Renforcement de l'Alliance des États du Sahel : Un Discours Engagé du Ministre des Affaires Étrangères du Mali
Son Excellence Monsieur Abdoulaye Diop, Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale du Mali, a prononcé un discours captivant lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion des ministres des Affaires Étrangères de l'Alliance des États du Sahel (AES). L'événement, qui s'est tenu à Bamako ce 30 novembre 2023 , a été marqué par des déclarations fermes sur la vision, les réalisations et les objectifs de cette alliance régionale cruciale.
Le ministre a débuté son discours en saluant les personnalités présentes, notamment la Ministre des Affaires Étrangères du Burkina Faso et le Ministre des Affaires Étrangères du Niger, soulignant l'engagement constant de ces nations envers le Mali. Les remerciements ont été étendus aux autorités et au peuple du Burkina Faso et du Niger pour leur soutien dynamique.
SEM. Abdoulaye Diop a rappelé la vision claire des présidents des trois États membres, de formaliser les relations entre le Burkina Faso, Mali, et Niger à travers la Charte du Liptako-Gourma signée en septembre 2023. Cette charte a marqué la première étape du renforcement des liens stratégiques, symbolisant un engagement fort dans un contexte de menace terroriste élevée.
Le discours a souligné l'évolution de l'Alliance, passant au-delà des enjeux de défense et de sécurité pour englober des aspects tels que l'indépendance économique et le développement. Le ministre a insisté sur l'importance de la coopération diplomatique et politique et a souligné la nécessité de coordonner les actions face aux défis sécuritaires dans la région sahélienne.
Les recommandations des experts, qui ont précédé la réunion ministérielle, ont été mises en avant, mettant l'accent sur l'opérationnalisation stratégique de l'Alliance et la coordination des actions diplomatiques et politiques. Le discours a souligné la responsabilité de l'Alliance de traduire les paroles en actions concrètes pour renforcer l'architecture institutionnelle et faire face aux menaces pesant sur la région.
Une partie significative du discours a été consacrée à la situation actuelle au Mali, mettant en lumière le départ des forces étrangères et soulignant la stabilité retrouvée du pays. Le ministre a exprimé sa gratitude envers les pays amis et la Fédération de Russie pour leur soutien.
En conclusion, le ministre a salué les efforts des trois États membres de l'Alliance, appelant à maintenir cet élan pour assurer l'indépendance économique, la sécurité régionale, et renforcer les liens séculaires. L'appel à l'unité des États du Sahel pour relever les défis a été renforcé par la devise des Forces armées maliennes "Unis nous vaincrons".
Ce discours a clairement défini les aspirations et les engagements de l'Alliance des États du Sahel, reflétant une détermination commune à surmonter les défis et à construire un avenir plus stable et prospère pour la région sahélienne.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)
Lire ci-dessous l'intégralité du discours
DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR ABDOULAYE DIOP, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION INTERNATIONALE, A LA CEREMONIE D’OUVERTURE DE LA REUNION DES MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DE L’ALLIANCE DES ETATS DU SAHEL (AES)
Bamako, le 30 novembre 2023
• Excellence Madame le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, ma chère soeur Olivia Ragnaghnewendé ROUAMBA ;
• Excellence Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur et bien cher frère Bakary Yaou SANGARE ;
• Monsieur le Ministre de la Défense et des anciens Combattants ;
• Monsieur le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile ;
• Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances ;
• Monsieur le Ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine
• Madame la Secrétaire exécutive de l’Autorité de Développement intégré des Etats du Liptako-Gourma (ALG) ;
• Monsieur le Président de la Commission des Affaires étrangères, des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine ;
• Madame la Conseillère spéciale du Président de la Transition, Chef de l’Etat, en charge des questions diplomatiques ;
• Monsieur le Conseiller diplomatique du Premier ministre, Chef du Gouvernement ;
• Mesdames et Messieurs les Experts du Burkina, du Niger et du Mali ;
• Distingués invités,
Je voudrais, tout d’abord, de vous souhaiter, au nom de Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l'Etat, du Gouvernement et du Peuple du Mali, et en mon nom propre, la chaleureuse bienvenue en terre AES du Mali.
Très chère Olivia et mon frère Bakary, vous avez eu des mots aimables à l’endroit du Mali, de ses Autorités et de son Peuple. Permettez-moi, à travers vous, de reconnaître et saluer l’engagement constant, constructif et dynamique, des autorités et du Peuple du Burkina et du Niger.
Quand nos Leurs Excellences Le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président de la Transition, Chef de l’Etat du Burkina Faso ; Le Colonel Assimi GOÏTA, Président de la Transition, Chef de l’Etat de la République du Mali ; et Le Général Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef d’Etat de la République du Niger, nous ont mis en mission avec l’objectif de formaliser, par un cadre juridique, les relations particulières entre le Burkina, le Mali et le Niger, ils avaient une vision claire à l’esprit. Cette vision a très tôt pris forme à travers la signature de la Charte du Liptako-Gourma, instituant l’Alliance des Etats du Sahel.
Le 16 septembre 2023, la première étape du renforcement des liens stratégiques entre nos trois pays venait d’être franchie. Cette étape a permis, en très peu de temps, de réaliser des actions notables, mais surtout, de raffermir notre attachement à surmonter les défis.
En effet, dans cette période de l’histoire de notre sous-région où la menace terroriste est élevée, nos pays, berceaux de cultures riches et de communautés diverses, ont été touchés par les actions des Groupes armés terroristes.
La réaction résolue de nos Armées nationales, leur dévouement indéfectible et leur courage ont été des piliers essentiels. C'est grâce à l'engagement de nos forces armées que des progrès significatifs ont été réalisés dans la restauration de la paix et de la stabilité. Nous leur rendons un hommage appuyé car ils incarnent la résilience de nos peuples et je m’incline respectueusement à la mémoire de toutes les victimes, civiles comme militaires, de la crise au Sahel.
La prévention et la gestion des défis sécuritaires exigent une coordination sans faille et une collaboration étroite.
diplomatiques pour résoudre les conflits qui pourraient surgir sur notre chemin.
Nous devons être proactifs dans la préservation de la paix et de la stabilité, tout en favorisant des voies pacifiques et diplomatiques pour résoudre les conflits qui pourraient surgir sur notre chemin.
Cependant, notre Alliance ne se limite plus à la défense et à la sécurité. Nous aspirons, entre autres, à faire de l’AES un espace où l'indépendance et le développement économique dans toutes leurs composantes sont solidement ancrés. Nous parviendrons à l’atteinte de ces objectifs à travers, entre autres, la poursuite de nos concertations diplomatiques et politiques.
Pour cela, nous aurons à examiner les recommandations issues des travaux des Experts, tenus en prélude à notre réunion ministérielle. A cet égard, je tiens à adresser nos chaleureuses félicitations aux Experts qui ont travaillé sans relâche à réaliser la mission qui leur a été confiée.
Dans nos délibérations, nous examinerons entre autres le processus d’opérationnalisation stratégique de l’AES ; nous déterminerons les aspects relatifs aux organes à mettre en place ainsi que l’articulation entre l’expertise existante et les acquis capitalisés par l’Autorité de Développement intégré du Liptako-Gourma et l’AES ; nous accorderons une attention particulière à la coordination de nos actions diplomatiques et politiques ainsi que les questions de communication, en ces temps de guerre informationnelle.
Le monde regarde vers nous, et nous avons la responsabilité de démontrer que notre engagement n'est pas seulement un acte formel, mais une promesse vivante.
Nous devons transformer nos paroles en actions tangibles, édifiant ainsi une architecture institutionnelle robuste qui servira de rempart contre les menaces qui pèsent sur notre espace commun.
Nous devons prioritairement renforcer nos mécanismes de consultation, d'évaluation et de prise de décision, afin de garantir une réactivité optimale aux situations émergentes.
Confrontés à l'impératif de renforcer les bases de notre coopération, nous examinerons les projets de texte qui incarneront notre engagement commun envers la paix, la stabilité et le développement durable. En harmonie avec les principes fondateurs de la Charte, ils devraient favoriser la coordination stratégique, la coopération sécuritaire et la gestion efficace des ressources transfrontalières.
• Mesdames et Messieurs,
Nous sommes conscients des défis colossaux qui se dressent devant nous, mais c'est précisément dans ces moments difficiles que l'unité et la solidarité se révèlent être nos atouts les plus puissants.
Notre Alliance, forgée dans la volonté commune de défendre notre souveraineté, de garantir la sécurité de nos populations et de promouvoir un développement durable, est une force qui transcende les frontières individuelles de nos nations.
Il est admis que l’adversité forge la résilience. Les épreuves que nous avons traversées et celles que nous continuons de traverser ont démontré à suffisance à quel point les populations de nos pays ont été à hauteur des enjeux, avec dignité et renforcées dans leur détermination à soutenir leurs Autorités dans le combat noble et juste pour l’émancipation totale, pour la souveraineté pleine et entière et pour ne plus se voir imposer aucun diktat. C’est ainsi que, grâce à ce soutien de nos Peuples, celui qui importe en priorité, nos Etats se sont engagés dans une dynamique de changement de narratif. Cette nouvelle approche, qui tranche avec la posture à laquelle certains partenaires s’étaient habitués, a pu surprendre au départ.
Je me réjouis cependant que les pays amis et sincères ont saisi la légitimité voire la nécessité de cette évolution dans les rapports.
Il est maintenant derrière nous le temps où les décisions de nos Etats étaient prises en fonction des intérêts d’autres. Il est désormais derrière nous le temps où nos Etats étaient contraints d’accepter des « soutiens techniques », des « assistances humanitaires », des « aides au développement » qui ne visaient qu’un seul objectif, notre maintien sous dépendance, ou même notre maintien sous domination avec son corollaire de condescendance et de néocolonialisme.
Lorsque nos pays se sont affranchis de certains partenariats toxiques, beaucoup avaient prédit le pire, à savoir un embrasement complet de la situation, l’escalade exponentielle de l’insécurité et l’effondrement de nos Etats. Près de deux ans après le départ des Forces Barkhane et Takuba, le Mali est plus que jamais debout et libre, je dirai même libéré. Ce n’est certainement pas le fait d’un heureux hasard si les vaillantes Forces maliennes ont repris le contrôle de la Région et de la ville de Kidal, réussissant ainsi une prouesse que 10 ans de présence internationale n’ont pas permis.
J’en profite pour saluer à nouveau l’engagement sans faille des FAMa dans leur mission régalienne de sécuriser les populations et les biens et de restaurer la présence et l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national.
Je réitère également notre gratitude aux Autorités du Burkina et du Niger qui ont spontanément et instantanément exprimé publiquement leur présence aux côtés du Mali dans nos efforts de restauration de notre souveraineté. Je remercie aussi la Fédération de Russie qui a eu ce courage d’afficher officiellement son soutien au Mali en cette étape décisive dans la vie de notre nation.
Je ne saurais poursuivre ce chapitre de remerciements sans exprimer une certaine forme de reconnaissance aux Etats hostiles au Mali et à certaines Organisations dont nous attendons toujours la manifestation de la fraternité et de la solidarité pourtant inscrites dans leur fondement.
Oui, vous savez, nous devons reconnaître que, bien malgré eux, ces partenaires nous ont renforcé dans notre conviction que nous avions cette capacité de nous en sortir par nos propres moyens. Nous sommes en train aujourd’hui de surmonter nos défis, avec davantage d’engagement et de détermination.
• Excellences Madame et Monsieur les Ministres des Affaires étrangères ;
• Messieurs les Ministres ;
• Mesdames et Messieurs,
Je tiens à saluer les efforts courageux déployés par les trois États membres de notre Alliance. Le Burkina, le Mali et le Niger ont jeté les bases d'une coopération exemplaire ; ont tracé un chemin vers l'unité et la sécurité, sous le leadership éclairé de nos Chefs d'État,
Leurs orientations stratégiques nous guident dans cette quête pour l'indépendance économique, la sécurité régionale et le renforcement de nos liens séculaires.
Sous la bannière de l’Alliance des Etats du Sahel, nous sommes appelés à relever les défis qui se dressent devant nous, à préserver notre souveraineté et à bâtir un avenir plus fort et plus prospère pour nos peuples.
Aujourd'hui, nous nous devons de maintenir cet élan, de renforcer notre coopération, et de poursuivre la lutte pour la stabilité de nos régions.
Unis par notre détermination, nous pouvons faire reculer les ombres du passé et construire un avenir radieux pour nos populations. Nous sommes les architectes d'un avenir qui transcende les intérêts individuels au profit du bien commun.
Ensemble, en tant qu'États du Sahel, nous sommes plus forts et ensemble, nous pouvons forger un avenir qui brillera comme un exemple de coopération et de résilience. Nos FAMa ont une devise qui s’adapte parfaitement à la situation de l’AES et, je voudrais conclure affirmant avec force « Unis nous vaincrons ».
Je souhaite plein succès à nos travaux que je déclare ouverts.
Vive les Etats de l’AES !
Je vous remercie.