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Relations Niger-Benin : Les dirigeants actuels du Benin n’ont pas froid aux yeux

Depuis le coup d’Etat du 26 juillet au Niger, les autorités béninoises se présentent comme les plus déterminées à en découdre avec les nouvelles autorités. Cette posture, du fait des relations anciennes et fructueuses entre les deux peuples, est incompréhensible pour le commun des mortels. Au nom de la défense de l’ordre démocratique, le président Talon et son gouvernement sont prêts à faire la guerre au Niger. Pourtant le régime béninois ne semble pas, dans le domaine démocratique, être un exemple. Elu, pour la première fois, à l’issue d’un deuxième tour aux dépens du fils Zinsou, Talon a bénéficié du soutien d’Adjavon arrivé troisième. Cela n’a pas empêché que ce dernier soit jeté en prison. Et même la décision d’une Cour communautaire, jugeant le motif fallacieux, Talon n’amènera le président Béninois à s’exécuter. Il avait aussi, au lendemain de son élection, dit qu’il ne fera qu’un seul mandat. Il finira évidemment par se dédire. Mieux, il usera de moyens frauduleux pour obtenir son deuxième mandat. Sachant bien que ses compatriotes qui ne sont pas amnésiques et respectueux de la parole donnée allaient lui préférer un autre candidat. Histoire de lui permettre d’être en conformité avec ses premières déclarations.

Au Benin, les élections législatives ont lieu à mi-mandat du président de la République. Au cours de ces élections, toutes les listes des partis de l’opposition seront rejetées. L’Assemblée sera mono couleur. Aussitôt, des aménagements des textes sont faits. Pour être candidat à la présidentielle, il faut avoir un nombre de signature des élus. Comment le candidat d’un parti qui n’a pas pu présenter des candidats aux législatives peut-il avoir des signatures de députés ? C’est ainsi que Talon dirigera son pays durant toute la première moitié de son second mandat. Comment de tels dirigeants peuvent s’ériger en défenseur de la démocratie. Il faut être audacieux.

Evidemment, la surenchère guerrière n’est que le fait de dirigeants redevables à la France et valets locaux de l’impérialisme comme le dirait le président Kérékou. Les Béninois dans leur écrasante majorité sont contre. Talon et son gouvernement sont devant un choix Cornélien : satisfaire leurs mentors et contenter leur peuple. Les sorties de ministres le prouvent à suffisance. Le ministre des affaires étrangères dans une récente sortie a cherché à contenter les Béninois en redéfinissant les relations de son pays avec ses voisins. Ainsi il dira que son pays oriente depuis ses relations vers le Nigéria. Une insinuation claire : le Benin a plus à gagner avec le pays de Tinubu que Niger. Il a oublié que son voisin, le Nigéria, avait, sur plusieurs années, fermé sa frontière. Au motif de la fraude de riz en direction de Lagos. Il a aussi oublié que récemment le nouveau président, Tinubu, a supprimé la subvention sur les produits pétroliers. Il a clairement dit que cette subvention arrangeait le Benin, le Niger et le Cameroun. Il oublie enfin que les échanges entre le Niger et le Benin sont principalement en lien avec le port de Cotonou qui sert de façade maritime pour son voisin de l’inter land. Le Nigéria a plusieurs ports. Quelle sera, dans ce domaine, la plus-value pour le Bénin ? Les produits agricoles sont généralement dirigés vers la Niger. Le Nigéria et le Bénin produisent, dans le domaine agricole, la même chose. Quel intérêt pour les agriculteurs Béninois ? Le même ministre a récemment, toute honte bue, dans une note adressée à la CEDEAO dit que son pays était prêt à ouvrir un corridor humanitaire en direction du Niger. Se serait-il rendu compte de la méchanceté et de la bêtise de sanctions ? Il est évident que ces sanctions n’impactent pas seulement le Niger. Son pays en fera les frais. Le ridicule dans cette affaire est que le Benin a attendu que le Togo donne son accord aux organisations humanitaires pour l’ouverture d’un corridor en direction du Niger pour en faire autant. Trop tard ? Sûrement. Les relations entre le Niger et le Benin ne seront plus ce qu’elles ont été. Un gâchis inutile pour les deux peuples que le tribunal de l’Histoire jugera. Plus pathétique sera l’intervention d’un autre ministre Béninois à propos de l’évacuation vers Sémè du brut nigérien. Il dira que la construction de l’oléoduc ne sera pas impactée. Comment un pays qui cherche à affamer son voisin pourra-t-il espérer s’approprier son pétrole ? Le Niger est-il une colonie béninoise ? C’est de la hardiesse. C’est aussi de l’incohérence. Talon et ses commanditaires cherchent à punir le Niger. En facilitant l’exportation du pétrole, ils contribuent à l’enrichir. Quelle portée auront les sanctions ?
Modibo