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Rencontre du Président de la république avec les représentants des ONG et associations de développement : Les respects des dispositions légales et réglementaires par les ONG-AD au centre des échanges

Le Président de la République, S.E. Mohamed Bazoum a rencontré hier après-midi les représentants des organisations non gouvernementales et des associations de développement (ONG-AD). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la série de rencontres engagée par le Chef de l’Etat avec les différentes couches socioprofessionnelles du pays. Au cours de cette rencontre, le Chef de l’Etat a souligné le rôle important que jouent les ONG-AD dans la vie du Niger. Il s’est agi d’échanger sur les préoccupations que leurs interventions suscitent. Dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, le Chef de l’Etat a salué les interventions de ces organisations et associations qui «ont de façon continue, affirmé et confirmé leur rôle d’instrument privilégié de solidarité nationale et internationale à travers une mobilisation remarquable pour soutenir les efforts de l’Etat du Niger tant en période normale qu’en temps de crises».

Cependant, malgré les résultats significatifs obtenus dans divers domaines, le Président de la République a déploré le fait que les ONG-AD se plient de moins en moins aux dispositions légales et réglementaires encadrant leurs activités. Ce qui selon le Chef de l’Etat est de nature à ruiner la crédibilité dont elles jouissent de la part de l’Etat. Face à ces manquements, le Président Bazoum a instruit le ministère de l’aménagement du territoire et du développement communautaire pour mettre en place un dispositif visant à intensifier la communication sur le respect par les ONG/AD des règles administratives et de redevabilité vis-à-vis de l’Etat. (Lire, ci-dessous, l’intégralité du discours du Chef de l’Etat).

Rahila Tagou(onep)

 

Allocution prononcée par le Président de la République à la rencontre avec les Organisations Non Gouvernementales et Associations de Développement (ONG/AD)

 

{xtypo_quote}Dans les prochaines semaines, le Gouvernement va organiser des assises nationales sur le recadrage des interventions des ONG et Associations de Développement au Niger », annonce SEM. Mohamed Bazoum{/xtypo_quote}

Mesdames et Messieurs ;

Dans la cadre de la série de rencontres que j’ai engagées avec les différents acteurs nationaux, il m’est apparu important d’échanger avec les Organisations Non-Gouvernementales et Associations de Développement (ONG/AD) actives au Niger, en raison du rôle important qu’elles jouent dans la vie de notre pays mais également des préoccupations que leurs interventions suscitent. éEn effet, les ONG/AD ont, de façon continue, affirmé et confirmé leur rôle d’instrument privilégié de solidarité nationale et internationale à travers une mobilisation remarquable pour soutenir les efforts de l’Etat du Niger tant en période normale qu’en temps de crises.

C’est pourquoi, depuis le début des années1990, le Niger met en œuvre une politique d’émergence des ONG/AD, avec comme objectif de faire du partenariat avec elles un des piliers du développement. Pour accompagner cette option, le Niger s’est engagé dans une démarche marquée par les choix suivants :

• Un cadre juridique souple

fortement soutenu par le principe de la liberté d’association conférée par les différentes constitutions que notre pays a connues ainsi qu’un dispositif institutionnel et administratif attrayant;

• Des mesures financières incitatives avec, notamment, l’octroi des exonérations fiscales et douanières dont le montant est estimé, par exemple en 2020, à 2,67 milliards de FCFA.

Mesdames et Messieurs ;

A l’évidence, la politique d’émergence des ONG et Association de Développement conduite par notre pays a permis de favoriser l’éclosion et le développement de structures dynamiques qui ont su répondre aux besoins des communautés vulnérables en réalisant à leur profit des infrastructures et des services sociaux de base. Ainsi, la souplesse des conditions de création des ONG et Associations de Développement a fait que le nombre d’ONG/AD reconnues par le Niger est passé de 60 en 1990 à plus de 3.500 en 2020 (dont 268 ONG étrangères).

Cela s’est traduit par un accroissement remarquable en matière de mobilisation des ressources pour la réalisation des investissements. A titre d’exemple, dans la période 2017-2020, les ONG et Associations de Développement ont mobilisé plus de 117 milliards FCFA par an. Et leur contribution pour le financement du PDES 2017-2021 est de plus de 17%. Leurs activités permettent également de générer d’importantes recettes fiscales. En 2020, les activités des ONG/AD ont permis de générer 6,79 milliards de FCFA d’impôts.

Les ONG et Associations de Développement sont aussi d’importants pourvoyeurs d’emplois, avec 7.952 employés nigériens permanents, toutes catégories confondues répertoriés en 2020.

Mesdames et Messieurs ;

Si nous avons fait le choix de favoriser l’émergence des ONG et Association de Développement, c’est par ce que leurs interventions sont réputées être efficaces et efficientes car elles consistent en des actions de proximité menées souvent sur la base d’une évaluation réelle des  besoins des populations. Toutes choses qui garantissent la durabilité des résultats qu’elles obtiennent. Cependant, malgré les résultats significatifs obtenus dans divers domaines, il s’avère que les ONG et Associations de Développement se plient de moins en moins aux dispositions légales et réglementaires encadrant leurs activités. Ce qui est de nature à ruiner la crédibilité dont elles jouissent de la part de l’Etat.

En effet, les résultats du suivi des ONG font ressortir, entre autres, que 20 à 26% seulement d’entre elles ont satisfait à l’obligation de dépôt du programme et du rapport annuel d’activités pour la période 2017-2020, tout comme, en 2020, seules 29 ONG ont

publié leurs sources de financement. Les services compétents relèvent également que peu d’ONG et Associations de Développement respectent les règles en matière de passation de marchés et du quota du personnel nigérien dans le cadre de recrutement aux postes de coordination au sein des ONG étrangères.

En somme, le faible niveau de transparence qui prévaut au sein de plusieurs ONG et Associations de Développement, cumulé au manque de traçabilité des ressources mobilisées ont fait que d’une part, la plus grande partie des ressources mobilisées au nom du Niger échappe au contrôle de l’Etat et d’autre part, l’alignement des interventions de ces acteurs aux priorités nationales et locales devient peu lisible.

Mesdames et Messieurs ;

Du fait de ces manquements constatés, le Gouvernement a engagé depuis 2017 un processus visant l’assainissement du secteur des ONG et Associations de Développement et mis en place un programme à cet effet.

Je demande au Ministre de l’Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire, en relation avec les autres Ministres concernés, de poursuivre et accélérer la mise en œuvre du programme d’assainissement, ce dans l’objectif d’améliorer la performance du secteur afin d’accroitre les bénéfices qu’en tirent communautés.

Le Ministère de l’Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire est également instruit pour mettre en place un dispositif visant à intensifier la communication sur le respect par les ONG/AD des règles administratives et de redevabilité vis-à-vis de l’Etat.

En tout état de cause, dans les prochaines semaines, le Gouvernement va organiser des assises nationales sur le recadrage des interventions des ONG/AD au Niger. Ces assises qui seront placées sous le haut patronage de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, regrouperont les représentants de l’Etat, des ONG/AD, des Collectivités Territoriales, des Organisations Communautaires de Base, des partenaires techniques et financiers et des personnes ressources auront à réfléchir sur les principaux points ci-après :

• La pertinence et l’efficacité du cadre juridique et institutionnel régissant les ONG/AD au Niger;

• La gouvernance interne des ONG/AD ;

• Le partenariat entre les ONG/AD et les autres acteurs de développement (Etat, Collectivités Territoriales, Organisations Communautaires de Base, Partenaires Techniques et Financiers) ;

• Le financement des ONG et Associations de Développement, la maîtrise et le suivi de leurs interventions.

A cet égard, je vous invite à participer à cette dynamique d’intérêt général. Les recommandations qui seront issues de ces assises seront traduites dans un plan d’actions qui sera mis en œuvre de façon participative.

Je vous remercie de votre aimable attention !