Rumeurs et attaques sur les Réseaux Sociaux : « De Baré à Tiani : Le peuple souverain »
Depuis la semaine dernière, circulent sur les réseaux sociaux des écrits qui tentent de présenter l’assassinat du Président Baré comme une insurrection populaire. Les auteurs visiblement en errance, tentent en effet de travestir la vérité pour échapper à l’opprobre. Face à de telles contre vérités, je suis tenté de respecter mon principe consistant à ne pas tirer sur une ambulance. Mais, puisque les intéressés, par un machiavélisme abject, dont le but est de démontrer, par des raccourcis, que les régimes militaires sont peu recommandables en comparant de manière sournoise, les Généraux Baré et Tiani afin de discréditer le second, je dérogerais à mon principe de ne pas tirer sur une ambulance en montrant la contradiction. Parce que Winston Churchill m’a édifié en disant : « la politique est plus dangereuse que la guerre. A la guerre vous ne pouvez être tué qu’une seule fois. En politique plusieurs fois ». Et j’ajouterais, même longtemps après votre mort.
ous devriez définitivement admettre que le 09 avril 1999, le président Ibrahim Baré a été victime d’un assassinat que les auteurs et complices, par cynisme, avaient tenté de présenter par la voix des ondes nationales aux Nigériens comme un «accident malheureux». Votre volonté manifeste de présenter un coup d’Etat, qui n’est intervenu effectivement que le 11 avril 1999 par la seule volonté d’hommes politiques véreux, ne peut prospérer. Vous ne pouvez convaincre personne, même 25 ans après le drame, que cet assassinat même suivi d’un coup d’Etat est « le premier renversement d’un régime militaire par des civils survenu en Afrique ». En le faisant, vous tentez de prendre vos désirs pour des réalités. Et vous osez ensuite parler d’une restauration de la démocratie réclamée par le peuple alors même que nous sommes toujours au point zéro de la démocratie que vous chérissez tant, avec une 8ème République qui se profile inexorablement à l’horizon. Par ailleurs, pourquoi tenez-vous à imputer la mauvaise organisation des élections au seul président Baré qui a réclamé, sans succès, un délai plus conséquent pour la transition afin de les organiser de manière optimale. Mais, au nom d’un fétichisme opportuniste par rapport au calendrier électoral, la communauté internationale a en effet tranché dans le vif : c’est six (6) mois et pas un jour de plus, même si lesdites élections devaient coïncider avec la période hivernale. Vous perdez de vue que la démocratie est un long processus et que celle-ci « n’est pas un comprimé qui se dissout dans l’eau», comme l’a si bien dit le Lauréat du prix Goncourt, Tahar Ben Jelloun. Vous réduisez ainsi la démocratie au seul formalisme électoral, qui permet à la « canaille politique » d’accéder aux prébendes étatiques du pays classé dernier du monde durant une décennie entière selon son Indice de Développement Humain (IDH) par le PNUD.
aucune retenue que «le peuple eut raison de sa dictature (dixit celle du président Baré) malgré le parjure à l’ordre constitutionnel», savez-vous réellement de quoi vous parlez ? Peuton parler de dictature et en même temps évoquer le « parjure d’un ordre constitutionnel » quelconque ? Et de quel peuple parlez-vous ? Feignezvous d’ignorer qu’une fraction du peuple ne peut être assimilée au peuple tout entier ? A cet effet, la constitution de la 7ème République, n’a-t-elle pas précisé, en son article 4, que « La souveraineté nationale appartient au Peuple. Aucune fraction du Peuple, aucune communauté, aucune corporation, aucun parti ou association politique, aucune organisation syndicale ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Si vous prenez la liberté de réduire le peuple nigérien aux militants de la capitale de quelques partis politiques, dont les leaders frustrés de ne pas avoir bénéficié de la courte échelle du Colonel Baré, suite à son coup d’Etat du 27 janvier 1996, alors que deviennent les milliers de militants de plusieurs partis politiques regroupés au sein de la Convergence pour la République soutenant le président Ibrahim Baré ? Sont-ils des extraterrestres hors de la République ? Jean Pierre Raffarin, ancien premier ministre français, homme politique aguerri, a bien dit que «la rue n’est pas le peuple». Par ailleurs, j’ai le devoir de rappeler aux intrigants que vous êtes, que l’Arrêt ECW/CCJ/JUD/25/13 du 23 octobre 2015 de la Cour de justice de la CEDEAO, relatif à l’ « Affaire Ayants droits Ibrahim Baré Mainassara et 17 autres » a bien dit que le Président Baré a été assassiné par des proches chargés d’assurer sa sécurité. La Cour avait conclu alors à un droit à la vérité pour la famille Baré en ordonnant une enquête sur l’assassinat au nom de ce dit droit à la vérité, enquête toujours attendue par les ayants-droits. Alors, en tentant de semer délibérément une confusion entre d’une part, l’acte d’assassinat intervenu le 09 avril 1999 qualifié « d’accident malheureux », par un discours officiel, prononcé par des voyous de la République le jour même, et d’autre part, le coup d’Etat qui l’a suivi 48 heures plus tard, soit le 11 avril 1999, après l’échec de la première manoeuvre dolosive, cousue de fil blanc. Vous jetez ainsi un discrédit sur une décision de justice, acte puni par la loi.
Au fait, que sont-ils devenus, ces grands partis politiques organisateurs des JID et des JAD dont vous prétendiez qu’ils ont fait tomber la dictature du président Baré et qui se sont, comme par hasard, emmurés dans un silence de mort depuis le 26 juillet 2023 ?
Retenez en définitive, en tant que prétendus démocrates et socialistes de surcroit que, quelle que soit votre haine envers le Président Baré, rien ne peut justifier votre soutien et votre justification, voire votre réjouissance pour cet acte aussi ignoble. A ce propos, il me plait de vous rappeler le célèbre discours du 4 mai 1993 à Nevers, prononcé lors des obsèques de Pierre Bérégovoy par François Mitterrand président de la République Française, vrai socialiste et auteur du discours de La Baule qui a lancé la démocratie copier-coller dans nos pays : « […] Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie, au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous… ».
Enfin pseudo démocrates, estimezvous que le président Baré méritait d’être assassiné pour avoir Par ailleurs, quand vous affirmez sans simplement « civilisé son régime » pour « s’incruster au pouvoir à travers un simulacre d’élections, quel sort réservez-vous alors à l’un de ces hommes politiques autoproclamés restaurateurs de la démocratie qui voulait transformer la République en une monarchie après avoir suspendu la constitution, ou alors à cet autre restaurateur (sic ! ) qui a perverti la démocratie ou même son successeur, choisi hors des normes démocratiques, s’est fait élire sans même remplir les conditions minimales pour accéder à la charge suprême ?
Si vous estimez que le président Baré méritait d’être abattu à l’arme lourde pour des élections, alors faudrait-il réserver une bombe à neutrons peut être pour ces trois cas ? Pouvez-vous regarder les Nigériens droit dans les yeux pour leur déclarer que les élections présidentielles de 2011, 2016 et 2020 ont été sincères et crédibles ? Est-il besoin de vous préciser que l’assassin du Président Baré, a été rappelé par Allah (SWT), notre Créateur, dans les conditions que tout le monde sait, ce que de nombreux Nigériens n’ont pas hésité à interpréter comme le signe d’une justice divine, d’habitude plus patiente à se réaliser. Sans une enquête sur la mort du président Baré vous versez dans la conjecture. Or, à ce propos, Allah (SWT), Gloire à Lui, a dit : « Ô vous les croyants ! Evitez de conjecturer sur autrui : certaines des conjectures sont des péchés… ! Ne dites pas du mal les uns des autres. L’un de vous aimeraitil manger la chair de son frère mort ? Non, vous en auriez horreur. Craignez donc Dieu !… » (Sourate 49, Verset 12).
Rappelez-vous que les auteurs et coauteurs de l’assassinat du Président Baré ont tenté, avec cynisme, de faire passer l’acte comme un « accident malheureux ». Même si l’auteur de la déclaration a fini par avouer honteusement dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique quelques semaines après l’assassinat du 9 avril 1999, que « ce n’était qu’un mensonge destiné à calmer les ardeurs des partisans de Baré, afin d’éviter un bain de sang… C’était l’accident malheureux ou la Sierra Leone », (en référence aux massacres de civils perpétrés dans les années 90).
Je vous réponds aujourd’hui, en dépit du fait que j’ai pris la décision de ne plus répondre à des inepties sur cet assassinat de la part d’acteurs intolérants dignes de figurer dans le Guinness des grands bêtisiers de notre classe politique. A propos de ces bourdes, Mohamed Talbi, l’un des plus éminents historiens et penseurs du monde arabo-musulman et premier doyen, en 1966, de la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, a dit : « On ne peut pas empêcher l’homme d’être imbécile, c’est ce qui fait d’ailleurs son charme. L’idiotie est un aspect de l’humain. Imaginez un monde fait d’êtres super intelligents. Il serait insipide. Nous avons besoin d’imbéciles, à condition qu’ils ne deviennent pas explosifs, dans le sens littéral et figuré du terme. » In fine, je vous rappelle que la démocratie qui, dans son acception première est « le gouvernement par le peuple et pour le peuple », vise avant tout le bien-être du peuple par une gouvernance vertueuse. En conséquence, elle ne peut se réduire aux seuls processus électoraux permettant aux ploutocrates en tous genres d’accaparer le pouvoir pour spolier le peuple.
Pour conclure, je vous poserais une simple question : celle de me dire, de toute la classe politique nigérienne récente ou actuelle, qui est plus Nigérien, plus démocrate (au sens noble du terme), plus patriote, plus courageux, plus humain, plus généreux, plus noble, plus tolérant que le défunt président Baré ? Au vu de ce qui précède que le CNSP fasse une transition de trois, cinq, voire dix ans pour organiser des élections, Djibril Baré n’y trouve aucun inconvénient. Vox Populi, Vox Dei ! (la voix du peuple est la voix du Dieu).
Djibril Baré
Ancien Délégué à la Conférence
Nationale Souveraine