercial, qui malheureusement ces derniers mois connait beaucoup de difficultés », regrette-t-il, avant d’énumérer les avantages de l’approvisionnement, de la stabilité et du retour des déplacés internes dans leurs villages respectifs que la sécurisation du corridor Téra-Dori va permettre par extension.

Bonne coordination avec les autorités du Burkina Faso

Après l’entrée du convoi de camions dans la ville de Téra, le Colonel Moussa Souleymane, Commandant de la 9ème zone militaire, a tenu à remercier les autorités militaires pour les moyens mis à la disposition de ses troupes en vue de la réussite de la mission de sécurisation du convoi. Cette opération, dit-il, a permis la libre circulation des personnes et des biens, de même que le ravitaillement du pays, à partir de Téra, en produits de première nécessité. A termes, 2 000 autres camions de marchandises vont rallier Téra.

Depuis l’avènement du CNSP, se réjouit-il, les Forces Armées du Niger et celles du Burkina Faso collaborent étroitement pour « permettre la libre circulation des personnes et des biens à travers le corridor Dori-Petelkoli-Téra ». Cette « franche collaboration » rapportée et saluée par les autorités locales de la Zone qui voient en elle les prémices d’une paix retrouvée. « Certainement que de ce convoi découlera également une gestion très saine de cette insécurité grandissante dans le département. Je sais que nos 3 régions à savoir la région du Sahel, la région de l’Est et la région de Tillabéri sont en train de réfléchir dans le sens de trouver une solution à tous ces problèmes-là. Et voilà que ça nous tombe dessus maintenant », déclare le préfet de Téra.

Souleymane Yahaya (ONEP), Envoyé Spécial

Source : https://www.lesahel.org