Ressources publiques détournées au Niger : Pourquoi le Cnsp ne confisque-t-il pas les avoirs et biens des anciens dignitaires ?
Selon des sources multiples, les militants du Pnds-Tarayya estiment que la Transition militaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) est une véritable aubaine pour les dignitaires de la 7e République. Il y a une bonne raison pour cela. Non contents de ne pas être inculpés dans les multiples scandales financiers dans lesquels ils sont impliqués, ce que les Nigériens reprochent au Général Tiani et au Cnsp, les anciens dignitaires en cabale depuis 17 mois ruent dans les brancards, s’activant à chercher soutiens et moyens pour mettre fin à la lutte pour la souveraineté nationale. Une situation insolite que ne comprennent pas les Nigériens, outrés de voir des individus qui doivent rester à carreau empoisonner la vie de la nation au point de troubler la quiétude sociale. Au Niger, tout le monde sait que si ce sont de jeunes gens, aujourd’hui déchus de leur nationalité, qui ont la "baïonnette" en main, tirant à volonté sur tout ce qui bouge, il reste que les commanditaires sont de vieux loups connus pour le niveau de responsabilité élevé dont ils ont été investis sous Issoufou Mahamadou puis Bazoum Mohamed. L’attitude du Cnsp est assez troublante. Pour de nombreux Nigériens qui jugent quelque peu bizarre voire ambiguë cette posture du Cnsp qui laisse faire, il y a une part de laxisme qui est dénoncée. Pour le moment, l’unique arme trouvée est le retrait de la nationalité. L’arme est certes lourde, mais elle n’est pas manifestement suffisante pour faire taire les corbeaux.
Malgré une première liste de proscrits, puis une deuxième et une troisième qui date à peine de 72 heures, les salves d’attaques se sont multipliées et les menaces sur le Niger, à en croire le Général Tiani en personne, sont plus que jamais vivaces. Il faut donc, bien plus que le retrait de la nationalité qui n’a véritablement aucun impact sur la capacité de nuisance d’hommes et de femmes qui gardent encore toutes leurs racines dans les profondeurs du système administratif encore en place. La solution, indique un observateur avisé qui a requis l’anonymat, c’est de couper l’arbre à partir de ses racines. Car, ajoute-t-il, ce que fait le Cnsp s’apparente à un simple élagage des branches du même système politique qui a ruiné le Niger. Le mal ne peut donc que prospérer, les propagateurs gardant intactes leurs armes de combat.
Ceux qui s’attaquent à leur pays à partir de l’étranger et en complicité avec des forces obscures et des puissances étrangères, ne sont autres que ceux qui ont agenouillé le Niger en s’accaparant d’importantes ressources publiques. Des ressources publiques qui auraient pu servir à financer l’école, la santé et l’hydraulique, trois secteurs sociaux de base sujets à caution, y compris dans la capitale nigérienne. Impliqués pour certains dans des scandales financiers retentissants, les fauteurs de troubles sont en réalité très fragiles pour représenter des sources d’inquiétude pour Niamey. À ce jour, aucun des anciens dignitaires, y compris ceux qui ont fui le Niger et qui ont ouvertement milité auprès de puissances impérialistes pour étouffer le Niger, n’a été inculpé de quoi que ce soit. Autant dire qu’ils gardent l’entièreté des biens et deniers publics détournés alors que l’État peine à faire face à ses dépenses de souveraineté.
Le Cnsp qui trime pour faire face à de multiples défis, tous aussi pressants les uns que les autres, doit nécessairement, pour s’en sortir, chercher de nouveaux créneaux. La mise en demeure faite aux automobilistes en rupture avec la réglementation routière de se conformer à la loi est jugée peu fructueuse au regard de l’immensité des besoins à couvrir. Véritable niche à milliards, la lutte contre la corruption n’a pas tenu ses promesses. À peine 75 milliards recouvrés par la Coldeff et aucune peine pénale. Une mince moisson dans un pays où les scandales connus portent sur des milliers de milliards évaporés. C’est sur ce chantier en particulier que les Nigériens attendent impatiemment les autorités militaires. Au Burkina Faso et au Mali, les deux autres membres de l’a Confédération des États du Sahel, des procès se tiennent et des individus reconnus coupables de délits et/ou de crimes sont condamnés, leurs biens confisqués. Au Niger, le moins que le Cnsp puisse faire est de confisquer les avoirs financiers et les biens mal acquis de ceux qui ont détourné les ressources publiques, à commencer d’abord par ceux qui entretiennent le dessein de voir le Niger agressé et déstabilisé.
En décidant, le 26 juillet 2023, de mettre un terme à la 7e République, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) a certainement conscience des défis énormes auxquels ses membres sont confrontés. Des défis induits par les attentes des Nigériens et dont l’essentiel est lié à la soif de justice. Or, depuis plus de 17 mois, d’anciens dignitaires qui devraient être inculpés d’enrichissement illicite, de détournement de deniers et biens publics ainsi que de conspiration avec l’étranger, entre autres, ne se tiennent pas à carreau, heureux de l’incroyable indulgence du Cnsp. Non, ils conspirent, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des frontières nationales, pour reconquérir le pouvoir perdu. Après tout, ils peuvent y croire, les autorités militaires leur ayant laissé le privilège inouï de conserver d’immenses fortunes amassées sur le dos de l’État.
Laboukoye (Le Courrier)