Réforme du foncier à Niamey : feuille de route pour titres fiables, ceinture verte et urbanisme maîtrisé
Niamey a désormais une boussole pour traiter à la racine les dérives foncières : un rapport d’orientation, remis au ministre d’État Mohamed Toumba et appelé à être soumis au Chef de l’État, Général d’armée Abdourahamane Tiani, trace une trajectoire claire. L’objectif est double : rétablir l’État de droit foncier (titres fiables, procédures contrôlées, sanctions applicables) et reconstruire une planification urbaine capable de protéger les réserves, contenir l’étalement et garantir la viabilisation. À la clé, un audit approfondi des lotissements privés, une agence unique pour unifier les actes, une ceinture verte pour la résilience climatique et un dialogue structuré entre la capitale et ses communes voisines.
Ce que le diagnostic révèle vraiment
Le rapport - présenté par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, le commissaire général de police hors classe Ayouba Abdourahmane, président du comité ad hoc - documente une chaîne de dysfonctionnements : occupations désordonnées d’espaces publics, coordination insuffisante entre Niamey et les communes périphériques, lotissements privés mal encadrés et souvent non viabilisés. Des titres irréguliers issus de détentions coutumières circulent ; des chevauchements et dépassements de superficies apparaissent ; des enquêtes de commodo et incommodo ont été omises ; les cahiers des charges (eau, voirie, assainissement, équipements) sont trop fréquemment.
Les solutions clés, précisées et hiérarchisées
Le cœur de votre article était juste ; voici les compléments essentiels issus de la source et intégrés à une trajectoire d’exécution :
Un audit à l’échelle de l’agglomération. Il ne s’agit pas d’un simple contrôle : le comité recommande de confronter chaque arrêté à la superficie réelle lotie, d’aligner les projets aux règles urbanistiques, de détecter les empiètements sur d’autres arrêtés et de publier un état des lieux opposable.
Une Agence unique du foncier, avec socle juridique dédié. Le rapport va au-delà du “guichet unique” : il propose une structure centralisée appuyée par un comité de mise en œuvre (COJU) chargé de rédiger les textes fondateurs, un système sécurisé d’édition des actes et une interopérabilité avec cadastre et urbanisme.
Un cadre légal musclé et traçable. Il faut durcir les sanctions en cas d’infractions (amendes, mises en conformité, annulations en fraude caractérisée), publiciser les décisions et actualiser la loi sur l’expropriation ainsi que son décret d’application.
Sécuriser le domaine public et privé de l’État. Inventaire, bornage, numérisation et gel temporaire des transactions en zones sensibles ; récupération des emprises stratégiques.
Recréer une ceinture verte et protéger les ressources partagées. Une nouvelle ceinture verte le long des corridors est préconisée, avec un plan de gestion durable et la sécurisation des zones pastorales et couloirs de transhumance.
Former et associer les autorités traditionnelles. Le renforcement de capacités des chefferies sur le droit foncier est inscrit comme levier de stabilisation.
Mesures urgentes et gouvernance métropolitaine. Mise en place immédiate d’un cadre de concertation Niamey–communes limitrophes–promoteurs pour recenser tous les lotissements, identifier opérateurs et cahiers des charges et accélérer l’audit.
Méthode et calendrier d’exécution
La réussite suppose une capacité d’anticipation et des outils. Première étape : référentiel unique (textes, normes, procédures) et chaîne documentaire sécurisée (horodatage, identifiants, contrôle d’intégrité). Deuxième étape : SIG métropolitain recensant parcelles, servitudes, réserves et projets, assorti d’un tableau de bord partagé. Troisième étape : séquençage public de la mise en conformité, avec médiation et solutions transitoires dans les secteurs sensibles.
- 0–3 mois : installation de l’instance de concertation ; audits pilotes sur trois zones ; gel administratif ciblé.
- 3–9 mois : publication des rapports d’audit ; adoption des plans de régularisation ; ouverture du registre public des décisions.
- 9–18 mois : déploiement des mises en conformité, premiers tronçons de la ceinture verte, bilan public (litiges, délais, surfaces sécurisées).
Ce que gagne Niamey si la trajectoire est tenue
Un marché foncier prévisible et traçable qui restaure la confiance des ménages et investisseurs ; une ville plus respirable grâce aux corridors verts et à la reconquête des emprises publiques ; des finances locales mieux assises via la régularisation ; surtout, une gouvernance urbaine crédible, capable d’arbitrer entre croissance et préservation des ressources.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)