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RÉÉDITION DES COMPTES - Issoufou Mahamadou : anxiété dans le désarroi du compte à rebours de l’Histoire

ISSOUFOU MAHAMADOU La question Issoufou soulève trop de controverses dans le pays. Pourtant, cela n’a pas lieu d’être. Pourquoi vouloir tant que l’homme fasse face à la justice et à sa gestion s’il n’y a pas de raisons profondes qui le commandent ? Ceux qui, sournoisement demande le pardon dans le pays, ne se savent-ils pas en faute déjà en tentant de se couvrir d’une telle précaution dérisoire qui ne saurait, raisonnablement les mettre à l’abri du jugement de l’Histoire. Pourquoi tenir tant à un pardon fragile si l’on ne se reproche rien et surtout si l’on n’est pas conscient de ses fautes ? Ce ne serait que da la mauvaise foi que de croire que l’on s’en obsède à demander que les acteurs de l’ancien régime répondent de leurs actes parce que simplement l’acteur principal s’appellerait Issoufou. Pourquoi contre Ousmane ou contre Salou Djibo, l’on ne formule pas les mêmes demandes ? Issoufou Mahamadou, par un tel rejet de ce qu’il fut comme président à la tête de ce pays, ne serait pas visé par des rancunes : il a mérité, par le comportement qui fut le sien, ce qui lui arrive aujourd’hui et pour lequel chaque jour, il se rend à l’évidence, qu’il est impossible, sinon risqué, de le protéger. C’est au-delà de l’entendement les actes que son régime avait posés sans qu’il n’ait le courage de la sanction. Et peut-être qu’il sait pourquoi. Quand la pègre a mangé ensemble, elle ne peut que se tenir dans la solidarité pour tenter d’échapper à la justice.

L’homme, on peut ainsi l’imaginer, a aujourd’hui même conscience des jours difficiles qu’il vit, rattrapé par l’Histoire alors qu’il n’a jamais pensé qu’un jour arriverait où, il manquerait de pouvoir et d’influence, pour détourner le cours de l’Histoire. Il oubliait les enseignement du philosophe self-made Bonkano qui fit la révélation à la conférence nationale, qu’ « un jour on est le chasseur, un jour on est la biche ». Les rôles semblent aujourd’hui s’inverser à son désavantage, et sans doute qu’il vit mal ces moments, reclus dans une résidence qui n’est pas la sienne, mais devenue pour extravagances perdues et ses mondanités d’une époque, une prison à ciel ouvert, et ce comme si, tout de ce pays, deviendrait sa propriété personnelle et qu’il pourrait en faire ce qu’il veut.

Dans le tourment des déboires proches…
Depuis quelques jours, l’on peut voir à quel point l’ancien président est agité. Après une certaine presse écrite mobilisée pour son compte, et après l’inefficacité de ses services, on l’a vu, jouant de sortie du pays pour participer à certaines rencontres, et certaines invitations de personnes à son domicile pour poser avec eux et faire partager les images de ces rencontres opportunistes, on l’a vu se lier d’amitié avec des activistes des réseaux sociaux, hier persécutés au plus fort de son régime, pour les commander à parler de lui et dire qu’il serait la meilleure personnalité de la terre. C’est triste. Un peu triste en effet, que dix années de gouvernance n’aient pas suffit à convaincre qu’il aura été le meilleur et qu’il a fallu, pour les artifices, qu’on se joue des réseaux sociaux pour croire, qu’on pourrait avec des flatteries intéressées, se refaire du nom, et comme dirait l’autre, pour redorer son blason terni.

En abusant de ces présences sur les médias sociaux, celui-là peut-il croire trouver les moyens de polir son image que des comportements au pouvoir ont fini par galvauder ? Ce n’est pourtant pas possible. Ceux qui, à son service, se servent de ces plateformes pour insulter les Nigériens qui demandent justice, ne lui rendent pas service dans les moments de fragilité qu’il vit depuis que, par les mains invisibles de Dieu, il perdit le contrôle du pouvoir, et une mainmise sur le pays. Il n’est que malheureux que des gens, en mal d’arguments, pour défendre leur « client » et peut-être leur pain, ne trouvent mieux à faire qu’à verser dans l’invective qui ne sert pourtant pas le projet d’innocenter leur homme. En disant qu’il serait le meilleur de la terre, et que sans lui, le Niger serait resté à la situation de 1960, ce gens mentent et trahissent leur conscience. C’est sans doute ce culte de la personnalité autour d’Issoufou qui a participé à le perdre davantage au point de croire qu’il aurait un destin de démiurge qui le placerait audessus de tout un peuple. Il faut être humble. Or, le mathématicien ne connait pas ça !

Sa dernière prise a été ce journaliste burkinabé qui, à ses risques et périls, refusant de prendre le pouls du pays par rapport à l’image abîmée du personnage dans le pays, comme d’autres avant lui, partit faire la photo, pour l’exploiter en termes de communication et faire croire qu’il serait politiquement immortel. Ibrahim Maiga ne peut donc pas être le bon avocat. Comme les précédents, il ne peut qu’échouer dans cet effort de résurrection d’un homme qui, par sa faute, s’est politiquement éteint. Comme les autres, le journaliste mercenaire ne peut que réussir à se discréditer en portant la défense d’un homme indéfendable sur lequel pèsent bien de soupçons. Mais c’est son choix. Ses prochaines missions au Niger, lui montreront à quel point ce positionnement aura détruit son audience dans un pays où, pourtant, il y a quelques temps, il avait une grande écoute. Et c’est dommage pour un journaliste qui a voulu se faire un pôle d’excellence en matière de journalisme pour l’AES. Mais c’est tant pis.

Pourquoi, au lieu de mettre en avant son bilan, Issoufou cherche- t-il à se défendre par des laudateurs qui, rivalisant de flatteries gourmandes pour le présenter comme un incomparable ?

Angoisses face à l’avenir ?
Cette fébrilité chez l’ancien président témoigne des peurs qui l’assaillent depuis qu’il prenait conscience de sa vulnérabilité et de ce qu’un certain ouragan indétournable le vise, prêt à l’emporter dans les abîmes de la déchéance du prince qui aura mal négocié sa sortie du pouvoir, misant toujours sur le mythe de sa puissance, pour le récupérer et s’y éterniser. Quand on voit se prendre en photo ici et là pour le partager sur les réseaux sociaux, on comprend qu’il vit des temps de désarroi, conscient sans doute que l’étau se resserre contre lui : dans la vie, tout a une fin. Et quand arrivent ces moments, il y a des signes qui ne trompent pas.

Gobandy (Le Monde d’Aujourd’hui)