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Ruptures de carburant au Niger : explications et perspectives

Station essence NigerHYDROCARBURES : Pénuries d’essence à la pompe : qu’en est-il réellement ?
Ces derniers temps, des ruptures dans la fourniture et la distribution de l’essence dans les stations sont observées, çà et là,en particulier à Niamey, la capitale. Même si elles ne durent que quelques heures et se limitent des fois à quelques stations d’essence, la situation est tout de même à déplorer, car ces pénuries entrainent bien de désagréments aux usagers dont les activités sont momentanément bloquées. Rajoutant ainsi au stress déjà existant du fait du contexte difficile dans lequel vivent les nigériens depuis que des organisations sous régionales, instrumentalisées par de puissances extérieures, sous la férule de quelques dirigeants africains renégats, ont pris des sanctions iniques, tout violant leurs propres textes, contre le Niger, après les évènements du 26 juillet 2023. Après trois ou quatre stations, sans le précieux liquide, l’usager ne sait plus à quel saint se vouer, se demandant s’il faut continuer à chercher au risque de consommer le peu de carburant qui leur reste et d’avoir une panne d’essence ou tout simplement ranger la voiture ou la moto et poursuivre à pied, en attendant la reprise de la fourniture. Cependant, il n’y a pas de quoi s’alarmer, à entendre certaines voix expertes. Selon ces sources bien informées et proches du secteur, il n’y a aucun péril en la demeure, il y a seulement à déplorer une absence de communication. Une situation pourtant simple et pas difficile à comprendre. Pour ces voix expertes que le journal Le Courrier a pu approcher, cette situation est loin d’être alarmante. Elle se justifie par le fait que jusqu’à une date récente, oû les fraudeurs de tous genres avaient pignon sur rue, des milliers et des milliers d’usagers ne s’approvisionnaient pas à la pompe. Ceux-ci préféraient, pour des raisons d’économie, mais en vérité guidés simplement par le gain facile et surtout déterminés par un déficit de civisme, acheter ce que l’on appelle ‘’soogu-soogu’’, ou l’essence fraudée, vendue à la volée aux bords des routes, ou des fois en cachette, loin des yeux, deux fois moins le prix du litre. C’est ainsi que s’approvisionnaient beaucoup d’usagers des régions de Dosso, Maradi, Zinder et Diffa,se trouvant sur toute la longue frontière que partage le Niger avec le Nigéria. Des fois, certains des habitants de la capitale font un tour vers Bolbol pour ‘’faire le plein’’ et revenir, en prévision, avec quelques bidons, pour leur consommation hebdomadaire. Cette fraude des hydrocarbures provoque pourtant, ceux qui s’y adonnent le savent, un manque à gagner considérable à l’Etat.

C’est la raison pour laquelle elle est à juste titre considérée par certains comme un cancer pour l’économie. En même temps qu’elle favorise une concurrence déloyale incroyable, au vu et au su de tous y compris ceux qui sont chargés de la combattre, aux stations d’essence légalement installées et qui s’acquittent consciencieusement de lourds impôts et taxes chaque année. Cette fraude de l’essence est aujourd’hui farouchement combattue, avec un succès certain, par les services compétents instruits, encouragés et accompagnés par les plus hautes autorités de l’Etat. De sorte qu’à l’intérieur du pays, à l’instar de Tillaberi, Niamey et Agadez oû les usagers n’avaient et n’ont d’autres choix que l’essence à la pompe, tous les usagers sont désormais invités, pour ne pas dire contraints puisqu’ils ne peuvent faire autrement, de passer à la pompe pour prendre leur essence. Il y a de moins en moins d’essence soogu-soogu disponible aux abords des routes. Maintenant, c’est case ‘’station’’ pour tous. En plus, avec les réformes économiques engagées dans son pays par Bola Tinubu, l’ultra libéral président du Nigéria qui, dès son arrivée au pouvoir, a supprimé certaines subventions sociales, l’essence est même devenue plus chère au Nigéria qu’au Niger. Ce sont tous ces facteurs qui, ajoutés au fait que la production pour la consommation locale n’a pas connu une augmentation proportionnelle à même de satisfaire la demande qui, elle, devient de plus en plus forte, sont à la base de ces ruptures, certes désagréables mais fugaces. Pour y remédier, il y a seulement lieu d’augmenter la production destinée à la consommation intérieure et rendre disponible le produit partout oû de besoin, c’est-à-dire sur l’ensemble du territoire national, en facilitant l’installation des stations d’essence, conséquemment de l’électricité et en réhabilitant l’ancienne pratique des colis-dépôts que faisait anciennement la SONIDEP. Ce qui produirait un apport considérable à l’économie du pays que l’on débarrassera d’un de ses cancers, la fraude, et en même temps diminuerait drastiquement la dépendance, oh combien souhaitée, de notre pays d’un Etat voisin dont le gouvernement est de plus en plus hostile au Niger. Dans la droite ligne du combat quotidien des nigériens pour la conquête de la souveraineté nationale et l’indépendance véritable du pays. 
Bisso (Le Courrier)