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Responsabilité du drame de Téra : Le Président Bazoum Mohamed flingue, Florence Parly riposte et gare aux boucs émissaires nigériens

Il aura suffi de 24 heures seulement pour que Florence Parly, la ministre française des Armées riposte au tir orienté du Président Bazoum Mohamed. Ce dernier a indiqué, lors de son message à la nation du 18 décembre, qu’il a exigé des autorités françaises l’ouverture d’une enquête en vue de sanctionner les soldats français qui se seraient rendus coupables d’actes répréhensibles. Une mention qui a dû retenir l’attention de l’Elysée pour le laisser passer sans réagir. Dès le 19 décembre, la ministre des Armées, Florence Parly, accorde une interview au journal du dimanche pour souligner « qu’il y a eu déjà une enquête interne qui a montré que face à des manifestations d’une grande violence, les soldats ont fait preuve de la maîtrise nécessaire et ont eu la réaction adéquate ». « Propos méprisants, insultants, indécents à l’endroit du Niger, de son président, de son peuple et de ses morts », écrira, en guise de réplique, sur sa page Facebook, Moumouni Farmo. Pour les autorités françaises, c’est une façon de balayer d’un revers de main les propos tendancieux du Président nigérien qui n’a, certes, pas été aussi catégorique que son ancien ministre de l’Intérieur, mais qui a suffisamment orienté ses propos pour douter de la conviction de Niamey que les soldats français ont eu la gâchette plutôt facile face aux manifestants nigériens.

Manifestement, les autorités françaises semblent attendre de Niamey qu’elle incrimine la quarantaine de gendarmes qui escortaient le convoi militaire français ainsi que les hypothétiques organisateurs de la manifestation.

Cet échange aigre-doux par médias interposés entre Niamey et Paris témoigne de l’embarras des autorités nigériennes qui semblent s’empêtrer dans la gestion de drame imputé aux soldats français mais que Paris réfute, malgré par ailleurs les preuves tangibles fournies à travers les cartouches et douilles ramassées sur le théâtre des opérations. Manifestement, les autorités françaises semblent attendre de Niamey qu’elle incrimine la quarantaine de gendarmes qui escortaient le convoi militaire français ainsi que les hypothétiques organisateurs de la manifestation.

A Kaya, les autorités burkinabè n’ont jamais cherché de boucs émissaires pour faire plaisir à Paris. Au contraire, le jeune garçon qui a descendu un drone français avec sa lance-pierre a été honoré et récompensé avec une intégration dans l’école militaire.

Au Niger, Bazoum Mohamed a promis une enquête pour identifier et probablement jeter en prison les impertinents qui ont osé fomenter cette entrave du convoi français. Comme si les soulèvements populaires sont organisés. Une perspective qui trahit le voeu pieux formulé par Farmo qui écrivait que « Florence Parly est une autorité française qui défend des criminels français, contre vents et marées et Bazoum Mohamed est l’autorité nigérienne qui ne doit pas laisser mourir des Nigériens, impunément ».

Pour Bazoum Mohamed, ceux qui portent la responsabilité morale du drame de Téra sont d’ores et déjà connus et ce ne sont ni les soldats français qui ont tiré, ni leurs supérieurs militaires, encore moins les autorités politiques françaises.

Paris a-t-elle intimidé et contraint le Président Bazoum à chercher les voies et moyens pour dédouaner les militaires français qui ont tiré à balles réelles sur les manifestants de Téra ? Tout laisse à le croire. Le message à la nation sur ce sujet est assez illustrateur. « Cette enquête va également permettre d’identifier ceux qui ont organisé cette manifestation illégale et qui portent la responsabilité morale de la mort de ces jeunes », a déclaré le Président Bazoum qui annonce ainsi les couleurs. Pour Bazoum Mohamed, ceux qui portent la responsabilité morale du drame de Téra sont d’ores et déjà connus et ce ne sont ni les soldats français qui ont tiré, ni leurs supérieurs militaires, encore moins les autorités politiques françaises. Ces sont des Nigériens qu’il va falloir chercher à identifier et à sanctionner, probablement avec une peine pénale. « Le résultat, le seul qui va prévaloir, c’est celui de la France », a écrit un internaute en réaction au post de Farmo. Un mot qui traduit tout le scepticisme des Nigériens de voir les autorités nigériennes s’assumer face à la France comme au Burkina Faso.

En demandant une enquête à la France en vue de sanctionner les soldats français qui se seraient rendus coupables d’actes répréhensibles, le Président Bazoum, qui a sans doute la même conviction que son ancien ministre de l’Intérieur quant à la responsabilité sans ambiguïté de l’armée française dans la tuerie de Téra, a certainement manqué de courage pour dire exactement ce qu’il pensait. Ne serait-il pas plus juste d’exiger des autorités françaises des sanctions exemplaires à l’encontre de ses soldats qui ont froidement tué trois jeunes et blessé, dans la plupart des cas, grièvement, 17 autres ? En attendant les boucs émissaires nigériens soient indexés et incarcérés pour satisfaire aux desiderata des autorités de Paris, chacun, désormais, pout se faire une juste idée des rapports entre les autorités françaises et nigériennes.

YAOU