Santé : le Burkina, le Mali et le Niger renforcent leur coordination dans le cadre de la Confédération AES
Réunis à Niamey le 4 juin 2025, les ministres en charge de la santé du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont franchi une nouvelle étape vers l’intégration sanitaire au sein de la Confédération des États du Sahel (AES). Cette rencontre ministérielle, présidée par le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine, s’inscrit dans la continuité des travaux techniques menés par les experts en santé des trois pays, du 2 au 3 juin à Niamey, sous la direction du ministre nigérien de la Santé et de l’Hygiène publique, le médecin-colonel major Garba Hakimi.
La Confédération AES, en construction depuis le retrait concerté de la CEDEAO en janvier 2024, entend se doter d’une politique de santé publique cohérente, intégrée et souveraine. En rassemblant leurs expertises, les pays membres ont posé les bases d’une approche partagée des enjeux sanitaires. À travers cette rencontre, ils ont exprimé leur volonté commune de créer des institutions confédérales solides, capables de répondre efficacement aux défis posés par les besoins sanitaires croissants des populations.
Prenant la parole à l’ouverture de la session, le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine a dressé un diagnostic des faiblesses structurelles qui affectent les systèmes de santé dans l’espace sahélien. Il a notamment souligné la récurrence des épidémies, le manque criant de personnel qualifié, l’inadéquation des infrastructures, les difficultés d’accès équitable aux soins et les contraintes budgétaires persistantes. Il a également pointé l’absence de valorisation des savoirs endogènes, pourtant essentiels dans la gestion communautaire de la santé publique.
Face à cette réalité, il a insisté sur la nécessité d’une réponse commune. Selon lui, la mutualisation des ressources humaines, techniques et financières des trois États membres ne relève plus d’un choix stratégique, mais d’une exigence historique. Il a aussi appelé à intégrer les connaissances traditionnelles dans les politiques sanitaires afin de concevoir un modèle de santé adapté aux réalités culturelles et sociales du Sahel. Pour le chef du gouvernement nigérien, seul un système solidaire, inclusif et enraciné dans les spécificités locales permettra de bâtir un secteur de santé robuste et durable.
Les travaux ont permis de dégager des priorités stratégiques communes : amélioration de l’offre de soins, lutte coordonnée contre les épidémies, renforcement des infrastructures sanitaires, financement innovant du secteur et gouvernance régionale unifiée. Il est apparu clairement que les trois pays partagent des défis similaires et que seule une coopération renforcée peut conduire à des solutions viables à long terme.
Au nom des ministres de l’AES, Assa Badiallo Touré, ministre de la Santé et du Développement social du Mali, a rappelé que cette rencontre s’inscrit dans la continuité des engagements pris par les chefs d’État de l’AES. Elle a salué les efforts des experts réunis à Niamey pour leur contribution à la définition d’une vision sanitaire confédérale claire et réaliste, conforme aux attentes des populations.
Le général de brigade Abdou Assoumane Harouna, gouverneur de la région de Niamey, a salué quant à lui la tenue de cette première réunion ministérielle en matière de santé dans la capitale nigérienne, soulignant la portée symbolique et stratégique du choix de Niamey. Il a rappelé que la capitale nigérienne avait déjà accueilli plusieurs étapes préparatoires majeures dans la construction institutionnelle de l’AES.
À l’issue de la rencontre, les ministres ont acté la nécessité de créer une organisation régionale spécialisée en santé, chargée de coordonner les politiques nationales, harmoniser les approches sanitaires et renforcer les capacités institutionnelles. Cette structure confédérale, à terme, permettra aux États membres de l’AES d’assurer une meilleure gestion des urgences de santé publique, tout en jetant les bases d’une réforme structurelle durable du secteur.
La Confédération AES poursuit ainsi sa structuration progressive. Le consensus obtenu sur les priorités sanitaires traduit une convergence de visions entre les trois États et marque une avancée décisive vers la souveraineté sanitaire régionale. L’ambition affichée est claire : bâtir un avenir commun, plus équitable, plus résilient et profondément enraciné dans les réalités et les valeurs du Sahel.
Aïssa Altiné (Nigerdiaspora)